40 ans, toutes ses dents… et beaucoup d’argent!

Par Francesca Lefebvre

Crédit photo : Canva

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DOSSIER DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE | Aborder le sujet de la liberté financière lorsqu’on est encore étudiant, ça semble assez farfelu, mais parler d’une retraite à 40 ans, alors qu’on est toujours sur les bancs d’école, c’est définitivement exagéré! 

Pourtant, cette réalité semble de plus en plus d’actualité. En effet, cette idée vient en fait du livre Your Money or Your Life paru en 1992 et gagne en popularité depuis les dernières années (1). Aussi mieux connue sous le nom du Fire movement (Financial Independance, Retire Early (2)), cette façon de voir les choses est maintenant de plus en plus médiatisée et certaines personnes en ont même fait l’expérience! Je ne parle pas ici des Bill Gates, Mark Zuckerberg et autres génies de l’ère actuelle, mais bien de personnes tout à fait normales comme vous et moi. 

La théorie…

C’est assez simple : pour profiter de sa retraite le plus tôt possible, il faut beaucoup d’argent de côté. Pour y arriver, différentes techniques pour épargner sont bien connues afin d’augmenter rapidement la somme en banque. 

Tout d’abord, il faut se débarrasser des dettes. Rien de pire pour l’épargne que de vivre à crédit! Le financement s’accumule : au début, nous ne voyons que le petit 35 $ par semaine pour la nouvelle voiture et on se dit qu’on peut acheter plein d’autres choses, que même si toutes ses dépenses accumulées totalisent 100 $ par mois, ce n’est pas énorme quand on a un bon salaire… Mais quand tous ces biens sont financés sur 5, 7 ou 10 ans, ce sont des dépenses qui seront présentes pendant encore longtemps et peuvent mettre un frein important à notre épargne, lorsqu’on y additionne également ceux nécessaires, comme la maison, la nourriture, les vêtements, etc. Une fois le manège si agréable du crédit en marche, il est difficile de s’en sortir! Donc, la première étape : dire au revoir aux dettes et au crédit le plus possible. 

Puis vient le vif du sujet, soit de déterminer avec quel montant il nous est possible de vivre la vie désirée. Cela dépend de chacun : certains veulent aller au restaurant trois fois par semaine alors que d’autres préfèrent cuisiner tranquilles à la maison. Les dépenses ne seront pas les mêmes, mais il faut savoir quels «sacrifices» nous sommes prêts à faire pour épargner le plus possible. Sauf qu’il ne faut pas seulement se concentrer sur maintenant : après tout, la retraite, c’est pour plus tard! Il faut aussi penser au genre de retraite désirée. Les voyages? Le camping? Les activités? Encore une fois, les coûts ne seront pas les mêmes pour tous, mais c’est de savoir ce que chacun désire qui est le plus important. Une fois le futur clair, nous sommes en mesure de déterminer quel montant il sera nécessaire d’obtenir avant de prendre sa retraite. 

Une fois la base mise en place, il s’agit seulement de couper les dépenses inutiles – ou du moins, essayer de les réduire – pour garder le plus d’argent possible dans ses poches. Ensuite, il ne reste plus qu’à garder les sommes qui ne sont pas dépensées pour les investir ou les conserver dans un compte épargne. Facile comme tout, pas vrai?

Mais la difficulté, c’est de savoir quand commencer à épargner et combien de temps nous souhaitons que cela dure. Plus c’est tôt, mieux c’est : il est plus facile de moins se priver et de mettre de côté des sommes moins volumineuses et il nous reste beaucoup plus de temps pour accomplir notre objectif. Par contre, il ne faut pas l’oublier, ou tout simplement laisser l’épargne de côté en se disant : «Pas grave, j’ai encore plein de temps devant moi!»

Une fois qu’on a atteint un certain âge, la retraite s’approche, et ce, de plus en plus rapidement. C’est pourquoi, selon le Fire movement, il faudrait être en mesure d’épargner au minimum 50 % de son salaire pour arriver à un montant assez confortable pour prendre sa retraite dans les 10 années suivantes (3). 50 %, nous sommes tous d’accord, c’est beaucoup, surtout lorsqu’on apprend que le taux d’épargne moyen des Québécois était de 5.3 % en 2018 (4)! L’écart est assez important entre 5.3 % et 50 %, mais rien n’empêche d’essayer d’épargner un petit 10 % à 20 %. De plus, comme expliqué précédemment, plus on commence tôt, moins la somme à épargner est faramineuse puisqu’on dispose de plus de temps! 

… avant la pratique

Aussi surprenant que cela puisse paraître, au moins un couple de Québécois bien ordinaire a réussi l’exploit de se retrouver à la retraite à 38 et 37 ans! Jean-Sébastien Pilotte et Van-Anh Hoang ont fait quelques entrevues sur le sujet et Jean-Sébastien tient aussi le blogue Jeune retraité où il donne quelques informations sur le sujet. Lui travaillait dans le marketing et elle était pharmacienne. Leurs trucs? Jean-Sébastien écrit sur son blogue qu’ils investissent principalement en bourse, dépensent le moins possible sur la voiture et louent plutôt que d’acheter une habitation (5), toutes des petites astuces qui ont fait leurs preuves!

Ce couple est sans enfants, mais un autre exemple québécois est donné par l’homme (malheureusement anonyme) qui tient le blogue Retraite 101. Une de ses plus récentes publications porte justement sur le fait qu’il a réussi à épargner 64 % de ses revenues dans la dernière année (6)! Et il a réussi à faire tout cela en étant le seul salaire de son ménage, avec un enfant à charge et un deuxième en route. 

Un dernier exemple serait celui de Peter Adeney, un Canadien ayant travaillé comme ingénieur informatique et ayant fait de bons investissements sans trop dépenser, ce qui lui a permis de devenir retraité à 30 ans (7). Lui et sa femme ont décidé d’essayer de ne pas dépenser plus de 50 % de leurs revenus. Suite à leur retraite assez précoce, ils ont pu profiter de ce temps pour élever leur fils. 

Des sacrifices équilibrés

J’ai mentionné qu’il fallait déterminer les «sacrifices» que nous étions prêts à faire pour épargner. Mais certaines personnes adoptent seulement un style de vie différent ou se sont toujours habituées à vivre sans avoir à dépenser leur chèque de paie toutes les semaines! Si vous discutiez avec ce genre de personne (ou cherchez un peu sur le sujet), elles vous répondraient qu’elles n’ont jamais eu l’impression qu’elles se «privaient» ou «sacrifiaient» quoi que ce soit. 

L’important est donc de trouver un équilibre dans tout le système afin d’être heureux! Sans oublier qu’il existe quelques trucs intéressants, comme investir une partie de ses sommes dans des placements sûrs pour qu’elles fructifient : il n’est pas nécessaire d’investir une somme énorme, mais la laisser de côté, à un taux d’intérêt assez avantageux peut faire des miracles! Si jamais vous désirez en savoir plus, n’hésitez pas à chercher sur Internet, c’est une réalité qui a de plus en plus sa place et pour laquelle des ressources sont maintenant disponibles! 

Sources

(1) «The Fire Movement : Can big, fast savings make you a millionaire?», site des CPA du Canada : https ://www.cpacanada.ca/en/news/world/2019-10-23-fire-movement 

(2) Ibid.

(3) Ibid.

(4) Document Le Québec chiffres en main édition 2019 : https ://www.stat.gouv.qc.ca/quebec-chiffre-main/pdf/qcm2019_fr.pdf

(5) «Mon plan de retraite», Jeune retraité, http ://www.jeuneretraite.ca/comment-prendre-sa-retraite-jeune/

(6) «Mon taux d’épargne a fracassé les 60 % en 2019», Retraite 101, http ://retraite101.com/mon-taux-epargne-a-fracasse-les-60-en-2019/? fbclid=IwAR1nkZ2nnjY4PtwZQRlgERlvgFwb3H5Ne6ojkcf5qpQDO27qiuO6J2r3f3Y

(7) «MR. MONEY MUSTACHE BATTANT, ÉCONOME ET… RETRAITÉ À 30 ANS», La Presse +, http ://plus.lapresse.ca/screens/c09e4a9e-0065-4a24-ba4f-97b632de1396__7C___0.html