Histoire d’échange

Frédérique D'Amours

Le 28 août dernier, c’est avec un mélange d’excitation, de bonheur et de quelques inquiétudes, que jem’envolais enfin vers la France pour y vivre mes quatre prochains mois. Pour moi, partir en échange, c’était de quitter le nid familial pour la première fois et me lancer dans l’inconnu. Même si je savais que mon automne serait mémorable, je ne pouvais m’imaginer toute l’intensité que cette expérience me réservait. Je suis donc ainsi arrivée à Montpellier, petite ville charmante au sud de la France, à quelques minutes de la mer Méditerranée. 


Je vivais dans une résidence universitaire, dans une petite chambre de neuf mètres carrés avec une cuisine équipée de quatre ronds de poêle uniquement. Croyez-moi, mes premiers vingt-quatre heures furent un choc assez intense. Mon lit et le comfort food de ma mère me manquait un brin, pour ne pas dire un peu beaucoup. Cependant, j’ai eu la chance de rencontrer très rapidement plusieurs autres québécois qui étudiaient également à la Fac de droit de l’Université de Montpellier. Grâce à ces précieuses rencontres, j’ai su m’adapter plutôt rapidement à ma nouvelle vie. Je découvrais donc doucement les petits bonheurs de la vie française ; un régime qui se résumait essentiellement à des croissants et des chocolatines pour le petit déjeuner, de la baguette et des fromages pour le reste, sans oublier bien évidemment du vin à deux euros la bouteille (toutes aussi bonnes les unes que les autres). 


Une semaine typique à Montpellier c’était quoi? Tout d’abord, c’était d’aller à l’école du lundi au mercredi midi. Des lectures, des travaux? Jamais. Une chose qu’on apprend bien vite en étudiant en France, c’est de ne jamais s’attendre à ce que les cours commencent à l’heure (et tout simplement ne jamais s’attendre à ce qu’un français soit à l’heure). Une fois les cours terminés, il fallait chaque semaine consacrer une période de temps pour le règlement de paperasses administratives. Vous direz que j’exagère, mais non. Pour vous donner un aperçu, à mon arrivée, j’ai dû ouvrir un compte bancaire. J’ai reçu ma carte au mois de décembre, environ deux semaines avant la fin du semestre. Si j’ai appris une chose du système administratif français, c’est de cesser de m’en faire pour tout et rien. C’est un truc typiquement nord-américain que de vivre à 200 km/h et de tout régler avec rapidité et efficacité. Je ne pourrais compter le nombre de fois où l’on m’a dit : « Mais madame, il n’y a pas de souci ». J’ai ainsi appris à prendre la vie plus à la légère et d’arrêter de toujours trouver mille et une raison de stresser. Bien que les trois quarts du temps, cette façon de voir les choses m’irritait au plus haut point, avec un peu d’ouverture, j’ai réussi à ramener avec moi le positif de cette philosophie typiquement française.


Finalement, après nos trois journées de cours, nous partions en voyage dès le mercredi après-midi pour revenir le dimanche.  J’ai vu plus de beautés en ces quelques semaines que je ne pouvais m’imaginer en voir dans toute ma vie. Du sommet de la Tour Eiffel au sommet de l’Aiguille du Midi en passant par le Mont Saint-Michel, j’ai découvert toutes les merveilles de mon nouveau pays d’accueil. J’ai aussi eu la chance de pouvoir voyager dans plus d’une dizaine de pays (merci Ryanair). J’ai pu goûter à la folie de la vie espagnole et aux petits bonheurs de la culture portugaise. J’ai pu admirer la grandeur du Big Ben, la richesse de l’histoire berlinoise et l’immensité des Alpes suisses.  Au travers de ces belles découvertes, j’ai surtout appris que le monde est grand et riche, plus qu’on peut le croire. Plus on apprend à le découvrir, plus on veut en voir. Ça en devient pratiquement une folie. 


En plus d’apprendre sur le monde, j’ai énormément appris sur moi-même. En partant seule, j’ai appris ce que c’était de prendre des décisions pour soi. Malgré toutes les choses grandioses que j’ai pu voir, j’ai appris à apprécier les petites choses qu’on a souvent tendance à tenir pour acquises dans notre vie de tous les jours. J’ai aussi appris qu’en s’ouvrant aux autres, on fait généralement des découvertes incroyables.  Finalement, au travers de cette montagne russe d’émotions et de situations, j’ai appris que la clé était d’apprendre à se faire confiance. 


Pour terminer, mon échange m’a permis de voir la beauté du monde, de découvrir une culture d’une richesse incroyable et surtout, à défaut d’avoir l’air quétaine, d’avoir tissé des liens pour la vie. C’est avec un brin de nostalgie que je peux aujourd’hui dire que la plus belle chose que j’ai apprise de cette folle expérience est que les plus grandes leçons ne s’apprennent généralement pas sur les bancs d’école, et qu’on a tout à gagner à sortir de notre zone de confort.