LES CATALANS N’AURONT PAS DIT LEUR DERNIER MOT

Jeanne Larose, rédactrice en chef

C’est par la présente parution que se termine le périple de l’équipe 2016-2017 du journal le Verdict. Nous sommes fiers de pouvoir affirmer que nous avons rempli les objectifs que nous nous étions fixés, soit l’entrée du journal sur internet, la création de nouvelles rubriques régulières telles que l’entrevue avec un professionnel et l’histoire d’échange, ainsi qu’une plus grande inclusion de la vie étudiante au cœur de nos pages. Il me tarde de découvrir le prochain exécutif du Verdict ! Il me reste tout de même un éditorial à vous présenter, dans lequel je vous transporte à Barcelone. La capitale catalane inspire la fête, la mode, l’art, mais surtout, la résistance d’un peuple qui refuse de se taire face au gouvernement espagnol. C’est par
intérêt pour cette nation que j’ai assisté à la projection du film Le peuple interdit d’Alexandre Chartrand, qui était présent pour répondre à nos questions suite au visionnement. Je vous expose mes impressions de cette œuvre engagée.

Il faut d’emblée mettre une chose au clair : il ne s’agit pas d’un film informatif sur le plan politico-historique, mais plutôt sur le sentiment d’appartenance des Catalans à leur communauté autonome, et leur engagement pour mener leur indépendance à bon port. Le spectateur assiste à différentes conférences de presse de membres de partis politiques indépendantistes, parfois plutôt radicaux, dont l’un fait un parallèle douteux entre l’oppression des Catalans par le gouvernement espagnol et le système de l’apartheid d’Afrique du Sud. Les discours présentés n’illustrent pas tant les arguments favorables à l’indépendance, il s’agit
surtout d’appels de ralliement au « Oui » et à la révolte contre le gouvernement espagnol. Ce dernier les empêche de procéder à un vote consultatif sur l’indépendance catalane pour le motif constitutionnel que cette question doit être posée à l’ensemble de la population d’Espagne et non qu’à la Catalogne. Le président catalan, Artur Mas, tient tête à Madrid et organise la tenue d’un référendum, ce pour quoi il sera inculpé pour cause de désobéissance civile. Cette consultation révèle 80 % des voix en faveur de l’indépendance. Des Catalans se
présentant aux urnes tôt le matin, le quotidien d’un bénévole du parlement catalan (Generalitat), des rassemblements dans les rues et le témoignage d’individus plein d’espoirs ponctuent l’œuvre de Chartrand. Le réalisateur illustre de la sorte le furieux besoin d’autodétermination de la Catalogne.

Malgré une conception plutôt romancée de l’indépendance catalane, l’œuvre dresse un excellent portrait du point de vue des séparatistes, qu’il aborde sous un angle humain. Il a su montrer combien le sentiment national peut mener un peuple à s’unir pacifiquement pour accomplir un objectif commun, comme lors du grand rassemblement de 1,8 millions d’individus dans les rues de Barcelone pour former un grand V (pour « voter) aux couleurs du drapeau catalan. Il expose aussi une composante primordiale de ce débat, qui est le droit à la liberté d’expression. Il est d’ailleurs mentionné que le Québec a eu droit de se prononcer sur la souveraineté, la Catalogne souhaiterait tout simplement en faire autant. Tentative de rapprochement entre les deux mouvements indépendantistes ? Le thème du référendum québécois a resurgi à deux ou trois reprises, proposant cette opinion du réalisateur.
Finalement, le film débute et termine par une scène de compétition de castels, activité typiquement catalane, qui consiste en une tour humaine. Le castel du commencement s’effondre, alors que celui de la fin réussit à être démonté, insufflant de l’espoir pour la nation catalane. 

Si vous souhaitez voyager droit au cœur du peuple catalan, au-delà des apparences de la superbe ville de Barcelone, je vous recommande cette projection. Bien qu’elle ne renseigne pas suffisamment sur l’enjeu politique global, on y fait la rencontre d’individus passionnés qui passent les intérêts collectifs du peuple catalan avant leurs intérêts individuels.