LE NON GAGNE (COMME D'HABITUDE) AU RÉFÉRENDUM
Par Nico Julien
Le 27 novembre 2017, à 23h59 est la date fatidique où le destin du dernier grand projet étudiant fut scellé. En effet, dans une course palpitante, du moins proportionnellement à la pugnacité des statuts de la page Spotted ULaval, les étudiants devaient se positionner sur la question : acceptez-vous que votre association étudiante de campus, la CADEUL, s’affilie à l’Union étudiante du Québec (UEQ) moyennant une cotisation de 4,56 $ par étudiant, par session et indexée? Au-delà du résultat, qui s’inscrit dans une tendance perpétuelle du NON à gagner les référendums, il convient d’en critiquer le résultat, avec égard pour les exécutants de CADEUL qui ont déjà tenté cet exercice. Aux lanceurs de pierres, attention, ce texte est non-partisan, mais assurément dans le but de bonifier mon LinkedIn.
La victoire de la démocratie directe et les conditions gagnantes.
Je vais commencer ma critique par le point fort du référendum. Je pratique ici la méthode poutine, c’est-à-dire de commencer par le gratin pour finir par les frites molles. D’abord, il faut célébrer la victoire de la démocratie directe. Avec un vote de la part des étudiants, l’on s’évite le principe des grands électeurs dont la FAECUM paie les frais (littéralement, 4,56$ par étudiants tsé). On a pour ainsi dire évité l’iceberg, des votes obtenus avec de faibles majorités avec de faibles quorums. À mon humble avis, les votes électroniques et la concertation directe doivent devenir une tendance quant aux votes de toutes assemblées générales portant sur des questions phares. Toutefois, le positif s’arrête ici.
La simplification du débat à l’extrême
Un peu comme la très moyenne élection municipale à Québec,on a vu une simplification du débat à l’extrême. Notamment, il portait sur des points qui ne faisaient que renchérir l’ignorance rationnelle d’un débat au premier degré. Par exemple, le camp du NON a soulevé avec ferveur la hausse de 4,56$ des cotisations étudiantes, dont le seul moyen de ne plus y être assujetti serait de retirer notre cotisation de la CADEUL. Pour la majorité des étudiants, cet argument n’est pas un enjeu. Plus pragmatique, le camp du OUI disait que si l’on était contre les violences à caractère sexuel, il fallait adhérer à l’UEQ. Essentiellement, votez oui, sinon vous êtes des réactionnaires rétrogrades inconscients. L’UEQ n’a pas l’exclusivité du lobbyisme contre les violences subies sur les campus. Littéralement, tous peuvent publier un mémoire à l’Assemblée nationale, la preuve, la FECQ l’a fait. Clin d’œil à mes anciens collègues des associations étudiantes.
Chers coordonnateurs de chaque camp, parlez-nous de représentativité. C’est le nerf de la guerre. Parlez-nous de la différence au day to day d’adhérer aux associations étudiantes nationales. Bref, ayez plus de substance qu’OD ou que la troisième paire de défenseurs du Canadien de Montréal.
La mobilisation démobilisante
Afin de critiquer la campagne des deux camps, il convient de blâmer cette mobilisation démobilisante. Selon Word, c’est un néologisme, mais à défaut d’un meilleur concept, il sera mon bread and butter. Dans son communiqué post-référendaire, le Président de la CADEUL vantait un taux de participation de 25,5% comme étant la preuve d’une « démocratie vivante ». Oups, ils ont juste oublié que tout en ayant accès au vote électronique, 74,5% des étudiants n’ont pas exercé leur droit. Est-ce que le terme « démocratie désintéressée » serait plus approprié ? À mon humble avis, oui, ou du moins, on ne peut pas s’en réjouir. Il faudrait se questionner quant à savoir quel est le portrait type de ces non-votants. Des hypothèses quant à savoir si les étudiants avaient l’information appropriée afin de se positionner sur la question, à savoir les méthodes de campagnes, parfois harcelantes, et desfois désobligeantes doivent être soulevées. Qui plus est, un taux de participation plus élevé aurait permis une crédibilité dans les résultats.
Non c’est non?
Ensuite, il convient de traiter de la clarté des résultats. Dire non à une question référendaire pose son lot de problèmes quant à savoir ce qu’est un non clair. En effet, les résultats ont été publiés en mettant en opposition le oui et le non dans l’ordre de 55% contre 45%. Malheureusement, ce cadre ne tient pas compte des électeurs qui ont préféré s’abstenir. Le résultat réel devrait être (en tenant compte des abstentions) 41,2 % pour le oui, 49,9% pour le non et 8,8% pour l’abstention. Alors dans ce scénario, est-ce que la majorité du non est autant valable? L’on connaît la propension des associations étudiantes à forcer l’adoption des résolutions par des moyens indirects. En fait, cette crainte vient du fait que certains exécutants reprennent les mots de Lévesque en nous disant « à la prochaine fois ». Eh bien, c’est quoi et quand la prochaine fois? Chers exécutants, à mon avis, ne pas respecter la décision d’une majorité simple d’étudiants s’inscrit dans un comportement vexatoire de la démocratie. Celle-là même sur laquelle vous assoyez votre légitimité.
Je finirais sur un remaniement des mots de J.F.K. Chères associations étudiantes, ne vous demandez pas ce que les étudiants peuvent faire pour arriver à vos fins, demandez-vous ce que vous pouvez faire pour les étudiants. « À la prochaine fois ».