LE VERDICT

Journal des étudiants en droit de l'Université Laval

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November 19, 2018 by Le Verdict

S’étant largement impliqué dans la vie étudiante durant ses études, Simon a su se démarquer en obtenant sa place en tant que vice-président aux affaires académiques dans l’AED et stagiaire chez Stikeman Elliott. Dans cette entrevue, il nous offre entre autres quelques conseils sur les techniques d’études à adopter et sur l’attitude à maintenir face aux embûches.

Parle-nous un peu de toi, ton parcours universitaire et ton poste à l’AED.

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J’ai eu un parcours un peu atypique. Ça fait déjà quatre ans que je suis à l’université. J’ai fait une session en communications, deux en administration et une autre en sciences politiques avant d’en arriver au bac en droit. Je sais que ça étonne plusieurs quand je leur dis que j’ai été refusé à la Faculté deux fois avant d’être admis, considérant le poste que j’occupe à l’AED en tant que VP académique. Je crois que ce n’est pas parce qu’on part parfois avec un peu plus de difficulté dans nos études que ça ne peut pas se redresser par la suite.  

En ce qui concerne l’AED, le poste de VP académique m’a intéressé dès que je suis entré à la faculté. C’est pour ça que je me suis impliqué au Centre de mentorat l’année passée ; j’ai toujours voulu aider les étudiants. Je connais un peu le bac sur le bout de mes doigts et toutes les possibilités qui y sont offertes, comme les stages et les cheminements différents qui sont proposés, donc c’est sûr que d’aider les étudiants à travers les différentes choses qui sont offertes à la Faculté, ça me fait énormément plaisir. Pour ce qui est des examens et des révisions de notes, je pense aussi être une bonne ressource pour accompagner les étudiants dans le processus.

En tant qu’ancien mentor, aurais-tu quelques stratégies d’étude ou de prise de notes à nous donner ?

Je pense que le plus important, et c’est souvent la partie qu’on oublie de faire, étant donné qu’on a nos ordinateurs en classe, c’est vraiment d’écouter ce que le professeur dit, de prendre de solides notes et de laisser de côté les médias sociaux pendant les cours. Après, c’est certain que de toujours être à jour, c’est la clé. C’est aussi de bien cibler ses lectures, de vraiment se concentrer tout d’abord sur la loi, ensuite sur la jurisprudence, en faire une lecture ciblée pour voir ce qui est vraiment important, de sortir les ratios et, ensuite, s’il y a quelque chose que l’on n’a pas compris, de compléter avec la doctrine. Mon conseil, évidemment, est de ne pas commencer avec la doctrine et d’essayer de tout maîtriser ce qu’il y a là-dedans parce que c’est avant tout un résumé de ce que l’on a vu durant les cours. Il faut suivre nos lectures par rapport à ce qui est le plus important et se créer une pyramide de priorités dans nos études.

Beaucoup d’étudiants de première année hésitent à s’impliquer dans la Faculté et à participer aux activités qui sont organisées. Qu’est-ce que tu leur répondrais ? Est-ce que c’est possible de concilier études, travail et implications extracurriculaires tout en maintenant des bonnes notes ?

Ce que je disais quand j’étais au Centre de mentorat l’an passé, et je le dis toujours, c’est que ça devrait l’être. Si ça ne l’est pas, ça peut être une alarme que quelque chose ne fonctionne pas dans les méthodes que l’on prend pour étudier. Oui, c’est un bac exigeant, c’est 99 crédits en trois ans et ce sont des cours qui nécessitent beaucoup d’étude, mais au nombre de gens qui le font et qui réussissent bien tout en trouvant moyen d’aller aux partys les jeudi soirs et de s’impliquer dans divers comités, c’est très faisable. Si on en est à un stade où on étudie tellement et on ne fait tellement que des lectures que nos études nous prennent un 50 heures à chaque semaine, c’est un indice, selon moi, que l’on devrait peut-être aller faire un tour au Centre de mentorat pour voir pourquoi on n’est pas capable d’être plus efficace dans notre gestion de temps et dans notre façon de comprendre la matière.

Avoir du succès au stade universitaire, c’est aussi savoir maintenir une bonne hygiène de vie. Comment les étudiants peuvent-ils apprendre à gérer le stress des examens et la pression de performance ?  

Je pense qu’il faut toujours relativiser. Je sais que beaucoup ont le sentiment qu’après un examen qui a moins bien été, leur perspective d’emploi est fichue, mais il faut toujours se rappeler que toutes les pentes sont surmontables et qu’il ne faut jamais lâcher. Ce n’est pas parce qu’un examen a mal été que ce sera le cas pour les autres. Il faut se rappeler que les gens qui ont été acceptés dans le baccalauréat sont, à la base, des personnes brillantes qui ont une facilité à l’école, et qui ont les capacités pour réussir. On n’est pas plus fou qu’un autre. En mettant les efforts nécessaires, tout le monde est capable d’y arriver, certainement.

Quelle serait ta priorité en tant que vice-président aux affaires académiques ?

Il y a beaucoup de choses que l’on essaie de changer à l’interne de la Faculté. On en est encore au stade préliminaire, mais c’est d’éliminer beaucoup de facteurs de stress qui existent à la Faculté en ce moment. L’une des choses dont nous avons longuement discuté, c’est la folie autour des choix de cours. Beaucoup d’étudiants se réservent des cours, d’autres en vendent et les cours les mieux réussis partent extrêmement vite. Pour avoir été dans 3 autres facultés avant celle-ci, je peux garantir que ce phénomène n’existait pas, notamment parce qu’il s’agissait de programmes moins compétitifs et surtout parce que tous les examens étaient les mêmes pour chaque cours, peu importe le professeur choisi. 

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Selon nous, la priorité devrait vraiment être axée sur la matière, sur la pédagogie des professeurs et non pas sur la facilité d’un examen. On est en train de voir avec la Faculté s’il n’y aurait pas des façons que les cours soient un peu plus uniformes, c’est-à-dire que, par exemple, en ayant le cours de droit des biens avec un professeur, ça ne soit pas nécessairement vraiment plus facile qu’avec un autre. Je comprends aussi parfaitement qu’on se sent désavantagé lorsqu’on se retrouve avec le professeur dont la moyenne est de 60%, alors que l’autre, pour le même cours, est de 75 ou 85%. La Faculté s’est montrée très sensible à cette problématique et des solutions sont actuellement sous la loupe.

Cet été, tu as eu la chance de travailler en tant que stagiaire au cabinet Stikeman Elliott, à Montréal. Pourrais-tu nous parler de ton expérience ? Qu’est-ce que c’est, vraiment, de travailler dans un grand cabinet ?

C’est une très belle expérience. J’ai eu la chance de commencer mon été en litige. C’est vraiment d’apprendre concrètement ce que l’on voit dans nos cours, de voir comment ça se pratique dans la vraie vie, étant donné que ce que l’on voit dans nos examens ressemble souvent à du litige. Mais tout ce que l’on voit à l’école, c’est le jugement. On ne voit pas les mille et unes procédures qu’il y a eu avant, comme les demandes en rejet ou les interrogatoires préalables. Donc c’était très enrichissant d’avoir pu aller au-delà du jugement pour assister à différentes parties du processus judiciaire et d’être confronté à la réalité voir tout le processus, qui est extrêmement long, pour en arriver au jugement final, ou, dans 90 % des cas, à des règlements hors cour. C’est donc très enrichissant et formateur d’avoir pu assister à différentes parties du processus judiciaires et d’être confronté à la réalité que l’on oublie souvent à l’université, soit que la grande majorité des litiges se règlent hors cours.  

Ce que l’on fait en litige dans un bureau d’avocats, premièrement, c’est beaucoup de recherche. Souvent, les avocats vont avoir des questions sur des points de droit sur lesquels ils veulent qu’on leur sorte des autorités pertinentes afin de se faire une tête sur l’angle qui nous sera favorable. On fait aussi de la rédaction de premiers jets de procédures pour que l’avocat ait le squelette de sa procédure avant de la compléter.  Il va ensuite ajouter ou corriger certaines parties de la procédure que l’on aurait pu mieux écrire, donc c’est vraiment formateur. Tu as donc un bon «feedback» en voyant le résultat final et de fois en fois, la qualité de ce que tu écris s’améliore. On assiste aussi parfois les avocats à la Cour, quoique, pendant l’été, il n’y en ait pas énormément. Toutefois, il y a plein d’autres choses qui se font. Par exemple, j’ai assisté à une assemblée des créanciers dans un contexte de faillite, où j’ai pu voir l’avocat avec qui je travaillais plaider les arguments qu’on avait préparés. C’était vraiment très formateur.

Depuis que l’été est terminé, je travaille toujours au bureau à temps partiel, et comme nous ne sommes pas attitrés à un département en particulier pendant les sessions universitaires, j’ai la chance d’ouvrir mes horizons. Depuis septembre, j’ai travaillé sur différents mandats en valeurs mobilières et en droit du travail, choses que je n’avais pas faites cet été. L’expérience est intéressante afin d’éventuellement faire un choix final quant à ma pratique, une fois mon stage du Barreau complété.

Tu as dit que tu avais été refusé deux fois du bac avant d’avoir été accepté, justement, comment fais-tu pour gérer les échecs? Comment les autres étudiants, qui ne se sentiraient pas à la hauteur du bac en droit pourraient-ils eux-mêmes gérer ça ?

Je pense que la clé, c’est de persévérer. Même si j’ai été refusé deux fois, ça ne m’a pas empêché de postuler une troisième fois et si j’avais encore été refusé, j’aurais probablement postulé une quatrième fois encore. Je pense que nous sommes toutes des personnes déterminées et prêtes à prendre les moyens nécessaires afin d’arriver à nos objectifs. Chaque parcours est différent et peut être parsemé d’embuches.  Si on veut vraiment poursuivre une carrière de juriste, il ne faut jamais lâcher. Même s’il y a des obstacles devant nous, c’est de toujours garder notre but en tête.

Ce n’est pas parce quelqu’un termine le bac avec une cote Z sous la moyenne qu’automatiquement, il sera un mauvais juriste. Au contraire, il faut comprendre que la formation académique est ce qu’elle est, mais que la pratique n’est pas un examen de deux heures et demie qu’il faut remplir avec toutes les réponses au bout de nos doigts.

Finalement, que vas-tu retenir de ton passage en droit à l’Université Laval ?

Je pense que ce sont les liens que j’ai tissés avec gens. En ce moment, mon expérience sur l’exécutif de l’AED me permet de connaître de nouvelles personnes à la Faculté. Le nombre de gens qui s’impliquent est incroyable. C’est rempli de personnes formidables dont je vais être déçu de perdre de vue en allant travailler à Montréal, mais je sais que c’est des rencontres qui m’ont marqué. 

Au-delà des compétences juridiques acquises, le passage à la Faculté a tellement à nous offrir pour se développer personnellement. Les défis qu’on peut y surmonter sont multiples. Je me rappelle avoir participé au concours oratoire de l’AED en première année et me sentir intimidé d’avoir à livrer un discours devant des avocats. C’est le genre d’expérience où on fonce parfois la tête baissée, mais qu’on en ressort la tête haute.

Mon conseil, pour ceux qui ont encore plusieurs sessions devant eux, est évidemment de profiter au maximum de votre passage à la Faculté, qui a énormément à offrir.

November 19, 2018 /Le Verdict
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November 19, 2018 by Le Verdict

Bien avant l’avènement des nouvelles technologies, Jeremy Bentham et Michel Foucault imaginaient la théorie de la surveillance panoptique. Il s’agissait d’une prison qui, par son architecture, permettait d’observer les prisonniers sans que ceux-ci sachent si et quand ils étaient effectivement surveillés. Un jeu d’ombre et de lumière permettait aux gardiens de voir sans être vus. Les détenus se profilaient devant eux, comme des ombres non identifiées, mais dont les contours excessivement précis permettaient d’observer les moindres faits et gestes. 

Cette théorie de la surveillance panoptique trouve une résonnance particulière aujourd’hui. En effet, les nouvelles technologies permettent d’appliquer ce principe non plus seulement aux prisonniers, mais également à l’ensemble de la population. Nos téléphones intelligents suivent pas à pas nos moindres déplacements et monitorent nos activités quotidiennes dans leurs plus menus détails. Les réseaux sociaux, quant à eux, permettent de prédire nos opinions ou nos habitudes de consommation avec une acuité déconcertante. Ces outils constituent en un certain sens, une forme de mirador panoptique portatif. Chacun transporte désormais dans ses poches un dispositif qui l’expose à une surveillance continue et invérifiable.

Cette omniscience des technologies de l’information constitue sans contredit un risque pour le droit à la vie privée. Or, les technologies occupent désormais une trop grande place dans nos vies pour que l’on s’en défasse. Devant ces intérêts divergents, le droit a un rôle fondamental à jouer.

 

La protection des renseignements personnels

Les données personnelles sont souvent décrites comme le nouvel or noir. Avec l’avènement de l’intelligence artificielle et des données massives, elles ont acquis une valeur monétaire importante. Elles sont même devenues la principale source de revenus de plusieurs entreprises. Cette ruée vers l’or numérique entraîne cependant une augmentation des risques d’atteinte à la vie privée des personnes concernées par ces renseignements.  

Au Canada, plusieurs lois régissent la protection des renseignements personnels. Nous nous concentrerons sur Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques [1] (PIPEDA ci-après) qui a fait couler beaucoup d’encre récemment. Je présenterai deux principales critiques quant aux impacts de cette loi sur la protection de la vie privée.  

D’abord, en vertu de cette loi, seuls les renseignements portant sur une personne physique identifiée ou identifiable sont protégés. Toutefois, le sort réservé aux données anonymisées est incertain. Qu’est-ce qu’un renseignement véritablement anonymisé ? Devrait-il bénéficier de la même protection que les renseignements personnels ou d’une protection moindre ? Ces questions suscitent un véritable débat dans le milieu puisque plusieurs soutiennent qu’il n’est peut-être pas possible de désidentifier complètement les renseignements personnels sans qu’il reste un risque de réidentification [2].

Or, pendant que le débat sévit, certaines compagnies profitent de ces incertitudes pour amasser plus de renseignements qu’il ne serait nécessaire, cela causant de potentielles atteintes à la vie privée [3]. 

Par ailleurs, un autre principe fondateur de la PIPEDA menace le droit à la vie privée des Canadiens. Il s’agit du principe du consentement prévu à l’article 4.3 de l’annexe 1 qui permet aux entreprises qui respectent certaines conditions de collecter, utiliser et communiquer, des renseignements personnels en échange des services qu’ils offrent. Les renseignements collectés doivent être nécessaires pour réaliser les fins légitimes et explicitement indiquées au formulaire de consentement. Les intentions derrière ce principe sont nobles ; toute personne au sujet de laquelle on traite des renseignements personnels devrait en être informée et y consentir.

Cependant, dans le cas d’entreprises telles que Facebook qui peut collecter et communiquer de manière quasi illimitée les renseignements de ses utilisateurs tant que ceux-ci ont accepté ses politiques de confidentialité, le principe du consentement, dans sa forme actuelle, semble être un bien faible rempart pour protéger la vie privée des utilisateurs.  

Pour ces motifs, la PIPEDA dans sa forme actuelle ne m’apparait plus suffisante pour protéger la vie privée des Canadiens. Elle n’a pas su s’adapter à l’évolution des technologies de l’information. Le Canada sera bientôt appelé à réviser cette loi pour s’assurer qu’elle demeure « adéquate » aux yeux de l’Union européenne. Il s’agira d’une bonne occasion pour réfléchir à la manière dont nous souhaitons traiter la protection de la vie privée pour l’avenir.

Cela étant, il ne faut pas non plus s’alarmer, la protection de la vie privée demeure tout de même, malgré les failles identifiées, relativement en bonne santé au Canada. La protection du droit à la vie privée prévu à l’article de 8 la Charte canadienne s’est paradoxalement mieux adaptée aux réalités technologiques contemporaines. En effet, la Cour suprême a récemment reconnu une attente raisonnable de confidentialité quant à l’information contenue dans les métadonnées [4] et les messages textes historiques [5]. Ces décisions fort opportunes constituent un rempart intéressant contre l’intrusion de l’État dans nos vies privées.

Ainsi, d’ici l’adoption d’une PIPEDA renouvelée, on peut à tout le moins se rassurer en sachant que l’État n’a pas son siège au sein du mirador panoptique.

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[1] Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, L.C. 2000, c. 5

[2] Bob Zimmer, Vers la protection de la vie privée dès la conception : examen de la Loi sur la protection des renseignements personnels et les documents électroniques, Ottawa, 2018.

[3] Enquête sur les pratiques de traitement des renseignements personnels de WhatsApp Inc, 2013 CanLII 3789 (CVPC)

[4] R. c. Spencer, 2014 CSC 43

[5] R. c. Marakah, 2017 CSC 59 ;

November 19, 2018 /Le Verdict
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November 19, 2018 by Le Verdict

« Les policiers n’ont pas agi dans les règles et ont commis des erreurs. Cela a nui à l’enquête, certes, mais ce genre de personne ne devrait absolument pas avoir le droit au respect de leur vie privée. La Charte canadienne des droits et libertés ne devrait tout simplement pas s’appliquer à ces criminels ».

Si le peuple québécois était juge, tel est le verdict qu’il aurait rendu le 12 octobre dernier à la place du juge Lacoursière dans l’affaire R. c. Bettez. À en croire la déferlante vague populaire qui s’est abattue sur les médias sociaux, le Québec, fourche à la main, semble vouloir que justice soit rendue ; il semble vouloir que Jonathan Bettez « paie » pour le meurtre qu’il aurait commis. 

Or, avant de vouloir l’envoyer au bûcher coûte que coûte, avant de vouloir le lyncher sur la place publique, il me semble qu’une réflexion s’impose. En effet, il m’apparait souvent qu’à trop vouloir condamner un individu, on met à mal la Charte canadienne des droits et libertés, qui, contrairement à ce que souhaiterait le peuple québécois, protège aussi bien les criminels que les autres membres de notre société.

Afin de vous mettre en contexte, un bref rappel des faits s’impose : le 31 juillet 2007, la jeune Cédrika Provencher est portée disparue. Débute alors une enquête policière où Jonathan Bettez est rapidement considéré comme étant le principal suspect. Désireux de le coincer à tout prix, les policiers se sont adonnés à une série comportements tous plus graves les uns que les autres, tout en étant motivés que par de simples intuitions. De l’obtention de mandats généraux sans motifs valables à des demandes sans autorisation préalable auprès de Facebook en passant par des déclarations mensongères faites dans le but d’obtenir les autorisations judiciaires émises, les policiers ont bafoué complètement les droits de l’accusé, notamment celui que lui garantit l’article 8 de la Charte canadienne, soit le droit au respect de sa vie privée.

De plus, une autre précision se doit d’être faite : il ne s’agissait pas là d’accusations de meurtre, mais plutôt de chefs de possession et de distribution de pornographie juvénile. Ces accusations, basées principalement sur un schème créé de toute pièce par les policiers, n’ont été déposées qu’à la suite d’une partie de pêche à la preuve. En effet, ceux-ci n’avaient aucun motif valable leur permettant de croire que l’accusé avait commis une telle infraction. Ce n’est que parce qu’il était le principal suspect dans l’affaire de la disparition de Cédrika Provencher, une fillette de neuf ans, que les policiers ont cru que M. Bettez était du type susceptible de se livrer à des pratiques informatiques reliées à la pornographie juvénile. À mon avis, ce raccourci intellectuel ne tient pas la route. Il me paraîtrait tout simplement odieux de récompenser ce genre de comportement en admettant des éléments de preuve ainsi obtenus. 

En dépit du fait qu’il s’agisse de crimes qui répugnent à notre société, la preuve dans l’affaire Bettez a été exclue à bon droit en application du paragraphe 24 (2) de la Charte, paragraphe qui permet d’octroyer un remède lorsqu’il y a eu violation d’un droit fondamental reconnu à l’accusé. 

En droit criminel, le respect de ces droits est d’autant plus crucial. Les accusés se doivent d’être traités de façon irréprochable par les policiers s’ils veulent pouvoir obtenir les condamnations espérées. Malgré le fait qu’il puisse être facile de critiquer vivement notre système de justice, il faut assurément garder en tête que l’existence de remparts contre l’ingérence de l’État et la conduite dévastatrice des policiers garantit au plus horrible des criminels les mêmes droits qui sont reconnus au citoyen le plus honnête.

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November 19, 2018 /Le Verdict
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November 19, 2018 by Le Verdict

Lancée en 2016 par le gouvernement Trudeau, la Commission d’enquête nationale sur les femmes autochtones disparues et assassinées (ENFFADA) avait pour mandat de « se concentrer sur les causes des taux de violence démesurés contre les femmes et filles autochtones » au pays. Après deux ans et demi de travaux, la Commission a terminé ses audiences institutionnelles à Saint-Jean (Terre-Neuve) le 18 octobre dernier. Compte tenu des difficultés rencontrées en cours de route (nombreuses démissions au sein de l’équipe, prolongation demandée en partie refusée), le rapport final, attendu en avril 2019, répondra-t-il aux attentes ?

Dès le début de son mandat, l’équipe de l’ENFFADA a fait face à plusieurs obstacles : manque de ressources financières, écueils bureaucratiques, immense territoire à parcourir pour recueillir les témoignages, difficulté à convaincre les femmes et filles autochtones de témoigner, etc. À un point tel que plusieurs membres ont démissionné en cours de route, arguant que l’ENFFADA était vouée à l’échec. Au total, treize personnes ont claqué la porte. Parmi eux, la première directrice générale, Michèle Moreau, puis sa remplaçante Debbie Reid, de même que la commissaire Marilyn Poitras. Notons également le départ fracassant du conseiller juridique Breen Ouellette qui a dénoncé dans les médias l’ingérence du gouvernement dans l’enquête. Selon ses dires, le gouvernement fédéral « a miné l’indépendance et l’impartialité de l’enquête nationale » en bloquant des enquêtes sur les filles autochtones placées en famille d’accueil. 

S’est ajouté à cela le refus des libéraux de prolonger de deux ans (pour un total de quatre ans) l’ENFFADA. Ces derniers ont décidé d’allouer seulement six mois supplémentaires aux commissaires et autres membres de l’équipe pour terminer leur travail. Plusieurs ont reproché à Trudeau d’avoir refusé de prolonger le mandat de la Commission pour des raisons électoralistes. En effet, les élections fédérales auront lieu en octobre 2019, quelques mois après la sortie du rapport final de l’ENFFADA ; une bonne façon pour le Premier ministre de dire aux Canadiens qu’il a réussi pendant ses quatre années au pouvoir à tenir une commission d’enquête sur le sort des femmes autochtones disparues et à en tirer des résultats probants.

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N’empêche, malgré les embûches, la commissaire à l’ENFFADA et ex-présidente de Femmes autochtones du Canada, Michèle Audette, estime que cette enquête en valait la peine. Elle a permis, a-t-elle mentionné en entrevue avec Michel C. Auger (Radio-Canada), de révéler des actes inimaginables d’exploitation et d’abus sexuels subis par les femmes autochtones que personne n’avait encore osé dénoncer et de dénoncer le rôle joué par certaines institutions religieuses et corps policiers, pourtant chargés de protéger ces femmes.

Les résultats de l’ENFFADA pourraient toutefois s’avérer décevants pour les familles qui ont perdu une mère, une conjointe, une sœur, une amie. Certes il y a eu des dénonciations. Toutefois, les dénonciations ne sont pas synonymes de guérison. Il faut s’assurer d’accompagner les familles dans le deuil et notamment rétablir les liens de confiance brisés entre les corps de police et les communautés autochtones.

D’autant plus, a rappelé Michèle Audette à Michel C. Auger, que la commission d’enquête nationale n’a pu examiner qu’un nombre réduit de cas de disparitions. « Avec le temps qu’on a eu, nous avons examiné seulement une dizaine de témoignages. Qu’est-ce qu’on fait des autres ? Ces femmes et ces filles qui témoignent méritent d’être écoutées. »

Selon Mme Audette, le rapport final de l’ENFFADA n’apportera pas tous les éléments de réponses. Il s’inscrit plutôt dans une série d’actions concrètes que le Canada doit prendre pour enrayer la violence faite aux femmes et filles autochtones. En espérant que ce rapport ne soit pas tabletté comme tant d’autres avant lui.

November 19, 2018 /Le Verdict
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November 19, 2018 by Le Verdict

Vers la fin du mois d’octobre, en lisant les nouvelles, je suis tombée sur un article intéressant intitulé « Compensation de 2,3 millions pour une femme non mariée ». Un article dont le sujet suscite beaucoup d’attention en droit actuellement. En effet, à la lecture de cet article, on ressent le désir du juge et de la journaliste d’un changement dans le régime légal des conjoints de fait. Cependant, il existe un deuxième courant, presque aussi important, qui est de l’opinion inverse. Il y a donc lieu de se poser la question suivante : Devrions-nous imposer un régime aux conjoints de fait ou plutôt continuer de prôner la liberté contractuelle ? Je crois que le présent régime, quant au patrimoine du couple, est suffisant. Les conjoints de fait doivent pouvoir établir leur propre contrat selon leurs valeurs et leurs principes, ce qu’aucun autre régime ne permet. Ce contrat n’a pas besoin d’intervention des tribunaux ou du législateur pour être valide ou équitable puisqu’il reflète la volonté des parties. Je me prononcerai d’abord sur l’instauration d’un régime aux conjoints de fait, qui aurait les mêmes effets que le mariage, puis sur le mécanisme actuellement utilisé pour rétablir un certain équilibre économique entre les conjoints, soit l’enrichissement injustifié.

 

Imposition des effets du mariage aux conjoints de fait 

Je ne crois pas que la loi devrait être modifiée afin que les conjoints de fait aient les mêmes droits et obligations que les personnes mariées. En effet, les époux mariés donnent leur consentement en toute connaissance de cause puisque ces derniers sont informés avant la célébration du mariage des effets du mariage en droit québécois. Lorsqu’ils se disent « oui », les époux acceptent donc les conséquences juridiques du mariage et acceptent l’application de ce régime à leur couple. Cependant, pour ce qui est des conjoints de fait, ils ne donnent pas leur consentement à l’application de ces règles. Est-il possible de déduire que par la simple cohabitation, ces deux personnes consentent à un régime qu’elles ne connaissent pas ou qu’elles comprennent peut-être mal ? De plus, si les effets du mariage sont appliqués automatiquement, quel est le choix offert aux personnes qui ne veulent pas subir de conséquences patrimoniales en raison de leur régime matrimonial ? Il reste toujours l’option du « opting-out », c’est-à-dire la possibilité pour les couples de refuser l’application de ces règles. Toutefois, un conjoint qui ne voulait pas se marier, puisqu’il possède un patrimoine plus important par exemple, lèvera son option « d’opting-out », ce qui laisserait encore le conjoint plus vulnérable sans protection, puisque ce dernier n’aura droit à aucun partage. Puis, si on impose un « opting-out » commun, qui nécessiterait le consentement des deux conjoints, cela ne reviendrait-il pas à forcer le mariage du conjoint qui refuse de se marier ? Or, nul ne doit être forcé à se marier. En somme, malgré l’éventuelle imposition de ce régime le problème demeure, donc il faut respecter la liberté de choix et l’autonomie des conjoints de fait puisque brimer cette liberté n’est pas la solution.

L’enrichissement injustifié

La jurisprudence a reconnu que la convention de vie commune, même tacite, empêche le conjoint de faire une réclamation pour enrichissement injustifié. Dans l’affaire St-Louis c. Martel, le juge Lamarée considère qu’une convention tacite est intervenue lorsque deux conjoints de fait qui gagnent leurs propres revenus se séparent les dépenses du couple de manière inégale. Par conséquent, il refuse la requête en enrichissement injustifié de madame malgré qu’au courant des années, les chiffres démontrent qu’elle a fait des investissements plus importants que monsieur. Pourquoi la situation est-elle inverse lorsqu’un des deux conjoints décide de rester à la maison pour s’occuper des enfants et des tâches ménagères ? Après tout, ce conjoint reçoit une contrepartie en échange de ses services. En effet, pendant toutes les années de vie commune, ce conjoint n’aura déboursé aucun montant pour sa subsistance (ex. électricité, épicerie, loyer, assurances, etc.). Je suis d’avis que si pendant des années, le conjoint à la maison a accepté cette situation, il y a eu une convention de vie commune tacite. Le conjoint qui considérait la situation injuste aurait engagé la conversation sur ce point fondamental de la vie de couple qu’est la vie économique. À titre d’exemple, madame peut demander une certaine compensation monétaire pour son travail ou encore la copropriété de la maison. Bref, à mon avis, tous les conjoints de fait, à défaut d’avoir une convention claire, ont une convention tacite et le tribunal ne devrait pas intervenir dans ces conventions.

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Le conjoint ne peut invoquer que l’autre l’a exploité et que, de cette exploitation, il découle une disproportion entre les deux patrimoines puisque cela signifie invoquer la lésion. Or, la lésion est un vice de consentement uniquement dans les cas prévus par la loi, dont les cas des mineurs ou des majeurs inaptes. Dans l’affaire Ruiz c. Benito, le juge énonce clairement que la convention d’union de fait ne peut être modifiée ou annulée pour cause de lésion. Ainsi, le conjoint ne pourra jamais plaider qu’il n’a pas reçu de contrepartie équivalente à sa propre prestation. Selon moi, plaider l’enrichissement injustifié est une manière indirecte d’obtenir ce qui ne peut être obtenu de manière directe, c’est-à-dire la modification du contrat pour cause de lésion. En effet, l’enrichissement injustifié permet de rééquilibrer la situation économique entre les parties en octroyant la contrepartie qu’aurait dû recevoir le conjoint lésé pour ses services. Pour cette raison, les juges ne devraient pas intervenir dans les conventions de vie commune, même tacites, par l’entremise de l’enrichissement injustifié. Toutefois, il reste toujours possible d’annuler le contrat d’union de fait pour tous les autres vices de consentement (crainte, erreur ou dol), ce qui me semble raisonnable en l’espèce.

En conclusion, je suis d’avis qu’il faut respecter la liberté de choix des conjoints de fait et que l’enrichissement injustifié ne devrait pas permettre à un conjoint lésé d’obtenir la modification de sa convention de vie commune, même tacite. La réforme imminente du droit de la famille ne devrait pas porter, selon moi, sur les obligations patrimoniales des conjoints entre eux puisque cela fait l’objet d’une entente privée. La réforme devrait plutôt s’orienter sur l’intérêt de l’enfant, ce qui semble être la voie préconisée par le Comité consultatif sur le droit de la famille. La solution pour les rapports entre conjoints de fait demeure à mon avis, dans l’information et la sensibilisation de la population à l’égard des différents régimes matrimoniaux et de leurs effets.

November 19, 2018 /Le Verdict
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November 19, 2018 by Le Verdict

J’ai eu la chance d’assister à la conférence de droit du sport de Me Richard W. Pound, à la fin du mois d’octobre. Et quand je dis que j’ai eu la chance de faire cette rencontre, c’est que je me suis déplacée jusqu’à Sherbrooke pour y assister, tout sourire.

Me Richard W. Pound est membre de la Fondation canadienne de fiscalité, de l’Association de planification fiscale et financière et de l’Association du Barreau canadien. Il est membre du Barreau du Québec et du Barreau de l’Ontario et a le titre de comptable professionnel agréé dans les deux provinces. Aujourd’hui, il est avocat au cabinet Stikeman Elliott. Déjà, c’est impressionnant, me direz-vous. Attendez de lire la suite.

Me Richard W. Pound, aussi surnommé Dick Pound, est reconnu mondialement, au niveau du sport international. Time Magazine l’a nommé comme l’une des 100 personnes les plus influentes au monde.

D’abord, il est un ancien nageur olympique des Jeux olympiques de 1960. Il a terminé à la 6e place du 100 mètres nage libre et il a été un membre de l’équipe de relais au 4x100m. En 1962, aux Jeux du Commonwealth, il a récolté quatre médailles. Me Pound a été intronisé au Panthéon des sports canadiens pour sa contribution dans le monde du sport, tant comme athlète qu’à titre d’administrateur. Oui, rapidement après sa carrière sportive, alors qu’il n’a que 26 ans, il devient membre de comité olympique canadien, en étant secrétaire du comité durant 8 ans. « Il faut être au bon endroit, au bon moment », nous dit-il tout bonnement en conférence. Il devient ensuite président de ce même comité, de 1977-1982. On peut donc dire que Me Pound est un membre exécutif du Comité olympique canadien depuis 1968 ! Le Comité olympique canadien, certes, oui, ultra-impressionnant, mais Me Pound impressionne encore plus lorsqu’il nous partage son expérience dans le Comité international olympique. Il y occupe d’ailleurs le poste de vice-président à deux reprises, soit de 1987 à 1991 et de 1996 à 2000.

Il a de plus été président du conseil de coordination du CIO pour les Jeux olympiques de 1996 à Atlanta et il a supervisé, entre autres, toutes les négociations en vue de la diffusion télévisée des Jeux, le marketing et les commandites. Il a été membre du conseil du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de 2010 à Vancouver.

Il a été président fondateur de l’Agence mondiale antidopage (WADA) de 1999 à 2007 et demeure membre de son Conseil de fondation. Il a été président du comité de révision de la régie du Canadian Medical Association Journal (CMAJ).

Depuis 2007, il est membre du Conseil international de l’arbitrage en matière de sport.

Il est également président du conseil d’administration de l’organisation de diffusion Olympic Broadcasting Services.

Bref, si vous n’êtes toujours pas impressionné par le portrait de cet homme, j’ose dire que vous êtes une cause perdue !   

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Mais, pour ceux qui ont de petites étoiles dans les yeux, qui comme moi ne cessent d’associer le nom de Me Pound avec le mot du dictionnaire « impressionnant », voici quelques secrets de cet homme d’exception, dévoilés ici et là durant la conférence.

 

1.     Apprendre le droit civil ET la common law, c’est la clé.

Parce que deux façons de penser valent mieux qu’une.

2.     Il faut s’investir dans notre propre communauté et comprendre son évolution.

Ce n’est que chose faite, qu’il est possible de comprendre le fonctionnement de la communauté internationale, explique-t-il. 

3.     Il est impossible de s’ennuyer si l’on s’investit dans une multitude de domaines différents

Me Pound fait rire son auditoire : « Si j’avais eu à faire le même travail routinier pendant tout ce temps à Montréal et que je n’avais pas eu mille projets intéressants et diversifiés durant ma carrière… (mime de quelqu’un qui s’arrache les tripes) ». Il nous rappelle qu’aimer son travail est tellement important et qu’il est surtout crucial de toujours se surpasser dans ses accomplissements.

4.     Il faut se proposer pour bâtir les brouillons, les idées de départ.

Si tu commences un projet, que l’idée de départ est bonne et que le reste du monde te suit dans cette idée, alors on devra forcément te consulter pour apporter des changements. Créer son propre travail est alors possible, enseigne Me Pound.

5.   Pour réussir ses projets, il faut se forcer à construire notre argumentation de façon à ce qu’elle soit compréhensible de tous.

Tant en droit, qu’en politique, il faut savoir résumer de manière concise et simple, avec un vocabulaire juste, sur des plateformes appropriées. Me Pound nous fait rire une fois de plus : « By the way, Tweeting is not writing ». Il nous répète aussi le dicton suivant : « Vous n’avez jamais deux chances de faire une bonne première impression ». Il faut être capable de prendre l’attention tout de suite et ne pas la laisser partir, nous enseigne-t-il.

6.     Il ne faut pas avoir peur d’affronter les nouvelles réalités.

Me Pound nous raconte comment cette nouvelle chose, « la télévision » était un risque à l’époque. Le Comité international olympique, comprenait qu’il fallait inévitablement apprendre à gérer ce défi qu’est de négocier et acquérir les droits en télévision pour le sport. Il lui fallait surtout négocier des contrats dont la valeur était plus ou moins connue à l’époque. Il nous raconte que pour les Jeux de Montréal en 1976, au niveau mondial, c’était 35 millions de dollars pour les droits de télévision, dont 25 millions provenaient des États-Unis. Aujourd’hui, Me Pound énonce qu’on parle de plus de 2 billions de dollars pour les Jeux d’été ou d’hiver. Les premières négociations de Me Pound se sont déroulées en 1983 en raison des Jeux de Calgary en 1988. En plus d’établir la valeur des contrats, il raconte le problème auquel il a dû faire face concernant les networks (réseaux comme CBC) et le comité d’organisation. Le comité d’organisation croyait que les droits en télévision étaient les leurs en entièreté. Les négociations ont mené à une solution nouvelle correspondant à cette nouvelle réalité et qu’au final, tout le monde en a bénéficié.

7.     Si vous créez un nouvel univers légal tel que l’Agence mondiale antidopage, il faut vous attendre à un exercice complexe et à des divergences d’opinions quant à de nombreuses questions. L’exercice en vaut toutefois le coup.

Les approches et les intérêts des gouvernements sont tous différents. Les athlètes et les fédérations n’évoluent pas tous de la même façon. La réglementation n’est pas la même partout. Mais lorsqu’un système global est en place et qu’il est aimé de la majorité, c’est un pas dans la bonne direction. Il devient alors difficile de faire marche arrière. Ceux qui n’étaient pas nécessairement totalement intéressés envers ce système auront probablement intérêt à s’y greffer plus tard.

Me Pound, merci d’être un modèle pour des étudiants, qui, comme moi, inspire à vivre une carrière en droit du sport. En passant, j’insiste, vous devriez vraiment ajouter le mot IMPRESSIONNANT devant le Me Pound, de sorte que vous seriez présenté ainsi : Impressionnant Me Pound.

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November 19, 2018 /Le Verdict
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November 19, 2018 by Le Verdict

Depuis l’entrée en vigueur de la Charte canadienne des droits et libertés, le débat social s’effrite au profit d’une judiciarisation des litiges opposant le particulier à l’État. Bien que l’État protège déjà une grande sphère d’autonomie individuelle, il semble que l’État doive en faire en plus.

Lors des manifestations étudiantes de 2012, il était évident qu’il y avait un ras-le-bol ambiant envers le gouvernement Charest. Loin d’être le seul enjeu ayant mené à sa chute, le vaste mouvement social qui s’est organisé a su faire tomber un gouvernement aux élections pour faire élire la première femme au poste de premier ministre, Pauline Marois. 

Le contexte social était alors à la contestation des hausses des frais de scolarité des étudiants universitaires. On militait d’abord contre la hausse, mais aussi pour la gratuité scolaire. On invoque le droit à l’éducation, dans une interprétation où ce droit implique une gratuité.

Le milieu universitaire, partenaire de longue date d’une telle proposition, était bel et bien aux côtés des étudiants lors des manifestations étudiantes en 2012. Il semble en effet y avoir une tendance, du moins au sein du monde libre, à la réduction des frais afférents à l’éducation et à la formation des générations étudiantes. On soutient que l’éducation est le meilleur moyen d’émancipation, tant individuelle que sociétale. 

Il convient donc de se questionner sur le financement de l’Éducation. D’un côté, certains valorisent une participation pleine et entière de la part de l’État. De l’autre, on maintient que les frais demeurent négligeables vis-à-vis de nos voisins, que ce soient les autres provinces canadiennes ou bien le milieu universitaire américain.

Le véritable enjeu demeure la philanthropie. Alors que certaines universités possèdent des fonds considérables permettant le réinvestissement au sein des infrastructures existantes, dans la qualité du corps professoral ou bien dans les étudiants eux-mêmes, il semble que la grande majorité, si ce n’est l’entièreté des universités francophones font état de l’enfant pauvre qu’elles sont.

Avant de tirer sa révérence, le recteur Brière a souligné l’importante levée de fonds qui s’est organisée à l’Université Laval l’an dernier. L’objectif initial de 350 millions a été surpassé, contre toute attente, pour atteindre un résultat historique, soit celui de près de 530 millions. C’est signe d’une mobilisation sans précédent auprès de la communauté pour le financement de l’institution.

Le recteur a par ailleurs rappelé que cette somme, s’ajoutant à la levée de fonds de l’Université de Montréal de 580 millions, témoigne d’un changement radical de culture dans la société québécoise.

Malgré cette constatation au sein de la société civile, il semble cependant être tout autre au sein des Facultés. En effet, en mars dernier on apprenait en coup d’éclat qu’une majorité de professeurs de la Faculté de droit se sont opposés à la création d’une chaire de recherche au nom de l’ancien premier ministre canadien Brian Mulroney. 

Ce dernier a récemment participé à un effort prométhéen pour St. Francis Xavier, une école néo-écossaise de 4500 étudiants. Il a amassé plus de 100 millions pour l’institution, en plus d’une somme de 20 millions exclusivement consacrée à des bourses pour les étudiants autochtones. 

Le conseil des professeurs a cependant refusé un tel projet, qui aurait vraisemblablement favorisé le développement d’une expertise en droit international et transatlantique. C’est ce genre de grands projets qui permettent le développement d’une relation d’amitié entre des villes comme Québec et Bordeaux.

Bien que le vote ait été serré selon certains professeurs, il semble que la démarche était vouée à l’échec dès le départ : le projet était si méconnu que même le syndicat des professeurs en ignorait l’existence. C’est l’art de rater une occasion en or.

La Ville de Québec vit depuis les vingt dernières années un rayonnement à l’international inespéré. Pourtant les professeurs de la Faculté de droit préfèrent refuser un projet qui aurait favorisé le développement des étudiants et qui aurait vraisemblablement ouvert les horizons d’une faculté reconnue pour son isolationnisme.

C’est la dichotomie qui représente le milieu universitaire actuel. Autant on prêche pour une éducation des plus accessibles, où l’on réclame le plus de moyens, mais on se permet de cracher à la première occasion sur de l’aide plus que nécessaire au maintien d’une vie institutionnelle riche et active.

Certains professeurs vont même jusqu’à avouer qu’une jalousie maladive a fait pencher le vote en défaveur du projet. C’est le concept du professeur millionnaire qui en aurait fait voter contre le centre de recherche. Les professeurs sont de plus en plus appelés à se prononcer sur la création de chaires financées par le privé dans le contexte du sous-financement des universités. Et on se permet de refuser pour ses propres considérations personnelles, plutôt que le développement des étudiants.

On a tenté tant bien que mal de soulever les scandales politiques de Brian Mulroney pour justifier le choix. Ce n’est un secret pour personne que la faculté n’a aucun professeur ouvertement fédéraliste. Après tout, si le fédéralisme est autant étudié à l’Université Laval, c’est bien pour s’y opposer.

C’est donc plus qu’une simple considération morale que d’avoir le nom d’un ancien premier ministre canadien pour un centre de recherche, c’est aussi par considération politique, bien que personne ne veuille l’admettre. 

Où est la prise en compte des intérêts des étudiants dans cette décision ? Le vote en aurait été assurément différent si c’était les étudiants qui avaient eu à se prononcer.

La Faculté a bel et bien fermé la porte à toute forme d’association avec M. Mulroney. La rectrice D’Amours a cependant été en mesure de sauver les meubles en assurant vouloir mettre en place un projet d’envergure pour souligner le caractère exceptionnel de la carrière de cet ancien premier ministre.

Elle a par ailleurs affirmé que M. Mulroney est une source de fierté collective pour la communauté universitaire, tout en reconnaissant son apport considérable à l’Université au fil des dernières années.

Bien que la décision du corps professoral soit « consultative » et que le Comité exécutif de l’Université ait condamné une telle décision, on demeure au point de départ. La décision n’a pas été désavouée et elle ne le sera pas.

Ce qui est triste en ce bien bas monde, c’est l’imputabilité inexistante de telles décisions. Les étudiants n’ont aucun mot à dire sur une telle prise de position qui pourtant les concerne au plus haut point.

Les grands oubliés de cette décision, ce sont les étudiants et seuls les étudiants. La rectrice devrait s’assurer qu’une telle situation ne se reproduise plus. Vivement un changement de mentalité au sein des universitaires de l’Université Laval.

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November 19, 2018 /Le Verdict
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November 19, 2018 by Le Verdict

Il n’est de secret pour personne que la société dans laquelle on baigne valorise l’excellence. Vous le savez autant que moi : l’idée même de performance est au cœur de nos mentalités. Elle fait partie prenante de notre quotidien et alors même qu’on essaierait d’y faire abstraction, elle nous rattrape bien souvent malgré notre volonté interne de ne pas se laisser affecter.

 Depuis notre entrée à l’école primaire, les résultats sont utilisés pour obtenir le portrait des capacités d’un individu sur divers plans : ses aptitudes de compréhension, de rédaction, de résolution de problèmes, son raisonnement mathématique et j’en passe. Les notes sont dès lors utilisées pour des fins de comparaisons entre les individus. Rapidement, notre cerveau en vient à déduire que les résultats que l’on récolte sont l’illustration pure de notre valeur, de notre potentiel, comme s’ils venaient dessiner les contours de notre intelligence. Le temps passe et jamais cette excellence ne cesse d’être encouragée, priorisée. Comme si elle ne prenait jamais de répit. On entre au secondaire et puis au cégep et c’est la même chanson qui continue à jouer en boucle. La cote R, l’indice de force du groupe, l’écart-type : tout le monde est familier avec ces termes. Nous savons pertinemment l’incidence qu’ils peuvent avoir non seulement sur la trajectoire d’un individu quant à ses perspectives futures d’emploi certes, mais aussi sur les revers que cette course effrénée aux notes peut engendrer au plan psychologique. On envie le succès de notre collègue qui décroche des notes frôlant le 100 %, on voit cette amie à qui tout semble sourire à tous les niveaux, on les regarde, ceux-là et d’autres, en se remettant en question, en doutant de soi et de ses propres capacités. Il ne suffit que d’ouvrir les médias sociaux pour constater que le succès est montré sans détour, chacun voulant exposer ses réussites les plus étincelantes aux yeux des autres, comme si tous cherchaient à atteindre le degré d’approbation sociale véhiculé sans gêne par le biais de la société pour s’assurer d’une valeur suffisante, d’un regard approbateur.

 Et puis, lorsque vient l’entrée à l’université, cette pression continue à monter. Les programmes contingentés n’aident en rien à la problématique. Ils l’alimentent, la font grandir. J’ai été témoin de parcours inspirants, de cette amie par exemple qui se bat de toutes ses forces pour ce chiffre muni d’un point-virgule différent qui lui permettrait de rejoindre le programme qu’elle convoite depuis longtemps et de cet ancien collègue de travail qui fait des pieds et des mains pour amasser les notes les plus hautes possible dans son programme dans l’espoir que sa fameuse cote Z augmente suffisamment pour que sa candidature puisse enfin être retenue. Je ne vous apprends rien en vous soulignant le récit de ces trajectoires qui n’ont rien d’unique dans un monde axé sur l’importance accordée au rendement scolaire. Cette soif de réussite, ce désir ardent de performance n’est pas sans répercussions. Les erreurs sont souvent rapidement pointées du doigt, jugées péjorativement, que ce soit par les autres ou par nous-mêmes. Les échecs deviennent dès lors difficiles à accepter et renvoient l’image que l’on tente de fuir : celle de la faiblesse, de l’insuffisance.

En cette période d’entre-deux entre la mi-session déjà derrière nous et la fin de session qui approche à grands pas, je trouvais important de recentrer cette importance accordée aux résultats. L’examen papier que vous avez rempli en donnant exactement le meilleur de vous-même ce jour-là et qui ne vous satisfait pas, voire même qui vous amène à croire que vous n’avez pas ce qu’il faut, n’est pas une issue finale et ne dépeint pas vos capacités en totalité. Tentez de faire abstraction de ces pensées toxiques qui minent votre moral et qui vous tirent vers le bas. Il y aura toujours d’autres occasions de faire différemment. La vie est remplie de réussites, mais aussi d’échecs et c’est en tirant des leçons judicieuses de ces derniers qu’ils nous deviennent dès lors profitables pour l’avenir. Prenez le temps de souligner vos bons coups parce qu’il y en a assurément et de vous féliciter pour cette petite victoire personnelle que vous redoutiez tant initialement et sur laquelle vous avez eu le dessus. Croyez en vos potentialités et en ce à quoi vous aspirez. Soyez réceptifs face aux embûches que vous rencontrez et relevez-vous en vous appuyant sur vos acquis renouvelés. L’avenir est à vos portes et débute avec le désir de voir loin devant vous.

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November 19, 2018 /Le Verdict
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November 19, 2018 by Le Verdict

  

J’ai vingt-deux ans et déjà la vie me dépasse

À journée longue, j’ai mon nez dans les ouvrages

Mais j’oublie de lire

La tête dans les nuages

Mais j’oublie de vivre

 

J’ai parcouru la terre, le ciel et les océans

Semblerait-il que ça ne soit pas suffisant

Car jour après jour, j’oublie

Et lentement, puis soudainement

Je perds mon cœur d’enfant

 

Autrefois, je regardais le ciel et j’y voyais l’univers

Un tourbillon d’étoiles, entrelacées dans des rayons de mauve et de vert

Je levais la tête et soudain j’étais transportée

Vers un autre monde, une création que, par moi-même, j’avais ficelée

Aujourd’hui, je regarde le ciel

Mais je ne vois rien en particulier

 

Pissenlit qui, par le vent se laisse emporter

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Perd ses pétales, mais sans angoisse, se laisse aller

Jeune bohème qui, dans sa longue robe blanche,

Virevolte dans les prés

Ô comment j’aimerais connaître leur liberté

 

J’aime mon travail et j’aime travailler

Mais parfois je me demande combien je vais devoir donner

Pour enfin pouvoir pratiquer

Combien de nuits encore, à rester éveillée ?

Combien de stress vais-je avoir à gérer ?

Je ne veux pas me plaindre,

Mais je suis fatiguée

 

Il faut travailler pour vivre,

Mais par les temps qui passent,

J’ai l’impression de vivre pour travailler

Dis-moi, mon amour, voudrais-tu aller danser ?

De lampadaire à lampadaire, on pourrait s’accrocher

Courir dans les bois et puis chanter à gorge déployée

 

J’imagine que je n’ai jamais vraiment su

Comment vivre une vie équilibrée

Peut-être faut-il savoir prendre du temps pour soi

Pour avoir une contribution valable à apporter

 

J’ai voulu combattre les injustices

Faire une différence pour les mal-aimés

Dans les contes, j’étais à la fois la princesse et le chevalier

Mais pour tuer le dragon, il faut bien se faire embaucher

 

Serpent des mers qui vient me chicoter

À quel point j’aurai à changer ?

Devrais-je briser mes pieds avec des aiguilles

Et enlever le diamant que j’ai dans le nez ?

Suis-je même digne d’être considérée ?

 

Allez, viens, serpent,

Me donner la pomme

Pour qu’ensuite j’en sois blâmée

J’ai pris le Minotaure par les deux cornes

Et je suis encore sur mes pieds

 

De l’est à l’ouest

Le soleil vient se coucher

Il fait noir un instant

Puis, à nouveau il se réveille

De l’orange et du jaune, des couleurs qui m’émerveillent

 

Les yeux grands ouverts, j’inspire et j’expire

Advienne que pourra, je ferai ce qui m’inspire

Au fond, ce que j’ai envie de dire

C’est que la vie n’attend personne

Et que le stress doit partir

November 19, 2018 /Le Verdict

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