LE VERDICT

Journal des étudiants en droit de l'Université Laval

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March 26, 2019 by Le Verdict

Avant de débuter ce texte, je tiens à préciser que je suis un homme, un homme conscient des privilèges qu’il possède au sein de cette société patriarcale par le fait même d’être un homme. Je suis hétérosexuel, ainsi mon épanouissement personnel et sexuel au sein de cette société, qui est hétéronormative, n’est pas obstrué, mais plutôt encouragé. Je suis un étudiant en droit à l’Université Laval, ainsi ma scolarité facilite mon accès à des opportunités d’emplois bien rémunérés et prestigieux. Sans vouloir étaler le reste de mes privilèges, cet exercice m’a permis de mieux comprendre le rôle que je peux avoir dans la construction d’une société égalitaire, mais aussi les comportements qui renforcent l’inégalité entre les personnes et le maintien du patriarcat. Je tiens à dire aussi que je ne suis pas spécial ou avant-gardiste par mes positions et les valeurs que je défends. Je suis un être humain qui a appris qu’il possède un avantage sur un autre basé sur quelque chose qui ne relève pas de son choix. Je suis né homme, je m’identifie à mon genre et je suis hétérosexuel. La question que je me pose est la suivante : comment un homme peut aider la lutte féministe et non lui nuire ?

Selon Christine Delphy, sociologue française, les hommes doivent faire une introspection sur la façon dont ils perçoivent la lutte féministe, s’interroger sur les comportements sexistes qu’ils ont ou que leur entourage pratique, et finalement, éviter de juger ou de parler au nom des femmes et des féministes [1]. Ainsi, les hommes doivent s’engager dans un processus de disemporwerment, c’est-à-dire que l’homme doit entreprendre un processus où il doit réduire le pouvoir qu’il exerce sur la femme et les femmes [2]. Quand je dis « la femme », je fais référence aux interactions individuelles, par exemple dans une relation académique, amoureuse ou amicale. Quand je dis « les femmes », je fais référence aux interactions collectives, par exemple la perception qu’on peut avoir par rapport à un aspect du mouvement féministe ou son ensemble.

Pour mieux comprendre le processus de disemporwerment de l’homme, il est important de définir le processus d’emporwerment des femmes véhiculé par le féminisme. L’empowerment signifie le développement de l’autonomie des femmes et de leur capacité à faire ce qu’elles veulent, pour cesser d’être un objet inférieur à l’homme et devenir un sujet, c’est-à-dire être son égal. Ainsi, l’emporwerment des femmes n’est pas d’enlever à un pour le donner à l’autre. C’est simplement être traité équitablement. Donc le disempowerment des hommes ne signifie guère la perte de leur capacité d’agir en tant qu’êtres humains, mais signifie simplement de minimiser le pouvoir qu’ils exercent en tant qu’hommes sur les femmes [3] afin que ces dernières soient nos égales. Par exemple dans un travail d’équipe, l’étudiant ne doit pas réduire son existence au sein du groupe parce qu’il y a une étudiante. Il ne doit pas rester silencieux de peur d’être pointé du doigt. Il doit simplement être conscient qu’il n’est pas le seul membre de l’équipe qui veut faire part de son opinion. Ainsi, donner la parole à tous les membres de l’équipe, n’enlève pas à l’étudiant son droit de parole, mais redonne à tous le droit d’exprimer équitablement leur opinion.  

Dans cette optique, quelles sont les actions que doivent entreprendre les hommes en processus de disemporwerment. En vertu du Petit guide du « disempowerment » pour hommes proféministes de Francis Dupuis-Déri, ils doivent, tout d’abord, s’informer sur le mouvement féministe, mais surtout étudier des œuvres se penchant sur l’analyse féministe afin qu’ils soient conscients des dynamiques psychologiques et interpersonnelles du patriarcat. Nous devons comprendre quelles sont les dynamiques d’oppression que vivent les femmes dans notre société afin d’éviter de les reproduire. Je ne suis pas né proféministe, j’ai appris à l’être. Ce processus, qui n’est pas encore terminé, s’est construit autour d’expériences personnelles, d’une curiosité intellectuelle, mais surtout par le soutien et le travail de femmes de mon entourage. Comprendre, mais surtout se faire dire, que certains de nos comportements sont sexistes n’est pas facile, mais c’est essentiel. Reconnaître un problème permet de mieux le comprendre afin d’éviter qu’il ne se reproduise. 

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Deuxièmement, l’homme qui souhaite participer activement dans le mouvement féministe doit se mettre en retrait ou limiter son implication à celui d’auxiliaire [4]. En effet, il est important qu’en tant qu’homme proféministe, nous acceptions que le processus décisionnel au sein du mouvement féministe appartienne exclusivement aux femmes. Donc, il ne faut pas crier au meurtre lorsqu’un collectif féministe souhaite tenir une rencontre ou un événement non-mixte. Il faut simplement respecter ce choix. Prenons par exemple un collectif de latinos qui souhaite tenir un événement exclusivement pour des latinos autour du sujet de leur identité au sein du Québec. Faut-il critiquer cet événement comme étant discriminatoire envers les non-latinos ou simplement comprendre que cet événement souhaite contrôler le public afin que les participants se sentent à l’aise de partager leurs vécu et ressenti. Ainsi, la non-mixité ne vise pas exclure des individus, mais vise plutôt créer un espace sûr pour encourager l’échange.  

En outre, l’homme proféministe, lorsqu’il veut faire une déclaration ou une action pour la cause féministe, doit obtenir l’approbation des féministes [5]. Cette reddition de compte ne tire pas sa source du fait qu’un homme ne comprendra jamais la situation de la femme ou que son opinion ne vaut rien, mais plutôt que l’homme proféministe n’est pas le sauveur de la femme. Il ne parle pas au nom des femmes. L’homme proféministe défend la cause féministe avec les féministes et non pour elle. Cette nuance est vitale, car il ne faut pas croire que les hommes émanciperont les femmes simplement en renonçant à leurs pouvoirs et privilèges [6]. C’est un travail collectif dirigé par les femmes, mais appuyé par les hommes.

Finalement, les hommes ne doivent pas être des agents passifs. Nous, en tant qu’hommes, nous pouvons prendre des actions concrètes, particulièrement face aux comportements misogynes et sexistes des hommes. Ce postulat ne signifie pas qu’il faut s’engager dans une croisade contre tous les hommes. Le concept de boys watch propose que les hommes rompent avec la solidarité masculine en se surveillant entre hommes pour repérer et contrer les comportements et les paroles misogynes ou sexistes [7]. Pour moi, le concept de boys watch s’applique dans mon cercle d’amis. Lorsqu’un ami fait des commentaires déplacés envers une personne, je ne fais preuve d’aucun geste validant ce commentaire. Et par la suite, je l’amène à se questionner par rapport à ce commentaire, particulièrement en le mettant dans une situation où une personne externe aurait pu avoir des commentaires déplacés envers sa personne. Être confronté peut-être déboussolant, mais c’est important pour comprendre la nature déplacée de certaines paroles ou gestes. J’ai déjà exprimé des commentaires déplacés envers des femmes et lorsqu’on m’a confronté, particulièrement par mes amies, je l’avoue, j’ai été déboussolé, mais ce geste m’a permis de faire une introspection sur ma personne et m’a permis de renforcer les valeurs et idéaux que je défends actuellement. Ainsi, les actions concrètes contre le sexisme peuvent simplement commencer en désapprouvant un commentaire ou un geste d’un ami proche. 

Conclusion

En somme, il est important que les hommes accordent la priorité au processus de disempowerment [8] en s’informant sur le féminisme, en acceptant leur rôle d’auxiliaire dans le mouvement féministe et en posant des actions concrètes contre les commentaires et les gestes sexistes de leur entourage. Le disempowerment de l’homme vise à aider et non à nuire au mouvement féminisme. Le féminisme ne doit pas être perçu comme un concept étranger ou ennemi de l’homme. Bien au contraire, le féminisme est également bon pour les hommes. En effet, le féminisme permet aux hommes de se libérer du patriarcat qui les aliène en les enfermant dans leurs rôles masculins [9]. L’homme n’est pas un individu sans émotion qui utilise les autres, et particulièrement les femmes, comme des objets jetables afin d’obtenir ce qu’il veut. Dans cette optique, il faut travailler de concert avec les féministes pour créer une société réellement égalitaire.

[1] Francis Dupuis-Déri, « Les hommes pro-féministes : Compagnons de route ou faux amis », Recherches féministes, vol. 21, no. 1, 2008, par 6.

[2] Ibid, par 7.

[3] Ibid, par 10.

[4] Ibid, par 11.

[5] Ibid, par 11.

[6] Ibid, par 12.

[7] Ibid.

[8] Ibid, par 23.

[9] Ibid, par 25.

March 26, 2019 /Le Verdict
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March 26, 2019 by Le Verdict

Coco Chanel a fait entrer les femmes dans la modernité en leur permettant de porter le pantalon. Depuis, la chose est notoire, le plafond de verre se fracasse beaucoup moins aisément en jupe. Par exemple, pour s’élever à la tête du Royaume-Uni, Margaret Tatcher s’est fait pastiche de l’assurance virile et de la dureté masculine.

Est-ce là une démonstration de la faillite de la théorie essentialiste selon laquelle toutes les femmes partagent dans leur nature intrinsèque des qualités similaires ? Difficile de savoir. La dame de fer était-elle « née moins femme » ou avait-elle résisté aux pressions pour « devenir femme » ? Chose certaine, en reproduisant le plus fidèlement possible le canon masculin, il lui fut probablement plus aisé d’accéder à ses ambitions.

Par le fait même, elle a aussi pavé la voie pour d’autres femmes qui lui ont succédé. Voilà un phénomène que l’on pourrait qualifier de féminisme individualiste. Des femmes qui conquièrent un statut relativement égal à celui des hommes et qui rendent l’égalité des sexes possibles pour celles qui consentiront à suffisamment de sacrifices pour y arriver. Mise en abyme ironique : cette mentalité semble être le résultat d’un féminisme qui se travestit en adoptant les codes de la méritocratie patriarcale.

Or, l’angle mort de ce féminisme, si on peut même le qualifier ainsi, est qu’il crée une illusion d’égalité. Le mirage de l’égalité obtenue enferme dans leur statut d’infériorité certaines femmes qui se trouvent dans l’impossibilité de sacrifier assez. Une forme d’égalité à deux vitesses qui fait de certaines femmes un obstacle à l’atteinte de l’égalité pour d’autres femmes.

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En effet, difficile pour une femme qui souhaite fonder une famille de rivaliser au plan professionnel avec une femme qui est prête à renoncer à la maternité pour satisfaire ses ambitions de carrière ? Encore plus ardu peut-être pour une mère monoparentale de rivaliser avec sa collègue mieux nantie qui embauche une au-pair afin de pouvoir jongler avec carrière, conjoint et enfants. Le poids de ce que l’une consent à sacrifier vient s’ajouter comme une brique sur les épaules de l’autre. 

Comment peut-on faire en sorte que les luttes des unes bénéficient à toutes et non pas seulement à une poignée de privilégiées ? Comment peut-on même intégrer les hommes dans cette quête d’égalité?    

Mea culpa, je n’ai pas la réponse. J’ai toujours préféré les pantalons aux grandes robes. One of the boys devant l’éternel, j’ai appris à rire inconsciemment aux blagues déplacées pour conserver mon statut, plutôt que de profiter de ma position pour conscientiser. Je suis aussi devenue un as des sacrifices de toutes sortes.

Mais je fais amende honorable et j’aspire à faire plus.

Nous méritons mieux qu’un simulacre d’égalité. Si la liberté n’est pas une marque de yogourt, l’égalité, elle, n’est pas une jupe-culotte informe et peu flatteuse.  

March 26, 2019 /Le Verdict
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March 26, 2019 by Le Verdict

Remettre les pendules à l’heure, prendre le temps de souffler. Le Bac est un exercice assez exigeant comme ça, alors pourquoi s’imposer de l’angoisse supplémentaire en vue de l’École du Barreau ? Même s’il n’y a aucune bonne raison de s’inquiéter d’avance, si ça peut nous rassurer d’en parler un peu, vaut mieux avoir l’heure juste. 

En collaboration avec ses anciens mentors, le Centre de soutien a tenté de répondre aux questions et aux inquiétudes qui sont le plus fréquemment vécues par les étudiants en droit en vue de leur passage à l’École du Barreau. Dans cet article, vous trouverez donc des réponses à des questions en lien avec les choix à faire au Bac en vue de maximiser vos chances de succès à l’École du Barreau, tenant compte des cours préparatoires, de la formation professionnelle, des évaluations et du stage du Barreau. Dans le cas où vos inquiétudes persistent ou que de nouvelles interrogations font surface, le Centre de soutien demeure ouvert et accessible pour répondre à vos questions.

Cours suggérés au Bac

●      Plusieurs cours m’intéressent au Bac, mais j’hésite à les prendre parce qu’ils sortent du parcours suggéré par l’association étudiante en vue de la formation du Barreau. Quels cours est-ce que je devrais privilégier ?

Comme bien des choses dans la vie, il est important de rechercher un équilibre. Il est possible que les cours recommandés par l’association étudiante pour le Barreau ne soient pas ceux qui vous intéressent le plus parmi tous les choix offerts. Certains étudiants vont préférer choisir quelques cours recommandés et vont compléter leur formation avec des cours qui viennent davantage accrocher leur intérêt. D’autres ne choisiront que les cours recommandés du Barreau : ils y verront un certain réconfort. Ne pas en faire du tout est également une option. Il n’y a aucune recette magique : la meilleure formule est celle qui vous conviendra, à vous personnellement. Celle qui vous permettra à la fois de profiter des toutes ces incroyables opportunités du Bac et d’en sortir avec le sentiment d’être prêt à passer à la prochaine étape sera la bonne combinaison pour vous. 

Par ailleurs, l’École du Barreau ne propose aucun parcours suggéré pour le Bac. Il s’agit, en fait, d’un guide de l’association étudiante de la Faculté. L’École du Barreau refuse de faire de telles suggestions pour ne pas dissuader les étudiants à suivre des cours dans les domaines qui les intéressent. Toute la matière proposée par la Faculté de droit est pertinente, dites-vous bien cela !

La meilleure manière de faire pour avoir un aperçu de la globalité de la matière qui est vue lors du passage à l’École du Barreau est de jeter un coup d’œil aux matières visées dans la Collection de droit. 

Certains sujets reviennent plus fréquemment que d’autres aux évaluations finales : le droit de la famille, le droit des affaires, le droit pénal, le droit du travail et le droit administratif. L’éthique et la déontologie est évaluée séparément (c’est l’évaluation notée qui a lieu un mois après le début des cours). L’étudiant qui veut mettre toutes les chances de son côté peut s’assurer d’avoir une bonne base dans ces matières avant de commencer sa formation à l’École du Barreau. Par exemple — et particulièrement pour les étudiants qui ne feront que la formation professionnelle en 4 mois — il peut être bon de lire le manuel d’éthique et de déontologie avant leur passage à l’École du Barreau, afin d’être bien préparé et de ne pas avoir à prendre du retard dans les travaux préparatoires.

Il est important de se rappeler qu’il n’est pas obligatoire d’être expert dans chacun des sujets pour réussir à passer ses examens. Les enseignants de l’École du Barreau sont très compétents et sauront répondre à vos interrogations. Également, la fameuse Collection de droit permet à l’étudiant n’ayant jamais vu une matière au BAC de combler ses lacunes par lui-même. 

●      Je n’ai fait aucun cours (ou presque) suggéré pour le Barreau : est-ce que je devrai absolument faire les 4 mois de cours préparatoires ?

Non. La Collection de droit est très complète et pourra aider l’étudiant n’ayant fait aucun des cours suggérés — ou ayant des lacunes dans une matière en particulier — à apprendre la matière par lui-même. Cependant, si vous êtes trop anxieux ou stressé à cause de vos choix de cours, vous pourriez peut-être envisager de faire les cours préparatoires afin d’apaiser vos angoisses. Faites sérieusement et avec discipline, cette formation ne peut être que bénéfique.

Dans tous les cas, la lecture de la Collection de droit est recommandée, voire essentielle.

Inscription à l’École du Barreau

●      Comment savoir s’il est préférable pour nous de faire le Barreau en 4 ou 8 mois ?

Encore une fois, s’inscrire à l’École du Barreau en 4 ou en 8 mois est un choix très personnel. Ceux qui se laissent influencer sur leur décision regrettent parfois leur choix. Sachez qu’il est possible pendant une certaine période après le début des classes de modifier votre choix.

D’abord, il faut s’attendre à ce que la formation professionnelle soit intense, même après avoir fait les cours préparatoires. En revanche, si le niveau de stress et d’anxiété est déjà préoccupant avant même l’inscription, il peut être bien d’envisager la formation préparatoire et voir ces quelques mois comme une période de mise à niveau, certes, mais aussi de gestion de stress. 

En somme, tout dépend du niveau d’autonomie, d’autodiscipline et de stress de chacun face à sa formation à l’École du Barreau. Êtes-vous plus un sprinter ou un marathonien ? Laquelle de ces deux options vous permettra de vous sentir le mieux ? Avoir une bonne hygiène émotionnelle et un bon régime de vie est essentiel dans la profession d’avocat comme dans la vie ; et le passage à l’École du Barreau n’y fait pas exception.

Bien sûr, il est aussi possible de se fier à la recommandation donnée par l’École du Barreau à la suite de l’évaluation diagnostique (R-1, R-2, R-3 ou R-4). Il s’agit d’un excellent indicateur pour vous éclairer dans votre choix. Il faut prendre en considération cette cote lorsque vous faites votre choix, mais gardez en tête que vous vous connaissez mieux que quiconque. Si vous doutez de vos capacités à réussir votre formation à l’École du Barreau en le faisant en 4 mois, même si vous avez une recommandation R-1 ou R-2, il peut quand même être une bonne idée de la faire plutôt en 8 mois. Pensez aussi à toute l’implication en temps et en argent : mieux vaut le faire une fois correctement que d’avoir à le refaire une deuxième fois.

Si vous êtes curieux, il existe des statistiques publiées sur le site de l’École du Barreau qui démontrent le pourcentage d’étudiants qui ont passé leur examen en fonction de leur choix de parcours et en fonction de leur recommandation. 

●      Quelles sont les différences entre les deux options ?

La différence est que l’étudiant qui choisit l’option de 8 mois doit accomplir une formation supplémentaire préalable de 4 mois avant d’avoir accès à la formation professionnelle ; cette formation supplémentaire est les cours préparatoires. La terminologie « faire le Barreau en 4 mois » ou « faire le Barreau en 8 mois » est trompeuse. En effet, dans les deux cas l’étudiant devra faire la formation professionnelle de 4 mois en 4 mois, soit à l’automne ou à l’hiver. L’étudiant qui aura choisi la formation en 8 mois ne bénéficiera pas d’un étalement des cours. Ainsi, celui qui choisira de faire les cours préparatoires ne fera que reporter sa formation professionnelle. Ce choix comporte des avantages et des inconvénients.

●      Quels sont les avantages à faire le barreau en 4 mois/en 8 mois ?

Faire les cours préparatoires avant de faire la formation professionnelle permet aux étudiants n’étant pas à l’aise avec la matière vue à l’École du Barreau de faire une mise à jour de ses connaissances. Ces cours sont dispensés presque exclusivement en ligne. L’étudiant doit faire des exercices et écouter des vidéos à la maison. Bien qu’elle puisse permettre à l’étudiant de prendre un peu d’avance dans ses lectures, la formation préparatoire demande énormément de motivation et d’autodiscipline. La procrastination sera votre pire ennemi. De plus, si vous ne profitez pas de ces 4 mois pour faire une lecture complète de la Collection de droit, l’exercice sera vain et inutile. L’avantage de faire uniquement la formation professionnelle (donc la formation en 4 mois) est que le Barreau se termine rapidement. C’est plus stimulant et ça permet à l’étudiant d’éviter de perdre de vue ses objectifs.

Cours préparatoires

●      Est-il possible de travailler durant les cours préparatoires ?

Oui.

Au même titre que durant le Bac, il est possible de maintenir un emploi à temps partiel lors des cours préparatoires. Bien sûr, tout dépend du sérieux de l’étudiant dans l’accomplissement des travaux, dans l’écoute des vidéos en ligne et dans la lecture de la Collection de droit. Vous serez maitre de votre horaire, mais il ne faudrait pas s’encombrer de travail durant cette période qui se veut une période d’aide et de préparation à la formation professionnelle.

Formation professionnelle

●      Est-ce aussi exigeant que ce que l’on entend parler ?

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La réponse à cette question n’est peut-être pas aussi rassurante qu’on le souhaiterait, parce qu’il est vrai que la formation professionnelle est extrêmement exigeante. À l’École du Barreau, les étudiants doivent fournir un effort constant durant les 4 mois de formation. Il n’y a pas de semaine de lecture ou de congés pour le repos. Les cours se déroulent habituellement du lundi au vendredi selon la plage horaire assignée (8 h 30 à 12 h 30 ou 13 h à 17 h). En plus des cours, il faut assister à des conférences et des ateliers préalablement choisis au moment de l’inscription, lesquels s’intègrent aux semaines régulières. Il ne faut donc pas prendre de retard et bien gérer son temps. Par ailleurs, vous qui êtes en train de compléter votre Bac en étant impliqué dans différents comités, en ayant un travail, en poursuivant votre passion artistique ou sportive : vous croyez vraiment que vous n’avez pas tous les outils nécessaires pour gérer cet emploi du temps serré et strict ? Ce sera peut-être plus exigeant que ce que vous avez vécu jusqu’à maintenant, mais faites-vous confiance : vous êtes prêts pour relever ce défi. Par ailleurs, il ne faut pas voir l’École du Barreau comme un mal à vivre pendant 4 mois et après, on en parle plus. La réalité, c’est que ce sont les quatre mois qui marquent le début d’une carrière juridique qui sera sur le même rythme, mais 12 mois par année.  

Même si le Barreau est une étape obligatoire pour accéder à la profession d’avocat, il ne faut pas oublier de prendre du temps pour soi et de sortir de temps en temps de nos livres.

●      Sommes-nous admissibles aux prêts et bourses lors de notre passage à l’École du Barreau ?

Oui, selon les modalités de l’aide financière. Le site web de l’École du Barreau offre les informations nécessaires à ce sujet.

●      Est-il possible de travailler en même temps que notre passage à l’École du Barreau ?

En même temps que les cours préparatoires, comme mentionné, il est possible de travailler. Cependant, il n’est pas recommandé de travailler lors de la formation professionnelle. La majorité des étudiants préfèrent se concentrer sur leur étude, ce qui est certainement le choix le plus judicieux à faire. C’est un sacrifice à faire, mais ça va vous coûter beaucoup plus cher d’échouer et d’avoir à recommencer par la suite que de ne pas travailler pendant 4 mois. Bien sûr, il existe probablement des personnes brillantes qui ont réussi à jongler avec un emploi, leurs études et leur vie sociale tout en réussissant le Barreau du premier coup. À chacun sa méthode. Mais il ne faut pas se mettre de pression si vous ne comptiez pas garder un emploi : vous ne serez certainement pas le seul. Ne pas avoir d’emploi n’est pas une garantie de succès ; mais c’est certainement un élément qui vous avantage dans votre parcours.

●      Comment faire pour ne pas prendre de retard ?

Il vous faudra faire vos annexes tous les jours et lire vos lois correspondant à la matière vue en classe. Comme la grande majorité du temps en classe sera consacré à la correction des exercices faits à la maison, il est important d’avoir fait lesdits exercices et d’avoir préparé des questions à poser au professeur. Ces exercices sont appelés les « annexes ». Il y a habituellement plusieurs annexes à faire comportant plusieurs questions chacune. Certains professeurs pointent des étudiants pour répondre et d’autres y vont à main levée. Il n’est pas très utile de faire les annexes après les cours. Par ailleurs, en vue de l’exercice de plaidoirie et de la préparation à l’évaluation finale, il est recommandé de prendre de l’avance sur les derniers annexes. 

Comme dans votre future vie professionnelle, le souci des responsabilités et l’autodiscipline est essentiel.

Examen du Barreau

●      J’angoisse déjà : je crains ne pas passer mon examen du Barreau.

La formation dispensée par l’École du Barreau mise sur une approche par compétence. Pendant les 72 jours de formation, l’étudiant apprend à aborder une question de droit d’une certaine approche. Ces 72 jours permettent d’acquérir les compétences et de les mettre en pratique de sorte que lors de l’évaluation finale, l’étudiant les met en pratique pour une 73e journée de suite.

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Il arrive que des étudiants, même les plus doués, échouent leur première tentative d’évaluation finale. Pensez aux athlètes : la contre-performance existe aussi parmi les plus grands athlètes ! Mais si vous êtes curieux, allez jeter un coup d’œil dans la section Statistiques du site web de l’École du Barreau et vous verrez que plusieurs étudiants réussissent l’examen de reprise. Il est très commun d’avoir à faire la reprise. Un bon nombre d’étudiants réussissent à passer l’École du Barreau après la tenue de cet examen. Il n’y a pas d’inquiétude à avoir au niveau des employeurs : une fois assermenté, il n’y a aucune différence entre ceux qui ont réussi au premier tour et ceux qui ont plutôt réussi au deuxième.

●      Est-ce qu’il sera possible de savoir à quoi va ressembler l’examen du Barreau ?

Toujours plus curieux ? Vous pouvez dès maintenant aller consulter le site internet de l’École du Barreau dans la section « Évaluation finale » pour voir des exemples d’examens antérieurs. La Foire aux questions, également accessible sur ce site, est une excellente source de réponse à vos questions. Au total dans le parcours, l’étudiant doit passer deux examens. Le premier concerne uniquement l’éthique et la déontologie et se tient environ un mois après l’entrée à la formation professionnelle. Cet examen vaut pour 20 % de la note finale. Ensuite, l’étudiant doit se soumettre à l’évaluation finale qui se tient sur deux jours à la fin de sa formation. Lors de la première journée, l’étudiant doit répondre à des questions à choix de réponse sur quatre sujets prédéterminés. Lors de la deuxième journée, l’étudiant doit répondre à des mises en situation plus longues concernant deux sujets prédéterminés. Les deux parties de l’évaluation finale valent pour environ 40 % de la note finale. Il faut avoir accumulé une note de 60 % pour passer. Les matières à l’évaluation finale sont transmises à l’étudiant 30 jours avant la date d’évaluation. 

Stage du Barreau

●      Je n’ai pas trouvé mon stage pour le Barreau et je commence la formation professionnelle à l’automne prochain. Va-t-il me rester des stages intéressants ?

Vous connaissez déjà la réponse parce que ce n’est pas la première fois qu’on l’entend, mais bien sûr que vous réussirez à vous trouver un stage. Chaque chose en son temps ! Mis à part les grands cabinets, il n’est pas commun pour une entreprise de réussir à prévoir ses besoins en stagiaires plus de deux ans à l’avance. La très grande majorité des offres sont postées à la dernière minute. Le site internet de l’École du Barreau est d’ailleurs une bonne source pour consulter les stages rémunérés disponibles. Alors maintenant qu’on vous l’a répété, vous réussirez votre passage à l’École du Barreau sans vous soucier de votre stage ; sans y mettre trop d’effort au détriment de votre préparation à l’examen. 

Il s’agit d’un aperçu des questions que nous considérions comme étant les plus fréquentes chez les étudiants du Bac. Maintenant, si cela suscite d’autres interrogations ou si vous désirez en discuter avec l’un des mentors, on demeure très disponible pour en jaser. Ça peut faire du bien de remettre tout ça en perspective !

On remercie tout spécialement Marc-André Morin, Emmanuelle Cloutier et Marie-Philippe Charron, d’anciens mentors, qui ont gentiment accepté de répondre à ces questions et d’aider dans la rédaction de cet article.

Le Centre de soutien aux étudiants est ouvert selon l’horaire suivant :

MARDI : 10 h 30 à 14 h 30

MERCREDI : 10 h 30 à 13 h 30

JEUDI : 11 h 30 à 13 h 30

Vous n’avez qu’à vous rendre au local BNF-2372 (de la bibliothèque) durant ces plages horaires pour rencontrer un mentor.

Tous les mentors sont également disponibles en tout temps en communiquant avec eux à cette adresse courriel : soutien_premier_cycle@fd.ulaval.ca ou via notre page Facebook @soutiendroitUL

March 26, 2019 /Le Verdict
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March 26, 2019 by Le Verdict

Je trouve cette dernière session en droit exaltante, mais terriblement épuisante. J’ai l’impression de toujours être dans les extrêmes. Le matin je peux défoncer un mur par la force de ma pensée et le soir, je comprends plus du tout comment ma vie peut être trois fois plus difficile qu’il y a trois ans, sans pour autant voir les fruits de mes sacrifices. Quand j’étais à l’UQAM, je voyais les étudiants en droit courir à droite et à gauche. Toujours essoufflés, à boire du café plus par nécessité que par plaisir. Je me disais que moi, j’allais faire ça différemment, que j’allais faire comme j’ai toujours fait et dicter mon rythme, prendre mon temps, choisir mes projets. Mais la vague est forte et elle emporte tout sur son passage, surtout les petites au-dessus de leurs affaires. Trois ans plus tard, je n’ai pas pris mon temps et je suis épuisée. Ce bac m’aura coûté une relation, littéralement toutes mes fins de semaine, et beaucoup trop de temps que j’aurais pu passer avec ma famille, mes amis et mes chiens.

Si je suis déçue de m’être laissé submerger, je le referais. Juste pas demain matin parce que j’ai sacrément besoin de vacances et d’un salaire. Mais même si mes amis s’achètent des chalets pendant que moi je croule sous les dettes, je ne regrette pas de m’être embarquée dans cette aventure de fou qu’est le baccalauréat en droit. Je reconnais la chance que j’ai d’être sous le point de passer au travers indemne et de simplement avoir eu la possibilité de le faire. Je pense à ceux qui font tout ça avec des enfants, des proches qui ne comprennent pas « pourquoi t’es encore à l’école t’étais pas bien dans ton ancienne job ?! » ou qui ont eu à sacrifier leur santé mentale pour une cote Z.

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Cette dernière session je la trouve difficile surtout à cause de ce qui vient après, parce que le marché du travail ne ressemble en rien à ce que je m’étais imaginé. J’ai voulu étudier en droit parce que je suis une éternelle optimiste, que la justice pour tous j’y crois pour vrai. En étudiant les relations internationales, j’avais appris que l’information c’est le pouvoir. Connaître les lois, l’état du droit, c’est malheureusement de l’information peu accessible à la plupart des gens. Ce serait se voiler les yeux que de ne pas reconnaître l’ampleur du pouvoir que j’ai maintenant entre les deux oreilles. Ce que je n’avais pas anticipé c’est comment ce pouvoir se déploie au sein de la société [1].

On a les rêves qu’on peut [2]. Sur mon bagage d’enfance heureusement insipide, de parents aimants et en mesure d’aider, d’amis dévoués et d’un corps qui tient le coup, j’ai érigé les miens assez haut merci et je commence à peine à deviner les contours des obstacles qui m’attendent. Malgré tout, j’ai l’audace de penser qu’un refus est une invitation à faire les choses autrement. J’aime à croire que, pour une fois, je ne sais pas où je vais être dans un an, mais que c’est une bonne chose. À deux mois de la fin de mes études en droit, je m’émerveille de voir que je suis aussi têtue, émotive et forte qu’il y a trois ans. Peu importe votre parcours et vos ambitions, je vous souhaite la même chose au bout du chemin : vous retrouver.

[1] J’aimerais élaborer sur ce point, mais en tant que future avocate je comprends aujourd’hui la valeur du silence et t’invites à développer ta propre réflexion.

[2] Véronique Grenier l’a écrit avant moi.

March 26, 2019 /Le Verdict
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March 26, 2019 by Le Verdict

Le printemps s’installera peu à peu, les rayons du soleil se feront légèrement plus insistants et la Terre tremblera sous les pas de jeunes et plus particulièrement d’étudiants qui répondront à l’appel de l’une, aussi jeune soit-elle, des nombreuses icônes qui s’ajoutera, bien malgré elle peut-être, aux échos de l’Histoire.

Elle arrêta le soleil et mit la Terre en marche.

Souvent employée en référence au célèbre astronome de la Renaissance Nicolas Copernic, il m’apparait, en féminisant ainsi le pronom qui l’introduit, désormais possible, avec une touche d’imagination, de donner à cette phrase un sens nouveau avec la désormais célèbre Greta Thunberg.

Jeune figure des échos les plus récents du mouvement mondial pour le climat qui promet de rugir plus fortement encore dans les prochains mois, Greta Thunberg semble avoir appris des femmes de tête qui l’auront précédée. En marge de la journée des femmes, il est tout désigné d’en faire mention.

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Laurel Thatcher Ulrich, historienne et professeure à l’Université Harvard avait un jour déclaré que : « Les femmes bien élevées entrent rarement dans l’Histoire ». En adoptant évidemment une interprétation limitative et peut-être même erronée de l’idée d’être « bien élevé », le courant général de cette phrase m’apparait tout de même comme étant très évocateur de ce qui semble actuellement se passer.  

En effet, Greta Thunberg, tout comme les Gandhi, Luther King ou les Suffragettes avant elle, utilise la rupture avec l’ordre établi comme moyen de faire pression et ultimement d’inspirer d’autres à faire de même. Après tout, son militantisme, tel qu’on le connait désormais, a bel et bien commencé alors qu’elle séchait chaque semaine les cours afin de manifester devant le Parlement suédois. 

Ainsi, à travers les petits et les grands mouvements, cela mène à se questionner sur ces rapports entre ce type de rupture ou même le concept de désobéissance civile et le changement et sa propension à révolutionner les idéaux, les politiques et les perspectives d’une société. Sans être spécialiste de l’Histoire, un simple intérêt porté à son endroit peut aisément mener à constater que les choses ont souvent changé suite à des luttes précises contre les conventions ou tout simplement les lois en place. Bien que toujours imparfaites, les situations respectives des femmes en Occident quant à leurs droits et plus spécifiquement celui de voter, celle des Afro-américains, celle des travailleurs, celle des étudiants seraient-elles les mêmes s’il n’y avait pas eu désobéissance à l’ordre établi ? Il serait difficile et peu prudent de tenter de préciser une réponse en particulier. Or, il reste tout de même intéressant de se pencher sur ce phénomène et encore plus précisément, je crois, dans une optique d’étude, d’éventuelle pratique et peut-être même de création du droit.

Parallèlement, des individus tels que Bernie Sanders, sénateur du Vermont et candidat aux primaires démocrates en vue de la prochaine élection présidentielle américaine aspirent à changer le système, mais de l’intérieur. Également, nombre d’avocats dans l’Histoire et tous les jours encore ont, par le jeu des lois et la créativité dont ils ont su faire preuve, habilement réussi à faire évoluer les choses, la loi et ultimement l’ordre établi. Ces évolutions ont, par la suite, souvent ou précédemment à leurs démarches, fait boule de neige au sein des mentalités. En ce sens, ces gens agissent, pour la majeure partie de leur action, dans les règles de l’art et réussissent tout de même à inspirer des dizaines, des centaines voire parfois même des millions de personnes. À mon avis, le cadre même du droit est un instrument solide pour militer. La seule chose qu’il faut c’est une volonté à toute épreuve et la conviction profonde de toujours garder à l’esprit ce pour quoi on le fait et ceux pour qui on décide de le faire. La justice devrait, sans failles, tout comme se réclame l’être la désobéissance civile, être celle du peuple avant tout. Au rythme auquel menace de déferler le XXIe siècle, il ne faudrait pas permettre à l’idéalisme de se perdre. Si d’autres avant nous ont su garder la tête hors de l’eau, nous le pouvons bien.

Des discours très en vogue portant essentiellement l’idée que chacun doit prendre en main son destin servent actuellement, lorsqu’on s’y attarde, à opposer ces deux approches. En ce sens, bien que souvent en interrelations, l’une compte davantage sur le citoyen en soi. Quant à elles, la force du nombre et la mobilisation constituent, pour ainsi dire, ses armes les plus puissantes. Dans l’autre camp, qui pourtant possède son lot de ressemblances avec le premier, le citoyen délègue essentiellement son pouvoir d’action à un leader dont l’incarnation et la position constitueront l’arme la plus efficace pour parvenir aux objectifs de l’ensemble. 

Toutefois, après tout, les praticiens du droit, politiciens et autres figures ont parfois une position leur permettant d’agir à l’interne. Or, il a aussi toujours un statut de citoyen à part entière qui vit en société et peut en avoir marre d’attendre ou de se sentir inefficace dans des domaines en particulier. Autrement, les militants, syndicalistes, groupes de pression ou autre aspirent, ou même détiennent parfois, un charisme et un leadership qu’ils sont quelques fois susceptibles de sous-estimer. 

En cette voie, ne nous faudrait-il pas cesser de démoniser d’emblée tout ceux en position de pouvoir et il nous faut, pour ces derniers, cesser de minimiser l’impact qu’un groupe de citoyens peut, en luttant contre les conventions, finir par avoir et ce, parfois beaucoup plus rapidement.

Il serait aussi naïf de croire que l’un et l’autre ne s’influencent pas. Tout n’est pas noir ou blanc et parfois, sans avoir une profonde connotation négative, il ne peut s’agir que de collaboration.

C’est justement ce principe de collaboration qui semble s’imposer comme étant la clé aux impasses. Les décideurs doivent être réellement plus ouverts, plus attentifs, plus à l’écoute et surtout ne pas avoir peur de réformer ou plutôt de soigner les structures lorsqu’elles sont malades ou décalées de la réalité qui elle change, et ce, rapidement. Pour éviter de ne le faire qu’en surface, c’est du courage politique à revendre qu’il leur faut. Il s’agit parfois de savoir ne le faire que pour les bonnes raisons. Copernic a peut-être à l’époque, par peur de la réaction du Clergé, attendu avant de soumettre sa thèse de l’héliocentrisme. Toutefois, Greta et tout ce qu’elle représente n’attend pas. Face à l’urgence et aux degrés en croissance, elle confronte, sans verres fumés ni lunettes roses, elle regarde le Roi-Soleil de ce monde dans les yeux et pendant ce temps des milliers marchent et des millions n’hésiteront plus à désormais marcher derrière elle ou plutôt devrai-je dire... avec elle.

March 26, 2019 /Le Verdict
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March 26, 2019 by Le Verdict

Des mesures concrètes et non seulement des idées 

Le 8 mars, journée internationale des droits des femmes, une date symbolique pour annoncer des pistes d’actions pour lutter contre les inégalités entre les femmes et les hommes. 

En voici deux que je considère primordiales.

En finir avec les inégalités salariales 

Au Québec, si le salaire des femmes continue d’augmenter au même rythme qu’à l’heure actuelle, celles-ci gagneront la même chose que les hommes en… 2060. Il y a loin de la coupe aux lèvres. Maigre consolation, le Québec s’en tire mieux que la moyenne mondiale. Cela prendra 217 ans avant d’atteindre l’équité salariale sur la planète selon le Forum économique mondial.

Néanmoins, le gouvernement québécois prend des mesures pour accélérer les choses. En vertu du projet de loi 10 présenté le 12 février 2019, les employeurs devront indemniser des milliers de travailleuses de façon rétroactive pour des écarts de salaire avec leurs collègues hommes. Ces ajustements visent tous les employeurs de dix employés ou plus au Québec, soit l’équivalent de 35 294 entreprises (34 555 privées et 739 des secteurs public et parapublic).

Ces changements découlent d’une décision rendue le 10 mai 2018 par la Cour suprême en faveur de syndicats québécois qui dénonçaient le régime en vigueur au Québec depuis 2009. 

Selon le régime qui prévalait avec la Loi sur l’équité salariale, les employeurs devaient réviser, tous les cinq ans, l’équité salariale au sein de leur entreprise. Or dans les cas où ils découvraient des iniquités entre hommes et femmes, ils devaient les corriger, mais seulement dans le futur, sans dédommager les travailleuses pour les injustices subies au cours des années précédentes.

Dans sa décision, la Cour suprême avait jugé que ce régime portait atteinte au droit constitutionnel à l’égalité des femmes soit au droit à l’égalité garanti par l’article 15 de la Charte canadienne des droits et libertés.

La gouvernance au féminin.

Le Groupe Femmes, Politique et Démocratie (GFPD) a déposé, le 5 mars dernier, un manifeste en faveur de la représentation paritaire des femmes et des hommes dans la réforme du mode de scrutin au Québec.

Avec les élections du 1er octobre 2018, le Québec a rattrapé un retard historique. Alors que le taux de représentation féminine parmi les députés oscillait autour de la barre de 30 %, les efforts des partis ont permis d’accroître cette proportion à 42,4 %, juste au-dessus du plancher de la zone de parité 40/60. Toutefois, rien ne garantit que ces résultats soient permanents.

Actuellement, le Québec compte 125 circonscriptions. Avec notre mode de scrutin actuel, uninominal à un tour, la personne qui obtient le plus grand nombre de votes des électeurs est celle qui remporte le siège. En mai 2018, quatre chefs de partis ont signé une entente pour réformer le mode de scrutin au Québec. La Coalition Avenir Québec, le Parti Vert, le Parti Québécois et Québec Solidaire se sont engagés, sous le Mouvement Démocratie Nouvelle, à remplacer le mode de scrutin uninominal à un tour actuel par un scrutin proportionnel mixte compensatoire avec listes régionales.

Ce mode de scrutin se décline en deux facettes : 75 députés seraient élus pour 75 circonscriptions qui couvriraient tout le territoire. Cependant, les 50 députés restants seraient élus de façon proportionnelle, peu importe le nombre de sièges remportés par les partis dans les circonscriptions. Chaque parti dresserait des listes régionales de candidats et candidates de son parti qui serviraient à rééquilibrer le résultat final en fonction de la proportion nationale de votes obtenue pour le parti.

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Le mode de scrutin en soi ne garantit pas la parité, c’est grâce à la volonté des partis qu’il sera possible de l’atteindre. Le GFPD propose la méthode de l’alternance des femmes et des hommes sur des listes fermées. Lorsqu’une telle règle est imposée, les partis doivent présenter des femmes et des hommes en alternance sur leur liste. Ainsi, si un parti obtient 20 sièges, la moitié d’entre eux seront occupés par des femmes. Il s’agit de la modalité qui assure le mieux une représentation paritaire. Elle est utilisée dans de nombreux pays tels que l’Allemagne, la Belgique, les pays nordiques, etc. Le GFPD exige aussi que la moitié des listes d’un parti débutent par une femme. Ces méthodes garantissent l’équivalence entre les hommes et les femmes au sein de la sphère politique. 

Si les femmes sont sous-représentées en politique et dans les instances de décision, ce n’est pas parce qu’elles ne s’y intéressent pas, mais bien parce que des obstacles systémiques (organisation des partis politiques, contraintes familiales, domination symbolique exercée par les hommes, etc.) freinent leur accès, c’est donc grâce à ces mesures concrètes que les femmes pourront s’ouvrir officiellement à la politique.

March 26, 2019 /Le Verdict
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March 26, 2019 by Le Verdict

En ces jours sombres d’incertitudes face aux récentes bourdes politiques du premier ministre canadien dans ses manœuvres alléguées visant à influencer la discrétion de l’ex-procureure générale, il m’apparaît opportun de s’interroger sur le rapport de force entre la classe politique et la justice au Canada. Est-ce que la confiance de l’électorat doit triompher sur la primauté du droit ? Voilà une question qui a fait couler beaucoup d’encre au fil des siècles. Quoique vieux comme la démocratie, ce débat ne manque pas d’éveiller les consciences, en ce qu’il remet en question deux principes fondamentaux de notre société, soit la démocratie et l’état de droit.

C’est ce qui m’emmène à la controversée clause nonobstant prévue par la Charte canadienne à son article 33. Cette disposition qui autorise à un gouvernement de déroger aux droits fondamentaux garantis par la Constitution aux art. 2 et art.7 à 15 de la Charte pour une durée indéfinie pourvu que la dérogation soit réaffirmée à tous les cinq ans. Dans les faits, cela donne carte blanche au législateur d’outrepasser le droit à l’égalité, la liberté d’expression, la liberté de religion, le droit à la sécurité et j’en passe en plaçant son acte législatif hors de la portée du contrôle judiciaire. C’est donc un moyen de s’assurer que les acteurs démocratiquement élus au sein de notre société aient le dernier mot sur les tribunaux dans l’exercice de leur pouvoir législatif. 

Est-ce là un pas de plus vers l’idéal démocratique ou est-ce plutôt une grossière atteinte à l’intégrité de notre état de droit ? L’œil aiguisé du constitutionnaliste y verra là sans aucun doute le classique débat de la suprématie parlementaire contre la primauté du droit. Un éternel débat qui en divise assurément toujours plus d’un. L’on constatera que, au cours des dernières années, nombreux sont les politiciens ayant brandi l’arme ultime de la clause nonobstant pour défendre des projets politiques réformateurs remettant en question l’ordre social ou institutionnel de notre société. Que ce soit le projet de charte des valeurs du gouvernement Marois, le projet de réforme du conseil municipal de M. Ford ou même les plus récentes ambitions identitaires de la CAQ en matière d’immigration, les réactions de la population face à une éventuelle dérogation n’ont rien d’homogène. Certains crieront au scandale en y voyant là une atteinte aux droits fondamentaux des citoyens canadiens alors que d’autres y verront l’exercice d’un pouvoir légitime du législateur démocratiquement élu.

À mon sens, une réponse définitive et hors de tout contexte en ce qui a trait à la place de la clause nonobstant n’est pas raisonnablement possible. Il faut savoir qu’en réalité une telle dérogation n’est pas dépourvue de conséquences pour le gouvernement qui s’en prévaut. Au contraire, l’utilisation de l’art. 33 de la Charte est lourd de conséquences du point de vue politique, et ce, surtout lorsqu’il s’insère dans une démarche partisane. Les plus récentes remises en question identitaires au Québec est un exemple patent de ce phénomène. Empiéter sur les garanties constitutionnelles relatives à la liberté de religions au nom de la laïcité et de l’identité québécoise a pour corolaire d’engendrer une forte sanction politique par l’opposition, que ce soit par opportunisme ou par principe. 

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Cela étant dit, ceux arguant les principes de démocratie n’ont pas tort en ce que le rôle premier du gouvernement élu par la population québécoise est de concevoir des lois en fonction de la volonté de la majorité. Faire primer l’action législative des représentants habilités sur l’opinion de juges nommés est une pratique fondamentalement démocratique. C’est là l’essence de la démocratie, et ce, bien que certains y verront un risque d’oppression des minorités. Concept qui soit dit en passant est trop souvent utilisé à tort et à travers pour faire avancer un agenda politique progressiste. Le danger de muter tyrannie de la majorité à tyrannie de la minorité n’a rien d’illusoire en ces temps modernes où la voix de quelques-uns enterre trop souvent celle des nombreux. Démocratie sous-entend tolérance et respect de tout un chacun dans la jouissance de ses libertés individuelles, certes, mais toujours faut-il ne pas perdre de vue que ces principes ne sont pas à sens unique. Bien au contraire, l’histoire et la jurisprudence nous ont enseigné que l’atteinte de cet idéal n’est possible que s’il y a concessions de part et d’autre. Le danger de favoriser les intérêts particuliers sur les intérêts généraux est d’un égal péril que son inverse. Tout peuple comporte sa part de divisions et cette réalité n’est pas en soi fatale. La solution ne réside pas dans l’éradication de ses différences, mais bien dans l’harmonisation de ces dernières pour permettre à la collectivité d’avancer vers un futur meilleur, uni dans l’atteinte d’un idéal commun. Ultimement, il ne peut y avoir perspective de saine démocratie sans vivre-ensemble.

Qu’en est-il donc de l’intervention de la branche judiciaire au sein de cet ordre démocratique ? Après tout, c’est ce à quoi l’on cherche à s’échapper lorsque l’on fait usage de la clause nonobstant. Rappelons que la Cour suprême jouit d’immenses pouvoirs en matière constitutionnelle et qu’elle a eu tôt fait d’en faire usage pour obtenir le dernier mot sur bien des enjeux qui, d’un point de vue objectif, étaient de nature intrinsèquement politique. L’éminent Henri Brun a d’ailleurs mis en garde le peuple canadien à plus d’une reprise face au risque de l’avènement d’un gouvernement des juges à la suite de l’intégration de la Charte canadienne dans l’ordre constitutionnel canadien. Les juges devraient-ils s’en tenir qu’à être bouche de la loi comme l’aurait soutenu Montesquieu ? Les questions de société sont-elles à la merci de la discrétion de juges nommées ou bien serait-il mieux avisé de les réserver à une classe politique élues et d’emblée responsable devant l’électorat ?

Il y a là une question à première vue démocratique, certes, mais de manière plus importante, l’on soulève une question de confiance de la population envers ses institutions politiques et judiciaires. Ce que l’on se demande ultimement c’est lequel du juge ou du législateur est légitime et est, dès lors, le plus digne pour décider de ces questions. Ce qui est certain c’est que la clause nonobstant est une arme constitutionnelle redoutable et que le législateur à intérêt d’en faire usage avec parcimonie et prudence sous peine de porter atteinte aux fondements mêmes de notre société. Inversement, ce constat a pour corollaire que la branche judiciaire se doit de faire preuve de retenue et de déférence lorsque l’opportunité de se substituer au pouvoir législatif se présente, sans quoi le principe de démocratie ne serait que paroles bien vides.

Quoi qu’il en soit, rappelons-nous d’une chose ; justice et politique n’ont jamais été et ne seront jamais chose à part, tout est une question de savoir balancer la nécessité de l’un et la légitimité de l’autre, sans quoi la société qui est nôtre sera vouée invariablement à l’échec.  

March 26, 2019 /Le Verdict
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March 26, 2019 by Le Verdict

Qu’on veuille l’admettre ou non, naître homme, c’est commencer un jeu vidéo, et choisir le niveau de difficulté « facile ».

Au fond, c’est facile être un homme. Je peux être pompette et rentrer à la maison, à pied, aux petites heures du matin sans craindre de me faire attaquer. Je peux porter ce que je veux, je peux prendre le bus sans crainte de me faire importuner.

Cette réalité, c’est une source d’angoisse pour nos consœurs féminines. Quand on s’arrête pour y penser, on peut dire ce qu’on veut sur l’égalité homme-femme, force est d’admettre que si la femme vit dans la peur encore, c’est qu’on est encore loin du compte.

J’ai énormément d’admiration pour ces femmes qui brisent les murs, qui foncent malgré les obstacles et la peur. Ces femmes qui, même en évoluant dans une société qui se dit égalitaire, accumulent les victoires malgré un niveau de difficulté plus élevé. 

Mais qu’est-ce qu’il faut pour l’atteindre, cet équilibre, cette véritable équité ? On a beau légiférer pour promouvoir l’égalité homme-femme, on se rend vite compte que ça ne marche pas. Peut-être que le changement doit être plus profond encore.

L’homme et le féminisme

Parce qu’au fond, c’est quoi, un homme ? La conception classique de la masculinité, l’Homme Mâle, l’Alpha, l’Über Mensch, l’a toujours personnalisé selon des traits précis : un homme, c’est fort, ça ne pleure pas, c’est un leader. À l’image d’un William Wallace qui mène au combat les troupes écossaises contre l’envahisseur britannique, le fantasme masculin en est un débordant de testostérone, sans peur. Il fait pipi debout et son pénis, c’est son sceptre, le symbole de sa domination.

On valorise tellement cette conception tordue de l’homme qu’on en vient à diaboliser les revendications féministes d’égalité et d’équité. On valorise tellement le privilège masculin qu’on en vient littéralement à faire reculer la cause des femmes. On dit que de toute façon, l’égalité est acquise et qu’il n’y en a plus de problème. Parlez-en aux femmes autochtones disparues, parlez-en aux femmes trans qui se font encore dicter leur genre, parlez-en à toutes celles qui se font refuser une promotion parce qu’un congé maternité, « c’est long et c’est mauvais pour la business ». 

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Martin Luther King Jr a écrit, alors qu’il était enfermé dans une prison de Birmingham : « Injustice anywhere is a threat to justice everywhere ». Ces mots résonnent encore près de 60 ans plus tard. On tolère encore l’injustice envers nos consœurs, on les étouffe au lieu de célébrer leurs réussites, on s’efforce encore à leur mettre des bâtons dans les roues. Tant et aussi longtemps que nous allons tolérer ces inégalités systémiques insidieuses, nous ne pourrons pas nous targuer de vivre dans une société égalitaire. 

On en vient à se poser la question : un homme peut-il être féministe ? Diverses écoles de pensée ont abordé la question sous différents angles. Simone de Beauvoir était d’ailleurs d’avis que non, en raison des différences fondamentales entre l’homme et la femme. On peut convenir que ce n’est pas aux hommes de mener les luttes féministes. On peut s’entendre que si nous, hommes, cisgenres ou transgenres, de tous horizons ethniques et sexuels, en s’identifiant comme féministes, pouvons travailler, à notre façon, à changer les mentalités et à œuvrer ensemble pour abdiquer notre privilège, nous pourrons enfin nous affranchir de cette phallocratie qui teinte nos rapports sociaux et atteindre cet idéal de justice. Contrairement à ceux qui véhiculent encore la haine contre la féminité, nous serons du bon côté de l’Histoire.

March 26, 2019 /Le Verdict
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March 26, 2019 by Le Verdict

Le mois de mars est un mois important pour la cause féministe, le 8 mars étant la Journée internationale des femmes. Beaucoup savent qu’il s’agit d’une journée pour dénoncer la discrimination, les inégalités et les violences vécues par les femmes, tout en soulignant le chemin parcouru [1]. Pourtant, peu connaissent l’origine de cette date importante du calendrier. Pour cette raison, ce texte expliquera comment le 8 mars est devenu la Journée internationale des femmes (JIF) pour ensuite exposer l’avancée de la condition féminine dans certains domaines au fil des ans.

L’origine de la Journée internationale des femmes [2] 

D’abord, le premier événement à l’origine de cette journée dédiée aux femmes est la manifestation pour le droit de vote des femmes survenue le dernier dimanche du mois de février 1909 aux États-Unis. Puis, la JIF a été officiellement célébrée pour la première fois le 19 mars 1911 en Allemagne, en Autriche, au Danemark et en Suisse, où à la suite d’une résolution à Copenhague pour l’instauration d’une journée des femmes, des millions d’hommes et de femmes ont participé à des rassemblements. Après cette date, les femmes européennes tiennent des rassemblements au même moment de l’année en 1913 et 1914 pour protester contre la guerre et soutenir les autres femmes. Le 8 mars 1917, des femmes vivant en Russie manifestent pour du pain et le retour de leurs maris de la guerre. En guise de commémoration, le président Lénine consacre, en 1921, le 8 mars comme étant la Journée des femmes.

Des années après ces événements, l’Organisation des Nations Unies (ONU) adopte une résolution désignant le 8 mars « Journée internationale des femmes » et invite chaque pays à consacrer cette journée à la célébration des droits de la femme.

Éducation

Le monde universitaire n’a pas toujours été accessible aux femmes québécoises. En effet, l’université McGill a été la première université à autoriser les femmes à assister à des cours en 1884 [3]. Les universités francophones n’ont suivi le pas que longtemps après. Avant 1908, les universités francophones n’offrent pas de cours classiques aux femmes, si ce n’est que les cours de soir [4]. C’est ainsi que Marie Sirois a obtenu un certificat d’études littéraires en 1904, ce qui a fait d’elle la première femme diplômée de l’Université Laval [5]. Toutefois, bien que diplômée, elle n’a pas assisté à la cérémonie de remise de diplômes à la demande de la direction. 

Quelques années plus tard, Annie Macleod devient la première femme à obtenir un Ph.D. à l’université McGill [6]. Puis en 1912, Carrie Derrick devient la première professeure titulaire au Canada, elle enseigne la génétique et l’évolution à l’université de McGill [7].

Les réalisations de ces pionnières ont eu de grandes répercussions dans la vie des femmes. Non seulement maintenant nous avons librement accès aux cours universitaires et au rang de professeures titulaires, mais les femmes sont dorénavant plus nombreuses sur les bancs des universités. En effet, 57,6 % des diplômes émis par l’Université Laval pour l’année 2017-2018 ont été remis à des femmes [8].

Les femmes dans le monde juridique

L’accès difficile aux études supérieures s’est également reflété dans le domaine du droit. La première femme qui a obtenu un diplôme en droit au Québec est Annie MacDonald Langstaff, diplômée de l’université McGill en 1914 [9]. Cependant, son admission au Barreau a été refusée, décision qui a été confirmée par la Cour supérieure puis par la Cour du Banc de la Reine [10]. Ainsi, cette femme n’a pu accéder à la profession d’avocat puisque les professions libérales étaient réservées aux hommes. De plus, l’article 28 du Règlement sur le Barreau du Québec prévoyait que « nul ne peut être admis à l’étude du droit à moins d’être sujet britannique et de sexe masculin » [11]. Ainsi, après sept modifications législatives, ce n’est qu’en 1942 qu’Elisabeth C. Monk réussit à s’inscrire au Tableau de l’Ordre du Québec, ce qui a fait d’elle la première femme avocate du Québec [12]. À l’époque, la situation était bien différente dans le reste du Canada puisque les femmes avaient accès à la profession d’avocat dès 1895 [13]. Par conséquent, Clara Brett Martin a été la première femme de l’Empire britannique à obtenir ce statut en étant admise au Barreau du Haut-Canada le 2 février 1897 [14].

Ces premières percées dans le domaine juridique ont mené à la nomination, en 1961, de la première juge du Québec ; Thérèse Lemay [15]. Puis, en 1979 Claire L’Heureux-Dubé a été la première femme à siéger à la Cour d’appel. Elle a également été la première femme québécoise nommée juge à la Cour Suprême du Canada en 1987, la première femme juge à cette Cour étant Bertha Wilson nommée cinq ans plus tôt [16].

La persévérance de ces femmes a fait en sorte qu’en 2014, le nombre de femmes admises au Barreau du Québec a surpassé pour la première fois le nombre d’hommes [17]. Bien qu’en 2011 il n’y avait que 20 % des associés de cabinets qui étaient des femmes [18], il y a espoir que ce chiffre augmentera. En effet, les femmes sont plus nombreuses dans la profession dans la tranche d’âge de 20-44 ans alors que ce sont les hommes qui sont plus nombreux pour les 45 ans et plus [19]. Par conséquent, il est possible de croire que lorsque les plus jeunes avocats auront atteint l’expérience nécessaire au partenariat, le nombre de femmes associées augmentera par le fait même.  

En conclusion, l’instauration d’une journée des femmes prend tout son sens en regard de tous les progrès réalisés par les femmes au cours des dernières décennies, voire du dernier siècle. Que ce soit dans l’éducation ou dans le domaine du droit, les femmes ont fait leur place dans des milieux qui étaient autrefois réservés aux hommes. Toutefois, il est encore trop tôt pour déclarer que l’égalité des sexes est atteinte. En effet, en 2016, pour chaque dollar qu’un homme gagne, une femme en gagne en moyenne 89 cents [20]. L’équité salariale n’est donc pas encore atteinte au Québec. Cela étant dit, il y a espoir puisque lorsque nous analysons la disparité salariale hommes-femmes selon les tranches d’âges, plus les femmes sont jeunes, moins les inégalités sont grandes. Cela peut être attribuable au fait qu’aujourd’hui, les femmes sont plus nombreuses à accéder à des études supérieures, et par le fait même à de meilleurs emplois. Donc, serait-ce utopique de croire que, d’ici une ou deux décennies, l’égalité des sexes sera atteinte ?

[1] Conseil du statut de la femme, « L’origine « VÉRITABLE » du 8 mars Journée internationale des droits des femmes », Gouvernement du Québec, [En ligne], [https://www.csf.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/Dinf-Origine-8mars-FR.pdf] (1 mars 2019)

[2]  Les informations contenues dans cette section proviennent du site Conseil du statut de la femme, « L’origine « VÉRITABLE » du 8 mars Journée internationale des droits des femmes », Gouvernement du Québec, [En ligne], [https://www.csf.gouv.qc.ca/wp-content/uploads/Dinf-Origine-8mars-FR.pdf] (1 mars 2019) et Condition féminine Canada, « À propos de la Journée internationale des femmes », Gouvernement du Canada, [En ligne], [https://cfc-swc.gc.ca/commemoration/iwd-jif/about-apropos-fr.html] (1 mars 2019).

[3] Université McGill, « Défricheuses : les femmes de McGill », À propos de McGill, [En ligne], [https://www.mcgill.ca/about/fr/histoire/10-histoires-en-vedette/les-femmes-de-mcgill] (6 mars 2019)

[4] Jonathan Livernois et Alex Noël, « La lente intégration des femmes à l’université », LeDevoir, [En ligne], [https://www.ledevoir.com/societe/education/500927/la-lente-integration-des-femmes-a-l-universite] (6 mars 2019)

[5] Yvon Larose, « À la mémoire de la première femme diplômée de l’Université », Le journal de la communauté universitaire, [En ligne], [https://www.lefil.ulaval.ca/memoire-premiere-femme-diplomee-universite-24121/] (6 mars 2019)

[6] Supra, voir note 3.

[7] Ibid.

[8] Bureau du registraire, « Statistiques », Université Laval, [En ligne], [https://www.reg.ulaval.ca/files/content/sites/reg/files/files/4-Stats/ProfilULaval_Cy01.pdf] (6 mars 2019)

[9] Supra, voir note 3

[10] Emeline Magnier, « Le Barreau au féminin », Droit-Inc, [En ligne], [http://www.droit-inc.com/article12210-Le-Barreau-au-feminin] (7 mars 2019)

[11] Ibid.

[12] Ibid.

[13] Constance Backhouse, « MARTIN, CLARA BRETT », Dictionnaire biographique du Canada, [En ligne], [http://www.biographi.ca/fr/bio/martin_clara_brett_15F.html] (7 mars 2019)

[14] Ibid.

[15] Supra, voir note 10.

[16] Ibid. ET Gouvernement du Canada, « La Cour Suprême du Canada », [En ligne], [https://www.scc-csc.ca/court-cour/info/poster-affiche-fra.pdf] (7 mars 2019)

[17] Barreau du Québec, « BARREAU-MÈTRE 2015 LA PROFESSION EN CHIFFRES » Barreau du Québec, [En ligne], [https://www.barreau.qc.ca/media/1163/barreau-metre-2015.pdf] (7 mars 2019)

[18] Supra, voir note 10.

[19] Supra, voir note 17.

[20] Karl Rettino-Parazelli, « Le Québec se rapproche de l’équité salariale », LeDevoir, [En ligne], [https://www.ledevoir.com/societe/532671/le-quebec-se-rapproche-de-l-equite-salariale?fbclid=IwAR3URoFgeLtSoL6BXcsdTAoo6OlsX8S6VFvg0g8F43B2OaR57uGAs52SWrE] (8 mars 2019)

March 26, 2019 /Le Verdict
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March 26, 2019 by Le Verdict

C’est en février dernier que Me Catherine La Rosa, juge à la Cour supérieure du Québec, a accepté de m’ouvrir les portes de son bureau pour me parler de la passion qui l’anime pour sa profession. Ayant exercé en pratique privée dans le domaine du droit de la famille et de la personne avant d’accéder au poste de juge en 2006, elle me raconte ses débuts, mais aussi ce qui compose son quotidien avec un enthousiasme contagieux et une vision empreinte d’humanité et de bienveillance.

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Il y a de ceux pour qui le choix de carrière est décidé avant même d’en cerner les contours précis. Ce fut le cas pour Me La Rosa qui, dès les premiers moments de l’entretien, me répond sans détour que le droit a toujours suscité chez elle un vif intérêt. Dès son jeune âge, elle prenait plaisir à défendre ses camarades. N’aimant pas être témoin d’injustice, elle n’hésitait pas à aller voir ce qui se tramait dans la cour d’école pour tenter de résoudre les conflits qui éclataient. Si le domaine juridique lui apparaissait comme une certitude, l’avenue du droit de la famille ne figurait toutefois pas dans ses plans de carrière initiaux. Après avoir reçu son titre d’avocate, Me La Rosa débute en litige au niveau civil et commercial, pratique qui s’arrimait avec sa volonté professionnelle à l’époque. Peu de temps après, elle emménage à Montréal et se retrouve chez Martineau Walker (aujourd’hui Fasken Martineau). Comme il manque cruellement de main-d’œuvre dans la section de droit de la famille, elle est approchée par sa patronne de l’époque, Me Pierrette Rayle, l’une des meilleures avocates au Canada en droit de la famille, qui lui offre la possibilité de lui apporter un coup de main. Ce qui semble temporaire devient permanent alors que Me La Rosa accepte quelques mois plus tard d’être formée pour travailler à temps plein dans la section de droit de la famille. Placée devant des dossiers complexes, mais extrêmement stimulants, cette branche du droit l’amène à toucher à plusieurs aspects tels que le partage de biens, le droit fiscal et le droit corporatif, le tout parsemé d’une dimension psychologique, ce qui la comble. Pour ajouter à cela, sa patronne l’encourage à s’impliquer au niveau de la formation permanente où elle se prête à la rédaction d’articles et donne des conférences. C’est ainsi que, de fil en aiguille, elle acquiert de l’expérience et se spécialise. Aujourd’hui, le droit familial est devenu sa branche de prédilection.

Ayant comme sujet l’humain au cœur de sa pratique, certains dossiers viennent évidemment la chercher émotionnellement. Pour m’aider à mieux cerner son état d’esprit, Me La Rosa me donne l’exemple d’un chirurgien qui doit procéder à une opération : même si l’opération est d’une grande envergure, il ne pleure pas et ne craint pas le sang. Il fait ce qu’il a à faire en suivant ses procédures et accomplit son intervention médicale. Un juge par définition est placé face à des situations dans lesquelles il y a un problème à résoudre. Qui dit « problème » dit par le fait même « émotivité ». En ce sens, l’émotion est toujours présente et bien que Me La Rosa ait concentré sa pratique en droit familial par le passé, elle me confie qu’encore aujourd’hui, son empathie demeure présente pour les gens. À ses yeux, le travail de juge consiste à trouver des solutions, solutions qui ne se trouvent qu’après avoir entendu les gens. Le vif désir qu’elle me témoigne de prendre le temps de réellement comprendre la personne qu’elle a devant elle avant de poser un quelconque jugement lui permet de conserver son aptitude à se mettre à la place d’autrui. Dans l’éventualité où l’émotion prend le dessus, il s’agit de suspendre la séance le temps de quelques minutes afin que chacun puisse reprendre ses esprits et ainsi être dans de bonnes dispositions dans la salle d’audience. 

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Le rythme de ses journées peut parfois se ressembler lorsqu’elle est amenée à faire des causes de longue durée sur un sujet donné. Elle commence vers 9 h ou 9 h 30, prend une pause d’une vingtaine de minutes, ajourne à midi trente, reprend à 14 h, prend une courte pause en après-midi et ajourne généralement à 16 h 30. Elle tente le plus possible de respecter ces heures de cour types, car elle me souligne que du travail est à faire avant, mais également après ces heures. Lorsqu’elle est vis-à-vis des causes rapides dont la durée est d’une trentaine de minutes et où de petits points sont à régler, le rythme est succinct, car elle peut avoir plusieurs de ces causes à traiter au cours d’une même journée. Si la juge est en mesure de rendre son jugement sur le banc, c’est-à-dire lorsque les personnes sont placées face à elle, elle le fait. Quant aux jugements qu’elle n’a pas été en mesure de rendre dans l’immédiat, elle doit les rédiger. C’est lors de ces périodes où elle ferme la porte de son bureau et où l’on dit qu’elle est en délibéré. De façon générale, le travail de juge à la Cour supérieure est tout sauf routinier.

Devant parfois se rendre dans des établissements de soins de santé pour entendre des ordonnances de soins, Me La Rosa me confie aimer particulièrement cet aspect de proximité avec les justiciables. À ses yeux, le juge est une personne qui aide à trouver des solutions alors que la personne n’est pas parvenue à régler sa situation par le biais de la médiation ou de la conciliation. Consciente que ce moment est probablement l’endroit dans sa pratique où elle est confrontée à la personne dans son état le plus vulnérable, ce temps de dialogue qu’elle peut avoir avec le justiciable lui permet de sortir de l’application du droit pur tel que pratiqué à la Cour d’appel, là où la plupart des personnes qui viennent plaider sont des avocats. Il faut dire que la personne qui se présente devant le juge dans ces circonstances est souvent placée dans un rapport de force inégale en raison des rapports des psychiatres venant détailler sa problématique et faire état des motifs pour lesquels elle devrait être sujette à une ordonnance de soin. En ce sens, ce moment où le justiciable lui fait face, se met à nu et expose son point de vue au juge est empreint de respect. Non seulement ce temps de dialogue accorde un espace de prise de parole au justiciable, mais il permet aussi à la juge de l’amener à prendre conscience que si l’avenue de l’ordonnance de soins est priorisée, c’est avant toute chose parce qu’elle considère qu’il est dans son intérêt premier d’agir ainsi. Et, contrairement à ce que l’on pourrait peut-être croire, cet échange est des plus bénéfiques puisque dans plusieurs cas la personne finit par se résoudre à cesser de parler et à remercier la juge. Ces journées, bien qu’exténuantes, lui procurent un sentiment d’accomplissement et lui renvoient le sentiment d’être exactement là où elle devrait être.

Si Me La Rosa pouvait changer un aspect à la pratique actuelle du droit, elle se concentrerait sur le travail préliminaire de discussion des avocats avant qu’ils ne se présentent devant la Cour. Me citant le Code de procédure civile qu’elle a enseigné par le passé et qui le souligne à l’intérieur de ses pages, elle souhaiterait que les gens prennent préalablement le temps de discuter entre eux afin d’évaluer s’ils sont en mesure d’arriver à régler la situation à laquelle ils sont confrontés avant de se tourner vers le tribunal et risquer d’encourir des frais qui pourraient être évités. À ses yeux, ce changement de culture modifierait radicalement la pratique. Elle entend d’ailleurs le faire au courant des prochaines années.

Ce qu’elle souhaiterait dire aux étudiants en droit et aux jeunes avocats, c’est de ne pas hésiter à saisir les multiples opportunités qu’offrent les régions. C’est durant sa pratique qu’elle a pris conscience que certains districts judiciaires manquaient cruellement de relève. Selon elle, les jeunes ne devraient pas craindre d’aller pratiquer en dehors des grands centres. Les régions telles que la Gaspésie, les îles de la Madeleine ou l’Abitibi pour ne nommer qu’elles regorgent de possibilités et ont beaucoup à offrir à ceux qui débutent dans le domaine. Elle soutient que la qualité de vie se révèle dans plusieurs cas des plus exceptionnels, mais qu’elles constituent également des occasions en or d’obtenir des postes particulièrement recherchés quant au développement de ses compétences. Elle insiste sur le fait que les régions possèdent tous les atouts pour donner lieu à de très belles carrières.

March 26, 2019 /Le Verdict
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March 26, 2019 by Le Verdict

Entre la finalisation de mes annexes en droit de la famille et la poursuite de mes lectures de la Collection de droit, je me permets de vous partager mon expérience à l’École du Barreau. Je vais être honnête, le présent texte n’a pas pour vocation de vous donner le secret pour obtenir la première place sur le tableau d’honneur de l’école. Il s’agit plutôt de vous raconter l’expérience d’une étudiante à l’école ; mon expérience.

À l’image de mes traditionnelles « ChroniChatStory » sur les réseaux sociaux, je vais reproduire le même concept dans cet article. Pour ceux qui ne connaissent pas le concept, sachez que j’élabore sur mon parcours en droit avec transparence, humour et une bonne dose d’autodérision. 

L’École du Barreau en quelques mots : stimulant, exigeant, plaisir, apprentissage +++, stress ++, dépassement, routine et amitiés. Bref, pour moi, c’est beaucoup de choses à un tel point que je ne sais pas trop quoi répondre lorsque quelqu’un me demande si j’aime ça. Dans l’ensemble, j’ai beaucoup plus de positif à en dire que de négatif. J’adore le côté plus axé sur la pratique que je trouvais qu’il manquait parfois au baccalauréat. Le défi intellectuel est impressionnant. En revanche, la charge de travail qui l’accompagne l’est tout autant ! Pour essayer d’être cohérente, je vous ai dressé une petite liste des côtés positifs et des côtés négatifs.

Les +

Comme précédemment mentionné, l’apprentissage est vraiment axé sur la pratique. Il n’y a pas de questions socio/politico/philosophiques du droit. Si vous avez eu le privilège d’avoir soit Me Isabelle Hudon ou Me Jean Fortier lors de votre passage à la faculté, sachez que l’enseignement à l’école ressemble beaucoup à leur style. (Je les aime d’amour !)

Nous progressons très rapidement. L’important, c’est de se lancer et d’essayer. Je me souviens de la première demande introductive d’instance que nous devions rédiger. J’étais figée. Je ne savais pas du tout quoi faire. Syndrome de la page blanche mélangé avec anxiété, stress et terreur. Bref, un beau cocktail ! Je me souviens que je me suis levée, je suis sortie de la classe et je suis allée marcher quelques minutes. Après quelques bonnes respirations où j’ai renvoyé de l’oxygène à mon cerveau, je me suis calmée, je suis retournée dans la classe et j’ai rédigé ma première demande introductive d’instance. Je l’ai gardée. Elle est loin d’être parfaite, mais je suis assez satisfaite du résultat. Je crois qu’elle a une valeur sentimentale à mes yeux. 

Les professeurs sont parfaits ! Je blague un peu, mais ils sont vraiment stimulants, passionnants et dévoués envers leurs étudiants. À titre d’exemple, je viens de terminer le volet « Droit de la famille ». À la fin du dernier cours, j’avais des questions comme quelques-uns de mes collègues. Bien que les cours finissent à 17 h, Me Stéphane Lavoie est resté pour répondre à chacune de nos questions, et ce, jusqu’à 17 h 45 ! Je suis certaine qu’il avait bien d’autres choses à faire en ce jeudi soir que de m’expliquer pour la quatrième fois un concept que je ne maîtrisais toujours pas, mais il me l’a réexpliqué avec le sourire parce qu’il a à cœur le succès de ses étudiants. Après la quatrième fois, j’ai finalement compris (il était temps…) et il était vraiment content pour moi. Bien qu’il soit exceptionnel, je vous assure que l’école regorge de professeurs exceptionnels qui nous poussent à nous dépasser. Je ne pourrai jamais assez les remercier pour le dévouement et la patience dont ils font preuve pour former mes collègues et moi-même.

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Mon expérience ne serait pas aussi agréable sans mes précieux 2PM. Je m’explique. À l’école, nous sommes séparés en groupe d’une vingtaine d’étudiants. Ce sont nos compagnons d’armes pendant 4 mois, à la hauteur de 5 jours par semaine et de 4 heures par jour. Ma plus grande crainte avant de débuter la formation professionnelle était d’être dans une classe avec une ambiance horrible. Je ne vais pas vous mentir, c’est le cas pour certains groupes où je me demande s’ils ne vont pas finir par se battre. C’est ici que je vais vous donner le premier conseil du présent article : Faites preuve de respect et de courtoisie envers vos collègues. Cela peut sembler aberrant comme conseil, mais il n’est pas toujours facile à appliquer. Les classes sont exiguës. Lorsque nous n’aimons pas un autre étudiant au baccalauréat, c’est facile de s’asseoir ailleurs dans un amphithéâtre. Ce n’est pas le cas ici. J’adore mon groupe. Je le vois que tout le monde fait des efforts pour qu’un climat agréable règne dans notre classe. Chacun prend un peu sur soi et fait preuve de respect envers les autres. Il y a des journées où nous sommes plus fatigués et irritables. À l’école, des petits irritants comme une personne qui parle durant le cours, qui mange ou qui pose peut-être un peu trop de questions, ça existe. Toutefois, nous prenons sur nous et faisons preuve de respect envers nos collègues. Je suis heureuse qu’il en soit ainsi dans ma classe.

De plus, mon groupe est vraiment particulier ! À chaque semaine, nous apportons de la nourriture pour l’ensemble de notre groupe (incluant le prof du moment). Bref, nos pauses ressemblent à des orgies de nourriture : chips, biscuits, beignes, muffins, gâteau d’anniversaire et légumes. Je tiens à préciser que la journée légumes était pour se déculpabiliser avant de retourner dans la déchéance. À la fin de la session, nous risquons tous d’avoir un début de diabète et/ou de cholestérol. Nous apportons tellement souvent de la nourriture que, pour la dernière journée en compagnie de Me Lavoie, il nous avait dit que c’était à son tour de contribuer. Résultat : il a apporté deux douzaines de beignes ainsi qu’une douzaine de muffins. C’est gênant de vous avouer que nous avons tout mangé. 

Il faut également savoir qu’à l’école, nous avons tous notre nom imprimé sur un carton placé devant nous. Dans un élan un peu niaiseux, je suis allée acheter des autocollants de chats, chiens, animaux exotiques, dinosaures et autres que nous avons tous apposés sur nos cartons. C’est un peu stupide, mais nous nous trouvons bien drôles et je dois vous avouer que je trouve hilarant de voir les enseignants ne pas trop saisir ce qui se passe. Après quelques jours avec nous, ils finissent tous par repartir avec l’autocollant de leur choix. Notre prochaine grande idée est d’organiser un échange de cadeaux sans aucune raison valable.

Toutes ces petites choses peuvent paraître très anodines. Toutefois, je peux vous assurer que ça aide grandement au climat qui règne dans notre classe où chacun sent qu’il y est le bienvenu. Je suis heureuse d’aller à mes cours parce que je le sais que je vais pouvoir être avec mes 2PM et qu’il n’y a aucun malaise lorsque l’un de nous ne connaît pas la réponse. Cela crée d’ailleurs un fort sentiment d’entraide et cela devrait être ainsi dans chaque groupe. La formation professionnelle est vraiment difficile et exigeante. Si vous pouvez compter sur l’aide de vos collègues, vous partez assurément avec une longueur d’avance. Dans notre groupe, nous avons des « spécialistes » (MANQUEMENT PROFESSIONNEL !!! –15 points à l’examen) notamment en droit des affaires, en droit fiscal et en droit des obligations (ça, c’est moi, voir que j’essaye de me rattraper pour le précédent commentaire en droit de la famille). Je sais pertinemment que la personne que j’ai aidée en droit des obligations risque de m’aider en droit pénal. Au lieu de travailler individuellement à réussir nos examens, nous travaillons collectivement pour que nous puissions tous réussir.

J’ai également une petite pensée pour les deux personnes ô combien sympathiques qui travaillent au secrétariat. Elles sont formidables, toujours souriantes et elles trouvent des solutions à tous nos problèmes administratifs. Ce sont des perles.

Les –

La routine ! C’est ce que je trouve le plus souffrant et je ne suis pas la seule. L’une de mes amies dans ma classe m’a fait remarquer que c’est un peu comme revivre sans cesse la même journée. À tous les jours, nous devons préparer des annexes et faire de la correction d’annexes, et ce, pendant 4 mois. C’est difficile à expliquer à quel point c’est annihilant. Nous en perdons même la notion du temps. Ce n’est pas un phénomène isolé. Nous finissons par ne plus savoir quel jour de la semaine nous sommes.

Le fait de réaliser que, même si je fais tout ce que je peux, cela ne sera peut-être pas suffisant. Je ne suis pas pessimiste, mais tout le monde travaille très fort et, malheureusement, les taux d’échec demeurent assez élevés.

Ce n’est pas vraiment un point négatif, mais la charge de travail est énorme. Certes, il y a certaines personnes pour qui ce n’est pas le cas, mais, en regardant autour de moi, je peux vous assurer qu’il ne s’agit pas de la majorité. Ces personnes sont plutôt des exceptions. 

Conseils en vrac

Apprenez à gérer votre stress. La formation professionnelle, c’est vraiment un « mind game » et il y a des personnes qui perdent un peu contact avec la réalité et deviennent vraiment méchantes. La matière n’est pas plus difficile qu’au baccalauréat. Il n’y a aucune raison de faire une contre-performance. 

Pendant la formation, vous allez devoir assister à des conférences thématiques. Ne paniquez pas avec votre choix de conférences, vous allez même pouvoir le modifier lors de la première semaine de cours. Mes coups de cœur sont les suivants : Les attentes des juges face aux plaideurs, Plaider avec succès devant la Cour d’appel, Témoin et témoin expert et Juribistro : UNIK-CAIJ.

Les fameux « Cours pro-Barreau » : Honnêtement, je pense que je n’en ai fait aucun ou presque. Est-ce que je le regrette ? Ça dépend des jours ! N’ayant pas fait Sûretés réelles et publicité des droits ainsi que Droit patrimonial de la famille, je peux vous assurer que les deux dernières semaines furent chargées pour moi. Toutefois, même si je pouvais retourner dans le passé pour changer mon cheminement, je ne le ferais pas. J’ai adoré les cours que j’ai suivis au baccalauréat. C’était important pour moi de faire un stage à la magistrature, de suivre des séminaires et de faire le Tribunal-école. Je ne serais pas aussi passionnée par le droit si j’avais suivi le parcours classique du parfait étudiant se dirigeant vers l’École du Barreau. Lors de ma première session en droit, l’un de mes enseignants m’avait conseillé de choisir uniquement les cours qui m’intéressaient. C’est l’un des rares conseils que j’ai suivis. Je me permets donc de vous le suggérer également.

La Collection de droit : Personnellement, je la lis, mais je fais partie de la minorité. Sans grand sondage étoffé, je dirais qu’un étudiant sur trois ou quatre la lit. C’est personnel à chacun. J’essaye d’en lire une cinquantaine de pages par jour. À ce rythme-là, je vais réussir à la lire intégralement d’ici la fin de la session.

Bref, la formation professionnelle est exigeante, mais elle n’a pas à être souffrante pour autant. La majorité du temps, j’ai beaucoup de plaisir même si je dois travailler excessivement fort. Je ne vois pas la formation où le seul objectif est d’obtenir une moyenne finale de 60 %. Je la vois beaucoup plus comme la dernière occasion de solidifier mes connaissances en droit avant de débuter ma carrière.  

ChroniChat !

March 26, 2019 /Le Verdict

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