LE VERDICT

Journal des étudiants en droit de l'Université Laval

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January 25, 2019 by Le Verdict

Selon une récente étude du Barreau du Québec, à peine 15 % des femmes sont associées dans les cabinets d’avocats. En clair, cela signifie qu’au sein des cabinets, une forte majorité d’hommes participent à la prise de décision, négocient des contrats, mobilisent des capitaux et retirent des bénéfices (souvent colossaux). Quelles sont les principales raisons qui expliquent un tel écart entre les femmes et les hommes ? 

Réussir à devenir associé au sein d’un cabinet est perçu comme un important gage de succès dans la profession. Afin d’y parvenir, il faut consentir à un investissement personnel considérable : temps, énergie, compétences, etc. Pour beaucoup de femmes, surtout celles qui ont des enfants ou veulent en avoir, devenir associée est tout simplement un objectif difficilement atteignable, voire irréalisable. Dans la grande majorité des cabinets privés, l’horaire de l’avocat est constamment soumis aux exigences des clients. Il n’y a pas de 9 à 5. Et la conciliation travail-famille est bien plus un mythe qu’une réalité.

Le mur de la maternité

La maternité représente un obstacle majeur à toute femme désirant devenir associée. Pourtant, dans une optique d’égalité femmes-hommes, le fait de fonder une famille ne devrait nullement empêcher une femme de gravir les plus hauts échelons d’un cabinet. Mais c’est bel et bien le cas. Trop souvent, on considère que les avocates qui deviennent mères ont moins de temps à consacrer à leur carrière, qu’elles ont nécessairement besoin d’un horaire allégé et flexible. Une avocate qui part en congé maternité est par ailleurs souvent écartée de ses dossiers par son successeur et lorsqu’elle revient, elle doit redoubler d’énergie au travail afin de regagner ses lettres de noblesse auprès de ses patrons. Des stéréotypes et des inconvénients qui ont de quoi en décourager plus d’une de fonder une famille… 

Le projet avant-gardiste Justicia, lancé en 2011, est un partenariat entre le Barreau du Québec et plusieurs grands cabinets visant à développer et à implanter au sein de ces cabinets participants des programmes ou des pratiques exemplaires favorisant la rétention et l’avancement des femmes dans la profession. Ce projet a permis d’élaborer neuf propositions destinées à favoriser une profession plus égalitaire et une meilleure conciliation travail-famille. Parmi elles, prendre le temps de vérifier les attentes des avocats et des avocates avant le début de leur congé parental. Ces propositions proposent également d’établir, d’un commun accord, la façon de répartir les dossiers actifs pendant le congé parental et de permettre aux nouveaux parents de travailler selon un horaire flexible au retour de leur congé.

Seul bémol : ces propositions ne sont pas contraignantes, alors qu’elles devraient être obligatoires au sein des cabinets. Obtenir la parité demande du courage, une réelle volonté « politique » de la part des patrons. Ces derniers ont avantage à agir en faveur de l’égalité femmes-hommes, car plusieurs études montrent que plus les entreprises se féminisent, plus elles sont performantes au niveau économique (Cornet et Bonnivert, 2008 ; Landrieux-Kartochian, 2010).

Heureusement, les choses sont appelées à changer, actuellement les bancs des facultés de droit de notre province comptent majoritairement de femmes. Face au recrutement, les cabinets devront plaire à ces avocates en devenir et la parité semble actuellement un argument prometteur afin d’attirer la crème de la crème. À quand le premier cabinet paritaire de la province ?

 

Cabinets ayant participé à l’étude du barreau du Québec

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Source : http://www.droit-inc.com/article19892-Cabinets-Seulement-une-avocate-sur-six-est-associee

Cornet Annie et Bonnivert Stéphanie (2008), « Leadership et genre », in Annie Cornet, Jacqueline Lauferet Sophia Belghiti-Mahut (dir.), Genre et grh, les défis de l’égalité hommes-femmes, Paris, Vuibert, pp.125-137.

Landrieux-Kartochian, Sophie (2010), « Femmes aux commandes, entreprises performantes ? », Travail, genre et sociétés, no 23, vol. 1, pp. 171-179.

January 25, 2019 /Le Verdict
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January 25, 2019 by Le Verdict

Cet article présente une approche pour rédiger une lettre de présentation accompagnant une demande d’emploi. Il s’agit d’une approche assez générale pour pouvoir s’appliquer à n’importe quel type de lettre de présentation, que celle-ci soit envoyée dans le cadre de la course aux stages, d’une candidature spontanée s’adressant à un cabinet juridique autre qu’un grand bureau, ou encore pour obtenir un poste d’auxiliaire juridique auprès de la magistrature. Je dois préciser d’emblée qu’il s’agit de ma stratégie personnelle de rédaction de lettre de présentation, qui n’est pas nécessairement approuvée par mon employeur (Fasken Martineau). Vous êtes donc invité à faire preuve de discernement pour l’adapter à vos besoins.

Ma stratégie de rédaction d’une lettre de présentation est de la structurer en fonction des quatre questions suivantes, adressées chacune à l’employeur potentiel :

·     Qui suis-je ?

·     Pourquoi moi ?

·     Pourquoi vous ?

·     Et ensuite ?

Pour répondre à la question « Qui suis-je ? », vous devez expliquer au lecteur qui vous êtes et quel but vous poursuivez en envoyant votre lettre de présentation. Je vous conseille de consacrer une phrase à chacun de ces deux sous-thèmes. La première phrase résume vos principales qualifications en tant que candidat, et est destinée à capter l’attention du lecteur dès les toutes premières lignes de votre lettre. En voici quelques exemples fictifs :

·     Étudiant en droit bilingue, j’ai fait un stage d’auxiliaire juridique et l’art oratoire me passionne.

·     Étudiant en droit bilingue, j’ai une formation dans le domaine de la finance et une expérience de travail dans l’une des six principales banques du Canada.

·     Étudiant en droit bilingue profondément engagé en matière de service public, j’ai notamment travaillé bénévolement dans des cliniques juridiques s’adressant à des groupes défavorisés et pris part à plusieurs initiatives d’accès à la justice.

Vous remarquerez que dans chacun de ces exemples, j’ai mentionné mon bilinguisme. Pour le marché de l’emploi de Montréal, il est primordial de parler couramment l’anglais et le français. Par conséquent, si vous êtes bilingue, vous devez le faire savoir à l’employeur dès votre premier contact avec lui. En plus de vos compétences linguistiques, cette première phrase doit faire état de vos qualifications et du type d’emploi pour lequel vous présentez votre candidature. Faites ressortir les qualités recherchées par les employeurs et qui font de vous une personne unique. Cependant, force est de constater qu’il vous sera impossible de brosser un tableau complet de vos qualifications en une seule phrase. N’essayez donc pas de la surcharger de détails, et choisissez plutôt deux à quatre éléments pouvant être énumérés de façon fluide. Par la suite, dans la section « Pourquoi moi ? », vous aurez le loisir d’approfondir les éléments que vous n’avez pas mentionnés au début de votre lettre.

Dans la deuxième phrase du paragraphe « Qui suis-je », vous devez expliquer exactement ce que vous recherchez. Dans le contexte d’un recrutement structuré comme celui de la course aux stages ou des entrevues sur le campus,  tous les candidats recherchent à peu près la même chose. Cependant, si vous présentez votre candidature en dehors de ces processus, il est alors important d’informer les employeurs de vos objectifs. Êtes-vous à la recherche d’un emploi d’été ponctuel ? D’un emploi d’été suivi d’un stage ? D’un travail à temps partiel tout au long de l’année aboutissant à un stage ? Ou seulement d’un stage ? Vous devez exposer clairement vos intentions, ne serait-ce que pour vous assurer de ne pas perdre votre temps en posant votre candidature à un poste que l’employeur ne peut offrir. De fait, même dans le cadre d’un recrutement structuré, il peut être nécessaire de préciser pour quelle année vous souhaitez obtenir un stage. Si la date visée pour le début de votre stage est antérieure ou postérieure à celle de la majorité des autres candidats, indiquez-le dans votre deuxième phrase, encore une fois pour éviter de perdre votre temps en posant votre candidature à un poste que le cabinet sollicité n’offre pas.

Pour répondre à la question « Pourquoi moi ? », vous devez donner à l’employeur les raisons pour lesquelles il devrait vous embaucher. La réponse à cette question, qui est la plus importante des quatre, doit occuper la majeure partie de votre lettre. Selon la nature du poste et vos propres qualifications, votre argumentaire pour répondre à cette question devra en général être scindé en deux ou trois paragraphes organisés autour d’un thème ou de compétences particulières. Par exemple, vous pouvez consacrer un paragraphe à vos succès dans vos études universitaires, un autre à votre expérience de travail ou de bénévolat pertinente, et un troisième à vos qualités personnelles. Ou encore, chaque paragraphe peut décrire une de vos habiletés (recherche juridique, rédaction juridique, prise de parole en public), votre propos étant étayé par des exemples concrets tirés de votre expérience dans divers domaines prouvant que vous possédez cette habileté. La structuration des paragraphes par habileté peut être particulièrement utile si votre curriculum vitæ n’est pas très étoffé, car elle vous permet de réutiliser un élément qui vous a permis d’en acquérir plusieurs.

Au-delà de ces conseils, il est difficile de généraliser quant au contenu de cette section, car celui-ci dépend à la fois du type d’emploi auquel vous postulez et du capital que vous avez accumulé en matière d’expérience et de réalisations. En général, la lettre de présentation vous offre la possibilité de mettre en lumière quelques réalisations clés mentionnées dans votre curriculum vitæ, de les commenter et de les mettre en relation avec les besoins de l’employeur auquel vous vous adressez. À l’intérieur de chaque paragraphe, il est souvent préférable de commencer par les éléments les plus impressionnants ou convaincants, sauf si une autre organisation, par exemple l’ordre chronologique, semble plus appropriée dans les circonstances.

Si la lettre de présentation ne doit pas être une simple mise en prose du contenu de votre curriculum vitæ, vous ne devez cependant pas hésiter à puiser dans les éléments les plus pertinents de ce document pour étayer vos arguments dans votre lettre de présentation. De fait, vous avez besoin de ces éléments, car les exemples concrets et précis sont toujours plus convaincants que les généralités. Dire « J’ai le souci du détail » reste une parole en l’air si vous ne pouvez pas appuyer cette affirmation par un exemple. « Mon travail de rédacteur au journal Le Verdict m’a appris à  avoir le souci du détail et, de fait, j’ai eu la responsabilité de réviser le guide stylistique du journal » est non seulement plus crédible, mais aussi plus marquant pour le lecteur. N’importe quel candidat peut affirmer qu’il a le souci du détail, mais un seulement pourra mentionner avoir révisé le guide stylistique du journal Le Verdict. Vous pouvez également reformuler l’information indiquée dans votre curriculum vitæ ; par exemple, si vous avez obtenu une excellente note à un cours dont le contenu est pertinent pour l’emploi auquel vous postulez (droit criminel pour un cabinet juridique spécialisé dans ce domaine), vous pouvez mentionner cette note de façon distincte dans votre lettre de présentation. De même, le fait de commenter dans votre lettre des éléments clés de votre curriculum vitæ peut vous permettre de les mettre en valeur en les contextualisant de manière à les rendre encore plus impressionnants. Par exemple, si vous avez travaillé 35 heures par semaine tout en suivant vos cours de droit, vous devez le mentionner. Le lecteur ajustera mentalement votre moyenne cumulative à la hausse, sachant que si vous avez obtenu une moyenne cumulative de 3,2 tout en travaillant 35 heures par semaine, vous auriez certainement obtenu une note encore meilleure  si vous aviez pu vous consacrer uniquement à vos études. Enfin, votre lettre de présentation peut faire ressortir des qualités qui sont implicites dans votre curriculum vitæ ou dans vos relevés de notes. Par exemple, si vous avez suivi une proportion importante de vos cours de droit à Laval dans votre langue seconde et que vous souhaitez utiliser cet élément pour faire valoir votre bilinguisme, vous devez l’indiquer dans votre lettre de présentation, car les recruteurs pourraient ne pas le réaliser par eux-mêmes.

La section « Pourquoi moi ? » est également l’endroit approprié pour évoquer les défis que vous avez relevés, ou pour expliquer les difficultés qui ont eu des répercussions sur vos succès dans vos études. Si une maladie, une urgence familiale ou toute autre perturbation a eu une incidence sur votre moyenne cumulative, vous devez le mentionner, car cela vous permettra d’expliquer pourquoi vos notes ne sont pas représentatives de votre potentiel réel de réussite à l’université. À titre d’exemple, si une situation indépendante de votre contrôle a eu des répercussions sur vos notes au cours d’un semestre en particulier, vous pouvez expliquer la situation et fournir une moyenne cumulative recalculée après soustraction des notes de ce semestre, afin de présenter au lecteur une image plus fidèle de votre réussite dans vos cours [1]. Il est presque toujours préférable d’aborder de telles questions ouvertement, car votre lettre de présentation sera le seul moyen de fournir cette information aux gens qui décideront de vous inviter ou non à une entrevue. Si vous ne les informez pas à ce stade, vous risquez de ne pas avoir d’entrevue, auquel cas les recruteurs ne seront jamais informés de ces circonstances atténuantes.

Enfin, une autre manière de structurer la section « Pourquoi moi ? » est de faire correspondre ses subdivisions avec les thèmes annoncés dans votre section « Qui suis-je ? ». Par exemple, lorsque j’ai posé ma candidature pour faire mon stage à la Cour d’appel de l’Ontario, ma lettre commençait ainsi : [Traduction] « Étudiant en droit à l’Université McGill, bilingue, je possède de l’expérience en tant qu’auxiliaire juridique, d’excellentes aptitudes en matière de recherche et de rédaction en droit et des compétences diversifiées, notamment en calcul statistique avancé. » Chacun de ces thèmes (expérience d’auxiliaire juridique, aptitude à la recherche et à la rédaction en droit et compétences diversifiées) a été par la suite développé dans un paragraphe de la section « Pourquoi moi ? ».

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Pour répondre à la question « Pourquoi vous ? », vous devez expliquer les facteurs qui vous ont amené à poser votre candidature auprès de cet employeur en particulier. Cette section suit celle répondant à la question « Pourquoi moi ? », car il est en général plus important (et plus difficile !) de convaincre l’employeur de s’intéresser à votre candidature que l’inverse. Cela dit, même si cette section constitue la dernière partie, elle n’en est pas moins importante pour plusieurs raisons. Tout d’abord, dans le contexte de la course aux stages et des autres activités de recrutement structuré, ce que veulent les employeurs, c’est faire une offre qui sera acceptée ; par conséquent, si vous convainquez le recruteur de votre intérêt sincère pour son cabinet juridique, vous augmentez vos chances de recevoir une offre.   Deuxièmement, selon vos antécédents, les employeurs pourraient craindre que vous ne passiez que quelque temps dans leur cabinet avant de changer d’emploi ou de déménager dans une autre ville. La section « Pourquoi vous ? » vous permet de dissiper ces craintes. Troisièmement, cette section vous offre l’occasion de mettre en valeur la recherche que vous avez effectuée au sujet de ce cabinet ou les contacts que vous y avez noués et ainsi, avec un peu de chances, impressionner encore davantage le lecteur.

Cela nous amène à la section finale, « Et ensuite ? ». Pour la course aux stages et la plupart des campagnes de recrutement structuré, la réponse à cette question est déjà connue ; par conséquent, vous conclurez votre lettre en remerciant le lecteur pour le temps et l’attention qu’il vous a consacrés, et indiquerez ensuite votre disponibilité pour une entrevue à sa convenance. En dehors de la course aux stages, la réponse à cette question peut être moins évidente. Par exemple, si vous posez votre candidature pour un emploi dans une autre ville,  vous devez préciser si vous êtes disponible pour une entrevue par téléphone ou en ligne seulement, ou si vous êtes disposé à vous déplacer pour une rencontre en personne. Si vous le voulez, vous pouvez indiquer que des références et des échantillons de vos travaux de rédaction sont disponibles sur demande.

Telle est mon approche de la rédaction d’une lettre de présentation : répondre aux questions « Qui suis-je ? », « Pourquoi moi ? »,  « Pourquoi vous ? »,  « Et ensuite ? », dans cet ordre. Il existe bien sûr de nombreuses autres méthodes. Une excellente source de conseils de toutes sortes en matière de recherche d’emploi dans le domaine juridique est Guerilla Tactics for Getting the Legal Job of Your Dreams (disponible en anglais seulement), un ouvrage volumineux qui regorge d’avis judicieux, rédigé dans un style accessible et agréable à lire.

Quelle que soit votre stratégie de rédaction, je vous souhaite la meilleure des chances pour vos demandes !

 

[1] De fait, il peut être très intéressant de transmettre à la fois votre moyenne cumulative globale et une moyenne partielle recalculée. Par exemple, si vos notes ont été insuffisantes pendant votre première année universitaire, mais que vos résultats ont été bien meilleurs à partir de la deuxième année, transmettez à la fois votre moyenne cumulative globale et une moyenne sans vos notes de première année. Si vous postulez un emploi dans un cabinet boutique ou si vous avez un intérêt pour un domaine du droit en particulier, vous pouvez aussi donner vos notes uniquement pour les cours pertinents. Par exemple, si vous postulez un emploi dans un cabinet spécialisé en droit du travail, indiquez votre moyenne cumulative globale ainsi qu’une moyenne couvrant seulement vos cours en droit du travail et de l’emploi (en supposant bien entendu que cette moyenne est plus élevée que la première !).

January 25, 2019 /Le Verdict
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January 25, 2019 by Le Verdict

De prime abord, j’aimerais souligner le fait que je ne suis absolument pas une spécialiste. Les conseils que je donne sont ceux que j’aurais aimé avoir lors de ma propre course. Vous n’avez pas à les suivre, mais si ceux-ci peuvent vous aider, j’en suis enchantée !

 

Voir la course du bon œil

La course aux stages est souvent pointée du doigt par plusieurs qui estiment qu’il s’agit d’une trop grande source de stress et qui se font plusieurs mauvaises idées préconçues quant à celle-ci. Je suis d’avis que nous sommes très chanceux que de grands cabinets s’entendent pour offrir la même période de recrutement. Cela permet à tous d’avoir une chance égale et de choisir ce que nous voulons. Dans d’autres programmes, ce genre d’offres de stage ou d’emploi peut parfois se faire à tout moment. Cela devient souvent difficile pour un étudiant, car si une entreprise qu’il aime lui fait une offre, il ne va souvent pas risquer d’attendre pour une autre qu’il aimait un peu plus, par peur de perdre sa chance.

La course aux stages permet de vous familiariser à des situations de recrutement et offre une occasion unique d’apprendre à vous connaître. Je pense qu’il ne faut pas la voir négativement, mais plutôt comme une chance de rencontrer des professionnels inspirants et de voir si ce milieu de travail est fait pour vous ou non. La course n’est qu’une simple réflexion personnelle.

 N’ayez crainte !

Certes, passer plusieurs entrevues dans une courte période de temps est stressant. Je ne vais pas vous mentir là-dessus ! Pour ceux qui ne sont pas stressés avant une entrevue, je veux vos conseils. Toutefois, les entrevues que vous allez faire ont un seul but : elles visent à vous connaître, à en apprendre davantage sur votre personnalité et vos ambitions. Lors de ma propre course aux stages, je n’ai reçu absolument aucune question dont la réponse ne me venait pas facilement. Assurez-vous de bien vous connaître et de maîtriser les éléments de votre curriculum vitæ et votre lettre de présentation puisque les questions posées portent essentiellement sur ceux-ci. Si vous n’êtes pas aptes à parler pendant au moins une minute d’un élément que vous avez écrit, je vous recommande de l’enlever et de vous concentrer sur les points sur lesquels vous êtes en mesure de développer davantage. Si vous connaissez bien les informations que vous avez mises sur vos documents, vous devriez vous en sortir facilement. Aussi, n’oubliez pas, si vous avez inscrit que vous êtes une personne dynamique par exemple, démontrez-le dans votre entrevue !

J’ai également souvent reçu la question « parle-moi de toi ». Je m’étais préparée à l’avance plusieurs points clés dont je souhaitais parler si cette question m’était posée. Cela m’a été très utile. De plus, si comme moi vous n’avez pas la chance de parler anglais au quotidien, je vous conseille de « dérouiller » votre anglais quelques heures avant l’entrevue afin que tout coule plus facilement. Si une question sur votre niveau d’anglais est posée, n’hésitez pas à y répondre en anglais même si l’interviewer continue en français.

Se préparer à l’avance

Les deux semaines de course seront mouvementées surtout pour ceux qui tenteront leur chance à Montréal. Je pense qu’il est important de ne pas prendre de retard dans vos travaux scolaires et lectures. Soyez à jour ! Vous n’allez peut-être pas avoir la tête à étudier ou faire vos lectures à l’aube d’une entrevue. Être à jour va vous permettre de concentrer toutes vos énergies sur la course aux stages et de réduire votre charge de travail durant celle-ci. Vous aurez également plus de temps pour vous reposer. La course se déroule normalement la semaine qui suit la semaine de lecture. Vous avez donc amplement le temps de prendre de l’avance ou de rattraper votre retard durant celle-ci.

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Je vous recommande grandement de ne pas manquer de cours si vous le pouvez. Les cabinets ont souvent différentes plages horaires. N’hésitez pas à demander si d’autres heures sont possibles si celles-ci ne fonctionnent pas pour vous. Il n’y a aucun problème à le faire.

Participer aux activités offertes en janvier

En tant que Présidente du CDAUL, voici mon petit coup de pub ! Le CDAUL et le Vice-président aux affaires professionnelles organisent un bon nombre d’activités en janvier afin de vous permettre d’entrer en contact avec différents cabinets. Je vous invite à y participer. Vous n’avez qu’à rejoindre le groupe Facebook « Inscriptions Affaires professionnelles – Droit Ulaval » pour vous tenir au courant de celles-ci. Vous allez ainsi avoir un bon avant-goût de la couleur de chaque cabinet et avoir une bonne idée de ceux pour lesquels vous désirez ou non postuler. De plus, cela vous permet de commencer tranquillement votre réseautage et être de plus en plus à l’aise avec les professionnels. Ces activités sont souvent de belles occasions de faire bonne impression dans un contexte plus décontracté que lors d’une entrevue.

N’hésitez pas à poser des questions à ceux qui ont déjà fait la course

Un système de mentorat est mis en place à la faculté auprès du Vice-président aux affaires professionnelles. Je vous recommande fortement de poser vos questions à ceux qui ont déjà participé à la course. Ils pourront vous rassurer sur le fonctionnement de certaines choses.

Faire du sport

Vous n’êtes pas obligés de faire un méga circuit CrossFit ou de courir 20 kilomètres par jour. Par contre, si vous êtes anxieux en raison de la course, une simple marche à l’extérieur vous permettra certainement de libérer votre esprit et de faire le point. Je vous souhaite de trouver la bonne méthode qui fonctionne pour vous et qui va vous permettre de réduire votre stress. Pensez à ce conseil si vous êtes dans votre lit et que l’anxiété vous gagne tranquillement. Pour moi, une bonne marche en plein air a fonctionné pour me « calmer les nerfs ».

S’entourer des bonnes personnes

Tous pourront donner leurs conseils ou leurs opinions sur votre course. Choisissez les personnes qui vont savoir vous écouter et simplement vous guider dans vos décisions sans indiquer nécessairement laquelle prendre. Éloignez-vous des personnes qui s’enlisent inutilement dans le négatif. Lors de situations plus difficiles moralement comme la course aux stages, essayez de rester dans un environnement positif. N’hésitez pas à mettre de côté toutes sources négatives. Vous n’êtes pas obligés de parler du déroulement votre course à quiconque. Faites ce qui est le mieux pour vous durant ces deux semaines.

 Beaux, bons, capables

Je me souviens d’avoir eu une entrevue vraiment plus difficile que les autres. J’ai eu l’impression, pendant un instant, d’être la fille la moins compétente au monde (sans blague, ça s’était vraiment mal passé !). Il ne faut cependant pas baisser les bras. Relativisez les choses et revenez en force pour les prochaines. Soyez la première personne qui croit en vous. Rappelez-vous que la vie fait souvent bien les choses. Ce qui est dû pour arriver arrivera. De belles et nombreuses opportunités s’offriront à vous dans le futur si ce n’est pas à l’occasion de la course aux stages.

January 25, 2019 /Le Verdict
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January 25, 2019 by Le Verdict

Situé dans la Ville de Québec, Stein Monast est un cabinet en forte croissance depuis les dernières années, qui a véritablement le vent dans les voiles. Le fait qu’il ne soit que situé à Québec ne lui empêche pas d’avoir des mandats d’envergure à l’échelle de la province du Québec, du Canada, voire même en Amérique du Nord et c’est par son énorme diversité de secteurs de pratique, sa grande équipe de juristes et la relation à long terme qu’il bâtit avec ses clients que Stein Monast réussit amplement à concurrencer avec d’autres grands cabinets qui ont également des bureaux dans la région de Montréal. 

C’est dans l’optique d’en apprendre davantage sur ce cabinet que j’ai eu le plaisir de m’asseoir avec Me Sarah Routhier et Me Hugues Ryan, qui ont fait leur stage ensemble en 2016 et qui sont des produits Stein Monast de A à Z.

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Ancienne étudiante athlète en natation pour le Rouge et Or, Me Sarah Routhier travaille chez Stein Monast à titre d’avocate en droit des transports. Étant arrivée au cabinet avec un esprit ouvert et l’intention de toucher un peu à tout, c’est un pur hasard qui l’a emmenée à choisir cette branche du droit. Le droit des transports étant un droit qui, de base, est administratif, Me Routhier se spécialise sur des questions de conformité réglementaire en relation avec les véhicules lourds sur la route. Celle-ci représente des PME ou des multinationales québécoises ou américaines avec des flottes de 10 à 300 véhicules et transige beaucoup avec la Société d’assurance automobile du Québec et la Commission des transports, où elle plaide environ une fois par mois. Dans le cadre de son travail, Me Routhier se voit conférer des mandats qui impliquent parfois des accidents mortels, ce qui demande beaucoup d’empathie dans le traitement intellectuel de ses dossiers, mais ce qui implique, également, selon un travail extrêmement intéressant et important.

Son aspect préféré de son travail ? C’est la diversité, l’adrénaline. « Les petites urgences, moi, j’adore ça », me dit-elle. « C’est ce qui fait mon bonheur dans ma journée ».

Me Hugues Ryan, de son côté, est également un ancien étudiant athlète, qui faisait du basketball à l’université. Il pratique aujourd’hui en droit des affaires et est surtout mandaté dans des dossiers de fusions, d’acquisitions et de ventes d’entreprises, ce qui implique la négociation et la rédaction de diverses conventions commerciales, en passant certaines vérifications diligentes du point de vue légal. En tout, c’est un processus qui peut prendre de quelques semaines à plusieurs mois, dépendant de la taille de l’entreprise et de la complexité de sa structure.

Dans le cadre de ces transactions, Me Ryan travaille surtout avec des PME, mais transige également avec des entreprises de toutes tailles, qu’il s’agisse d’entrepreneurs individuels en start-up aux grosses entreprises. Puisqu’il est appelé à épauler différents modèles d’affaires de différentes entreprises, il lui est nécessaire de se familiariser avec leurs différents projets et champs d’activités. « Avec le temps que tu mets là-dedans, tu en viens vraiment à apprendre comment une entreprise fonctionne et à connaître le milieu, donc c’est vraiment intéressant, parce que tu touches un peu à tout. », me dit-il.

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Ce qui les a emmenés à choisir Stein Monast ? Les gens. « J’ai véritablement eu un coup de cœur », me dit Me Routhier. « Je me sentais à l’aise, je me sentais moi-même avec eux, alors que ça ne faisait qu’un mois que je les côtoyais. Et ce feeling-là que j’ai eu pendant la course aux stages, je l’ai encore aujourd’hui après quatre ans que je suis ici. »  L’ambiance de travail chez Stein, c’est convivial, c’est décontracté ; et c’est quelque chose que j’ai remarqué dès que j’ai entamé mon entrevue. C’est des gens dynamiques qui se côtoient en tant que collègues, mais également en tant qu’amis. C’est se faire appeler par son prénom et se faire demander comment s’est passée notre fin de semaine, peu importe notre nombre d’années de pratique ou notre niveau d’ancienneté. C’est de savoir que quand on a à travailler un peu plus fort, on a toute notre équipe derrière soi.

Cette convivialité semble aussi être, pour Me Ryan et Me Routhier, un des principaux atouts de leur cabinet. Parce que si l’ouvrage juridique risque de se ressembler d’un cabinet à l’autre, c’est parfois l’ambiance de travail qui fait toute la différence.

Stein Monast est également un cabinet avec beaucoup d’histoire, qui existe depuis plus de 60 ans. Ceux qui y travaillent ont la chance de suivre les pas des Honorables Louis Saint-Laurent, Paule Gauthier et Jean Lesage, et c’est quelque chose d’extrêmement motivant pour ses jeunes avocats, qui sont toujours portés à développer leur curiosité intellectuelle et à se dépasser. 

Malgré cette riche histoire, Me Routhier et Me Ryan n’ont pas du tout de difficulté, en tant que jeunes avocats, à faire leur place parmi les associés un peu plus séniors. « Je ne le vois vraiment pas comme une guerre de tranchées », me dit Me Ryan en riant. « On travaille tous ensemble, donc les avocats plus séniors ont souvent un rôle différent dans les dossiers. Nous, on les aide et ils en sont très reconnaissants. Moi-même, je suis très reconnaissant qu’ils me donnent de l’ouvrage et qu’ils m’appuient, me transfèrent des connaissances. Ce n’est vraiment aucunement une compétition. Il n’y a personne ici qui se prend pour un autre ; c’est très terre-à-terre. On travaille ensemble et le but c’est de mener les dossiers à terme et de rendre un bon service pour le client. Tout le monde comprend ça et chacun met la main à la pâte. Ce n’est pas une question de faire sa place. »

Chez Stein Monast, les stagiaires ont d’ailleurs beaucoup de latitude, tout en étant encadrés. Très tôt, on leur donne de la corde, on leur fait confiance et on leur permet d’échanger avec les clients. « Plus t’as le goût d’apprendre et plus tu as soif de travailler, plus il y a de l’ouvrage et le monde t’encourage là-dedans. On ne se fait pas freiner », me dit Me Ryan. 

Selon Me Routhier, le fait que l’on ait beaucoup de responsabilités à gérer dès nos débuts de carrière n’entraîne pas nécessairement, chez Stein, un compromis au niveau de sa vie personnelle. « Moi, pour l’instant, je m’implique beaucoup dans ma pratique et c’est le choix que j’ai fait, mais j’ai une de mes collègues qui a un enfant d’un an en ce moment et qui gère très bien sa vie personnelle », me dit-elle. « Il y a une très grande flexibilité à ce niveau-là, parce qu’une des grandes valeurs de Stein Monast, c’est la famille. »

L’important, dans notre gestion d’horaire, c’est de garder un équilibre. Surtout dans le secteur transactionnel, qui est assez volatile, les horaires dépendent beaucoup des dossiers. Il n’y a pas d’heures fixes où on entre et on sort. En autant que l’on soit disponible pour nos clients et qu’on soit en mesure de leur remettre des travaux de qualité, c’est très flexible et très conciliable.

Ce que Stein Monast recherche dans ses recrues, ce sont des personnes authentiques et curieuses. Des gens qui vont avoir de l’intérêt pour les mandats qui leur seront accordés et qui auront la discipline et l’entregent requis pour les exécuter. On recherche également quelqu’un de dynamique et d’agréable à côtoyer. Quelqu’un qui, au quotidien, va être en mesure de gérer son stress tout en étant positif et en travaillant en équipe. Des qualités qui, au fond, sont ce qui font d’une personne un bon juriste.

Ce que Me Routhier et Me Ryan conseillent à ceux qui s’apprêtent à faire la course aux stages ? D’être honnête. Honnête dans la manière dont on se présente, parce que c’est généralement les candidats les plus vrais qui ressortent du lot, mais également honnête avec soi-même dans notre choix des cabinets. Le but, avec la course aux stages, c’est idéalement de trouver un emploi à long terme. Un endroit qui nous ressemble, où on ne verra pas les heures passer. Si notre feeling en entrevue est désagréable ou que les discussions coulent un peu moins bien, c’est peut-être un reflet du milieu de travail du cabinet et il faut s’écouter là-dedans. 

« La plus grande leçon que j’ai apprise », me dit Me Ryan, « et je ne veux pas virer cliché, c’est que même dans un bureau d’avocats qui est très sérieux, être soi-même, c’est toujours gagnant et il faut que tu sois heureux dans ce que tu fais en bout de ligne. »

January 25, 2019 /Le Verdict
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January 25, 2019 by Le Verdict

1.     Parle-nous un peu de toi, de ton poste à l’AED et des activités offertes par l’AED en lien avec la course aux stages ?

Je suis étudiant en troisième année et je termine donc au printemps 2019. J’entreprendrai par la suite l’école du Barreau dès le mois d’août pour ensuite effectuer mon stage au cabinet Fasken de Québec. À l’extérieur de la Faculté, je m’implique également en tant qu’entraineur-chef d’une équipe de hockey de la région et j’ai participé à la mise sur pied du programme Penny Drops — Jeunesse Enrichie ici dans la ville de Québec en tant que co-président de l’organisme.

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Mon poste à l’AED est considéré comme exigeant. En effet, dès le mois de mai, on est en contact avec les cabinets et les différents commanditaires de l’AED. Dès l’été, on organise les activités de recrutement qui auront lieu pendant l’année suivante. Il s’agit d’un contact constant avec les ressources humaines des entreprises. Évidemment, cela permet d’être présent aux évènements, de rencontrer les professionnels et les étudiants. Il s’agit d’une très belle opportunité et d’un très beau défi à réaliser.

2.     Pourquoi as-tu choisi de faire la course ?

Dès le début de mon parcours, la pratique privée m’a toujours attirée. Je suis quelqu’un qui adore les défis. Une fois que j’ai réalisé que c’est ce mode de vie et cette pratique qui m’attirait, faire la course aux stages me semblait tout à fait naturel.

3.     Comment as-tu sélectionné les cabinets auxquels tu as envoyé une demande ?

Tout au long de l’année, j’ai participé aux différentes activités de recrutement organisées par les cabinets : portes ouvertes, wine-meetings, cocktails et journée carrière. À travers ces activités tu apprends à connaître l’énergie et les gens des bureaux. Il y a ce fameux « fit » qui se fait un peu naturellement au fur et à mesure avec les gens. Dans un deuxième temps je savais que je voulais un milieu de travail où j’aurais la capacité de me dépasser jour après jour et où on valorise le leadership et la « drive » des jeunes. Ayant appris à connaître les différents cabinets au courant de l’année, j’ai pu viser précisément ceux qui m’intéressaient réellement.

4.     Selon toi, qu’est-ce qui t’a permis de te distinguer pendant la course aux stages ?

Je suis resté moi-même et je crois que c’est ce que les employeurs cherchent. Je suis entré dans le processus en ayant confiance en ma candidature, confiance en moi-même. À partir de là, j’ai répondu aux questions honnêtement, en m’amusant et en m’assurant de rester vrai.

5.     Comment s’est déroulée ta course ? Parle-nous de ta préparation un peu plus en détail.

Je dirais que ce qui m’a le plus aidé dans ma préparation est d’avoir l’assistance de mentors qui avaient fait la course l’année précédente. Ça m’a permis d’avoir une bonne idée de ce qui m’attendait et comment eux ils avaient vécu le processus. En ce sens, j’ai été en mesure de gérer mes émotions tout au long du processus qui peut être assez exigeant émotionnellement.

Ayant fait un bon travail d’introspection et ayant participé aux activités tout au long de l’année, je savais dans quels cabinets je sentais avoir une place. C’est une étape importante du processus, car cela permet de ne pas se perdre de vue. J’ai donc appliqué dans cinq cabinets et je suis très satisfait du résultat final.

6.     Selon toi, quelle est la plus grande erreur à éviter pendant la course aux stages ?

Essayer d’être quelqu’un qui n’est pas nous-même. La course n’est pas différente d’un autre processus par rapport à ça. Les gens qu’on rencontre le sentent tout de suite si on « joue une game » et personne n’aime ça. 

7.     Sachant que la course aux stages est un processus stressant, quel serait ton meilleur conseil à donner ?

D’être prêt émotionnellement. Ça peut sembler très cliché, mais il s’agit d’un processus rigoureux et difficile. Il y a beaucoup de bons candidats et il faut être prêt à connaître l’échec, mais surtout prêt à se relever et à continuer. Il est probable qu’un cabinet que vous avez aimé ne vous rappelle pas, mais cela ne doit pas miner votre confiance en vous. Je crois réellement que la clé du succès est de bien connaître ses forces et ses faiblesses, jouer sur ses forces et avoir confiance en soi.

8.     Qu’est-ce que la course aux stages t’a apporté sur le plan personnel ?

Cela m’a permis de réaliser ce que je voulais comme milieu de travail et ce que je ne voulais pas. Mais en dehors de cela, j’ai énormément grandi. Encore une fois, ça sonne cliché, mais un processus comme celui-là demande un travail d’introspection sur soi, et comme j’ai déjà mentionné, ça permet de connaître ses forces et ses faiblesses, apprendre ce que les gens (et les employeurs) apprécient de toi. En résumé, j’en ai appris beaucoup sur moi, autant sur ma perception de moi-même que sur la perception qu’ont les autres de moi.

En terminant, si tu avais un conseil à donner à quelqu’un qui hésite à faire la course, quel serait-il ?

Il n’y a pas que la course aux stages dans la vie, évidemment, mais si tu es au point ou tu hésites, je te dis lance-toi ! Prépare-toi adéquatement, mais lance-toi. Tu n’es pas obligé d’appliquer à 10 bureaux non plus, mais le fait de rédiger un CV, une lettre de présentation de calibre professionnel en collaboration avec toutes les ressources disponibles est une expérience extraordinaire. Les expériences d’entrevues sont non-négligeables également. Bref, je crois que si c’est fait avec le bon état d’esprit, on ne peut en retirer que du positif. Que le résultat final soit positif ou négatif, il est certain que tout le monde grandit dans ce processus.

January 25, 2019 /Le Verdict
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January 25, 2019 by Le Verdict

Le mois de février est le mois de la carrière et du début de la course aux stages. Période de joie, de dépassement et de découvertes pour certains, mais aussi de détresse et d’angoisse pour d’autres. Ce n’est assurément pas facile de se sentir aussi souvent comparé alors que bon nombre des discussions tournent autour de la moyenne académique (GPA), des retours d’appels, des entrevues et de la surenchère du curriculum vitæ. Ce texte se veut donc un plaidoyer au profit de ces étudiants qui doutent d’eux-mêmes et de leur capacité à réussir une carrière dans le domaine en raison de la survalorisation systémique de l’excellence scolaire, bien souvent au détriment de l’accomplissement personnel.

La session passée, la Faculté de médecine de l’Université Laval annonçait la fin des évaluations notées, afin d’utiliser le système d’évaluation « succès-échec » [1]. Cette mesure s’inscrit dans une politique qui vise à réduire l’anxiété de performance chez les étudiants. Cette transition eut lieu selon ce même article 3 ans après le suicide de l’une des étudiantes de la Faculté. Il y a 2 ans, la Faculté de droit de l’Université Laval vivait un drame similaire. Je me souviendrai toujours d’une de nos dernières conversations que j’ai eue avec lui lorsqu’il m’avait dit qu’avec des notes comme les siennes, il ne lui servait à rien à faire la course aux stages. Sans vouloir politiser la chose, il faut tout de même entretenir une réflexion en profondeur quant au système de notation mis en place à la Faculté. En effet, comme si ce drame ne suffisait pas à démontrer l’ampleur de la problématique, l’année passée, le Comité d’action sociale diffusait un sondage quant niveau de bien-être des étudiants de la Faculté. Les résultats sont alarmants. Une majorité des étudiants se sentent étouffés par la pression, une majorité pense qu’elle n’est pas assez bonne pour être en droit, presque la moitié des étudiants pensent à arrêter leurs études, car la pression est trop forte, et finalement, même si le résultat n’a jamais été publié, certains étudiants pensent au suicide. Bien que les méthodes scientifiques relatives aux sondages n’ont pas été respectées, l’on ne peut nier que de tels résultats démontrent une tendance lourde et l’inaction dans ce cas-ci s’apparente à de l’aveuglement volontaire.

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Certes, certains gains ont été faits. Notamment, avec l’augmentation du temps de consultation des examens. Toutefois est-ce suffisant ? L’on peut deviner par un simple syllogisme que cette pression insidieuse provient directement des notes académiques, car ce sont elles qui ouvrent actuellement les portes du marché de l’emploi en tant que juriste. Or, est-ce pertinent ? Je suis de ceux qui croient que les examens normalisés prescrits par la Faculté sont d’une utilité douteuse, car souvent elles ne sont pas assez rapprochées de la pratique réelle du droit. Pour avoir fait quelques stages et recherches juridiques, je peux vous assurer que les questions de droits vus en classe sont loin d’être similaires à celle de la pratique. Ainsi, une note ne fait aucune différence quant à cette aptitude de résoudre des problèmes complexes et impose une qualification indue de la compétence d’un étudiant sur sa capacité à répondre à des problèmes abstraits vus en classe, puis d’y incorporer un amoncellement de jurisprudence dans le temps imparti pour avoir l’ensemble des points. Ce n’est pas ça la pratique. Or, dans bien des cas, l’on nous fait croire que notre carrière et notre intelligence se définissent sur une base 4,33. Ce n’est pas en raison d’une moyenne académique élevée qu’une personne devrait mieux réussir notamment, car la capacité de répondre à une évaluation normalisée ne tient pas compte du vrai potentiel intellectuel de l’étudiant. La notation est donc un mauvais indicateur de la qualité d’un élève.

Enfin, la course aux stages. Je suis loin d’en faire le procès, mais j’ai aussi eu l’occasion de constater durant mon baccalauréat qu’il s’agit d’un objectif [louable] que visent les étudiants. Toutefois, force est de constater qu’il existe un aveuglement quant à celle-ci. Ayant moi-même fait la course aux stages, mais n’ayant pas eu le Graal convoité, je me sentais mis à l’écart lors de certaines discussions avec mes pairs notamment. Honnêtement, je m’y suis découvert, car j’avais d’autres objectifs qu’uniquement me trouver un stage. Contrairement à la vision étriquée que les étudiants accordent à la course aux stages, il ne faut pas que ça devienne l’objectif ultime. Avant tout, il devrait chercher à se réaliser dans sa carrière. Le problème est que lorsque l’on nourrit un système de comparaison noté entre les étudiants, cela crée une surenchère de performance et personne ne s’y sent à l’aise. Il faut être en mesure de promouvoir d’autres portes de sortie qui s’offrent à un étudiant de favoriser la formation pratique et surtout faire connaître une variété de domaines. Bien entendu, il faut des ressources, mais il faut avant tout se fixer des objectifs à long terme.

Actuellement, j’ai amorcé la formation professionnelle au Barreau. Cela me fait étrange de penser que la pression systémique a failli me faire tout lâcher et qu’elle affecte tant d’étudiants au quotidien. Durant les 3 années où j’y ai étudié, j’ai eu la chance d’assister à certains changements qui ont amélioré le bien-être des étudiants. Cependant, j’estime que ces gains demeurent insuffisants pour garantir les meilleures conditions de réussites aux étudiants. Pour ceux qui doutent d’eux-mêmes en ce moment, ayez confiance. Les notes ne veulent absolument rien dire sur votre capacité à devenir d’excellents juristes et à réussir votre carrière.

[1] Arnaud KOENIG-SOUTIÈRE, « Finies les notes pour les futurs médecins », Le Journal de Québec, 9 août 2018, [en ligne], [https://www.journaldequebec.com/2018/08/09/finies-les-notes-pour-les-futurs-medecins], consulté le 12 janvier 2018.

January 25, 2019 /Le Verdict
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January 25, 2019 by Le Verdict

Comment peux-tu bien dormir en sachant que tu permets à quelqu’un qui a tué ses enfants de se promener dans nos rues ? Pourquoi préfères-tu protéger un pédophile que d’offrir réparation à la victime de viol ? Ta rémunération vaut-elle plus que le bien-être de la société à tes yeux ?

Ce sont ci-haut certaines des remarques auxquelles on a droit lorsqu’on exprime notre penchant pour la pratique du côté de la défense. Je ne peux pas blâmer les justiciables ayant ces préconceptions puisque j’avais les mêmes avant de commencer le baccalauréat. La personne moyenne n’a pas nécessairement le temps ni l’intérêt d’interroger quelqu’un qui pratique au côté « des méchants » sur sa motivation. À défaut, on se fie à l’image de l’avocat de la défense dépeint à l’écran et dans les livres, l’avocat sans scrupule et ayant vendu sa morale contre une rémunération considérable.

Ce que je trouve très dommage, en plus du peu de confiance que l’on a pour les avocats en général, c’est que le citoyen moyen ne veut pas apprendre en quoi le rôle des avocats de la défense est indispensable pour qu’il y ait justice. Je me désole de devoir appréhender la réaction de mes proches et de mes collègues lorsque j’aborde cette possibilité de carrière. Les avocats de la défense ne devraient jamais avoir honte de leur profession et je souligne leur courage de faire face à ces remarques réprobatrices de la société. Je suis d’ailleurs reconnaissante que les professeurs nous sensibilisent au fait qu’œuvrer en défense ne signifie pas être l’avocat du diable. Voici comment quelques-unes de mes préconceptions de l’avocat de la défense ont évolué lors de la dernière année.

La toute première personne à m’avoir ouvert l’esprit est Isabelle Hudon, professeure ayant pratiqué du côté de la défense. Souriante, drôle et passionnée par le droit, elle venait déjà démentir que l’avocat de la défense est dénudé de passion ou qu’il ne souhaite pas apporter de changements positifs par sa pratique. En nous présentant plusieurs cas de partage de responsabilité, elle m’a principalement fait réaliser qu’il n’y a souvent pas qu’une seule victime entièrement innocente à chaque histoire.

En effet, certains demandeurs ont une part de responsabilité dans leurs malheurs et en sont parfois même les seuls artisans. J’ai l’impression que, surtout lorsque les chefs d’accusation sont stigmatisés, plusieurs croient que la personne qui poursuit est automatiquement innocente et honnête. Non seulement cela ne reflète pas la réalité, mais ce ne sont pas seulement des « méchants » qui voient leur responsabilité engagée.

J’ai justement pris conscience que l’avocat de la défense ne fait pas uniquement défendre les pédophiles, les agresseurs et les meurtriers. Évidemment, ces cas se présentent parfois lorsque l’on travaille au criminel, mais il n’est pas normal que ce soient les cas qui ressortent toujours pour nous faire culpabiliser de considérer ce choix de carrière. Il est primordial de garder en tête qu’il y a bien plus d’accusations pour des infractions moindres et autres et qu’il y a aussi des avocats de la défense au civil. L’idée que les avocats de la défense ne représentent que les pires monstres nous fait passer à côté de tous les cas où l’accusé n’est pas coupable ou ne mérite pas la sanction se rapportant à l’accusation à laquelle il fait face.

Tristement, seules quelques situations semblent faire reconnaître l’importance du travail de la défense. D’abord, il y a généralement une plus grande empathie envers les médecins et autres professionnels accusés pour des fautes commises dans leur pratique. Ensuite, il y a les cas où l’accusé est un proche ou quelqu’un que nous croyons faussement accusé par un demandeur. Finalement, il semble que nous nous sentions interpellés dans les cas qui pourraient vraisemblablement arriver à chacun d’entre nous.

C’est dommage que ce soit presque exclusivement les cas auxquels on peut se rattacher personnellement ou ceux de l’accusé qui détient un rôle noble dans la société où l’on reconnaît le droit à une défense pleine et entière.

Peu importe le chef d’accusation ou l’identité de l’accusé, les droits de l’accusé et les objectifs de l’avocat ne fluctuent pas. L’avocat de la défense est là pour protéger les citoyens faussement accusés, pour empêcher que soient ruinées des réputations et des vies par des accusations fausses ou indues et afin que les innocents ne se retrouvent pas sanctionnés pour n’importe quelle allégation. J’attends avec impatience que ceux qui aiment tant crier à l’injustice comprennent que l’avocat de la défense est là pour s’assurer que l’accusé jouisse, comme chacun en a le droit, de ses droits et libertés fondamentaux. L’injustice, c’est mettre en prison ou déclarer coupable d’emblée quiconque est accusé, simplement à cause des stigmates liés à l’infraction.

Ayant principalement parlé des cas de responsabilité civile, je ne nie tout de même pas qu’il faille parfois défendre des accusés qui admettent avoir commis l’infraction reprochée ou des accusés contre lesquels la preuve joue. C’est ici que les cours de droits et libertés fondamentaux et de droit pénal sont venus m’aider à comprendre pourquoi ceux qui commettent des crimes ont autant droit à une défense de qualité. J’ai notamment découvert en quoi beaucoup de moyens de défense critiqués ont une place justifiée.

En fait, plusieurs sont rapides à critiquer notre système de justice sans connaître les critères stricts pour se prévaloir de ces moyens. Le premier cas critiqué qui me vient en tête est lorsqu’un accusé est acquitté à la suite du rejet de la preuve obtenue illégalement, notamment dans le cas de Jonathan Bettez en lien avec l’affaire Cédrika Provencher. Ensuite, beaucoup ont vivement manifesté leur désaccord sur la possibilité qu’un accusé puisse invoquer les défenses d’intoxication volontaire ou d’aliénation mentale afin d’être déclaré non criminellement responsable ou de voir sa peine amoindrie (Guy Turcotte par exemple).

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Il faut comprendre que notre système de justice est fait ainsi pour une raison et que rien n’est laissé au hasard. Chacune de ces défenses, qui peut sembler incongrue à première vue, a une raison d’être et n’est pas accessible à n’importe qui s’autoproclamant non-responsable de ses gestes. Les moyens de défense sont très bien circonscrits et un accusé qui entre dans les critères pour s’en prévaloir n’est absolument pas relâché dans les rues sans encadrement s’il représente encore un danger pour la société.

Il faut donc se mettre dans les souliers de l’accusé et penser au fait que ce pourrait être vous qui, du jour au lendemain, étiez accusé ou indûment déclaré coupable. Dans ce cas, vous aimeriez sûrement que l’on considère, avant de vous réprimander, la contribution de la victime dans son préjudice, le trouble mental ou la capacité mentale qui vous affectait, l’effet de votre consommation sur vos gestes et votre esprit, l’état de contrainte auquel vous étiez assujetti ou toute autre défense dont bénéficient les accusés qui remplissent les critères préliminaires.

Finalement, aux nombreuses personnes qui me demandent comment je pourrais avoir bonne conscience en pratiquant ce métier, j’aimerais répondre que je ne me sens pas coupable puisque je ne commets aucune infraction. Je ne sens pas que je mets ma communauté en danger puisque celui qui est reconnu comme aliéné mentalement n’est pas directement relâché en toute liberté et n’est pas acquitté comme semble le dicter la croyance populaire. Je ne me sens pas mal puisque si cet individu a bien commis le crime pour lequel tous le pointent du doigt, la poursuite saura présenter la preuve qui démontre sa culpabilité. Je ne suis pas une mauvaise personne simplement parce que je promeus la présomption d’innocence et que j’offre la représentation juste et équitable à laquelle chaque humain a droit. Je n’aurais pas honte de mon métier puisque je sais que les avocats de la défense sont essentiels pour qu’il y ait réellement justice et équilibre.

January 25, 2019 /Le Verdict
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January 25, 2019 by Le Verdict

Je suis perpétuellement en colère. Je prends sur moi au quotidien et doute souvent de mes propres observations parce qu’en tant que féministe en colère je n’ai pas droit à l’erreur. Chaque prise de parole, surtout lorsqu’elle érafle les égos et les consciences masculines, est scrutée et disséquée dans les moindres détails. Alors je pèse mes mots, joue de prudence et, généralement, décide de me taire. Je me tais parce que ce que j’ai envie de dénoncer requiert qu’on me croie et qu’on accepte que l’expérience vécue des femmes soit porteuse de vérité. Mais quand on s’en prend à mes sœurs, la digue lâche.

Les femmes avec qui j’étudie sont intelligentes et travaillent fort. Elles ont des projets et des rêves et, pour la plupart, un entourage qui les soutiennent. Elles connaissent leurs droits, sont prudentes et tellement patientes. En 2018, j’ai été surprise puis déçue puis fâchée d’apprendre que les femmes avec qui j’étudie sont aussi victimes de viol, d’intoxication au GHB dans des partys facultaires et de micro-agressions au quotidien.

 La seule personne responsable d’un viol, c’est le violeur. Nous aurons beau mettre toutes les ressources possibles en place, tant qu’il y aura des hommes qui veulent priver les femmes du contrôle de leur propre corps, il y aura des viols. Le viol s’insère dans le spectre la violence faite aux femmes. Il s’agit de la pénultième tentative de priver une femme du contrôle de son corps, la seule plus grave étant le meurtre. Le violeur ne veut pas avoir du sexe, ne veut pas faire l’amour à une femme, lui donner du plaisir et en retirer du même fait. Si jusqu’à aujourd’hui tu vivais sous une roche, je t’annonce qu’une relation sexuelle sans consentement, c’est un viol et qu’une fille intoxiquée n’est jamais consentante.

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Alors on fait quoi ? Ces agressions s’insèrent dans une haine des femmes pernicieuse et silencieuse. C’est dans les commentaires déplacés, dans le déni du plaisir des femmes, en entretenant le silence et en faisant porter aux victimes le poids de l’agression qu’en tant que groupe, de microcosme de la société, on permet cette haine. C’est en tant que groupe que l’on peut faire mieux, amorcer une réelle discussion, confronter nos amis lorsqu’ils dépassent la ligne du respect et aider ceux et celles à demi inconscients à rentrer chez eux en sécurité.

Et nos hommes dans tout ça ? Ils sont tellement importants. Non seulement certains sont eux-mêmes des victimes, mais la plupart écoutent et veulent réellement que les femmes, les personnes non binaires et trans soient plus en sécurité et respectées au quotidien. Certains ont tout compris et plusieurs font des efforts considérables pour y parvenir.

 Ceux et celles qui ont participé au party de fin de session de la session d’hiver 2018 ont été accueillis par un bricolage pour le moins inusité : une vulve toute douce avec un gros clitoris doré entourée d’images de chattes (oui oui, des chatons) décorées de blagues coquines sur le sexe, le consentement et le plaisir. L’idée derrière l’action est d’aller plus loin que « sans oui c’est non » en explorant les possibilités du oui. Prôner une sexualité plus saine, en intégrant notamment le plaisir féminin dans la discussion, n’est qu’une des multiples avenues possibles. Laisser la colère des femmes tuer la culture du silence en est une autre. Sur ce, je nous souhaite collectivement de faire mieux à l’avenir et vous laisse un maximum de ressources et de lectures pour que l’ignorance ne soit plus une excuse à l’indifférence.

 

La base :

 Centre de prévention et d’intervention en matière de harcèlement de l’Université Laval : https://www.ulaval.ca/services-ul/harcelement/harcelement-sexuel.html.

 Organisme Sans oui, c’est non ! : http://www.harcelementsexuel.ca/.

 Service de sécurité et de prévention de l’Université Laval : (418) 656-5555.

 Suivre le Comité droit et féminisme https://www.facebook.com/comitedroitetfeminisme/, les Féministes en mouvement de l’Université Laval https://www.facebook.com/femulaval/ et la Gazette des femmes https://www.facebook.com/gazette.des.femmes/, se tenir informé, rester ouvert aux nouvelles idées et à la souffrance des autres.

 

Pour mieux comprendre :

 Rebecca Solnit, Ces hommes qui m’expliquent la vie, Les éditions de l’Olivier, Paris, 2018. Cote HQ 1221 S688 2018 F au premier étage de la bibliothèque.

Malgré ce que suggère le titre, Solnit aborde bien plus que le mainsplaining. Sept essais sur les rapports de genre, le patriarcat, les agressions sexuelles et le harcèlement. Une lecture facile qui suscite la réflexion.

Geneviève Morand et Nathalie Ann Roy, dir, Libérer la colère, Montréal : Les éditions du remue-ménage, 2018. Disponible sur papier et en prêt numérique sur le site de la bibliothèque de Québec : http://www.bibliothequedequebec.qc.ca/.  

à 34 femmes s’expriment sur la violence faite aux femmes et le sexisme dit « ordinaire ». Mettre fin à la culture du silence implique d’accepter la colère des femmes dans l’espace public et le quotidien.

 

Mélissa Blais et Francis Dupuis-Déri, Le mouvement masculiniste au Québec. L’antiféminisme démasqué, Montréal : Les éditions du remue-ménage, 2015 (2e édition). Pour réfléchir à la place des hommes dans le mouvement féministe et déconstruire quelques mythes.

January 25, 2019 /Le Verdict
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January 25, 2019 by Le Verdict

À l’aube de cette nouvelle année, plusieurs se demandent si le mouvement « me too » a su délivrer justice aux victimes. Les justiciables ont été estomaqués de voir leur système de justice à l’œuvre dans la gestion de ces dossiers. Laissez-moi vous dire que la déception pouvait se lire sur les visages de plusieurs après que le DPCP ait refusé de porter des accusations contre le fondateur du célèbre festival Juste pour rire. La même déception que lorsque l’on apprît que sur les 11 plaintes déposées contre Éric Salvail, seulement un chef d’accusation fût retenu.

La population a su se faire entendre face à ces décisions lourdement médiatisées du DPCP. L’éveil des consciences juridiques de plusieurs n’a pas manqué de faire rejaillir les enjeux de justices qui ont marqué le Québec dans les dernières années. Des dossiers comme l’affaire Vincent Lacroix, l’affaire Guy Turcotte et le très attendu verdict sur la peine du jeune Alexandre Bissonnette sont toutes des affaires qui ont soulevé plusieurs questions importantes pour la société québécoise. Est-ce trop facile de s’en tirer au Québec ? Et même lorsqu’un verdict de culpabilité est prononcé, est-ce que nos peines sont trop laxistes ? Ce sont des questions qui ne cessent d’être soulevées, mais qui ne semble jamais trouver de bonnes réponses.

J’ai reconnu le peuple québécois à travers le déroulement de ces évènements. Un peuple émotif animé par une louable soif de justice. Un trait sociétal qui prend évidemment racine dans son histoire. La défense des incompris et des oubliés a toujours frappé une corde sensible dans le cœur du peuple canadien francophone.

Malgré tout, prudence est de mise lorsque l’on carbure sur l’émotion pour trancher des décisions aussi fondamentales pour la justice. Combien d’entre nous sommes réellement au fait de la preuve aux dossiers ? Combien d’entre nous seraient à même de rendre des peines à vie de prison ou même des peines de mort ? N’oublions pas que le domaine du droit régit les hommes et que cela relève plus d’un art que d’une science. La justice vient à un prix et c’est celui d’un système juste et équitable pour tous. Le système de justice canadien repose sur la présomption d’innocence de l’accusé. Un principe qui malheureusement semble s’effriter au fil de la prolifération médiatique de l’ère numérique où l’information devient simple commodité. Une chose est certaine, c’est que le doute devra toujours profiter à l’accusé. Un principe qui ne plaît pas à plusieurs, mais qui assure l’intégrité d’un système par la consécration d’une philosophie fondamentalement humaniste et qui s’est prouvé être un véritable rempart contre l’injustice.

Comme dirait Voltaire : « Il vaut mieux hasarder de sauver un coupable que de condamner un innocent. »[1] C’est là une constante qui devra résister aux intempéries malgré les choix déchirants des servants de la justice.

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Cette même optique se doit de s’appliquer mutatis mutandis à la question de la peine. Quoique cette question relève plutôt de la morale que de principe de justice, l’enjeu de la sévérité de la peine en est un tout aussi délicat. L’on se doit de prendre en compte l’individu et les stigmates qu’une condamnation apporte inévitablement dans son sillage. Rappelons-nous une fois de plus que ce que l’on est appelé à juger est une personne dans toute sa complexité et sa tragédie. Pour la punir, il faut d’abord juger sa part de liberté. Pour reprendre les mots du grand plaideur Henri Leclerc, ce qui est primordial est qu’une condamnation soit porteuse non pas de désespoir, mais bien d’espoir.

Les remous de l’affaire Bissonnette ont rouvert la question de la peine de mort pour les crimes graves. Un débat sain puisque fruit d’un questionnement de société, mais qui propose une idée tant macabre que désolante. La mise à mort d’un esprit malade ne doit pas être vue comme une fin en soi. L’irréparable ne devrait jamais pousser à l’insensibilité puisque la haine ne peut qu’attiser la haine.

De même, la variante de la prison à vie permise par le cumul des peines est sur la table aujourd’hui depuis sa légalisation par le gouvernement Harper. Le 8 février, l’histoire aura rendez-vous avec la justice alors que le juge prononcera la peine d’Alexandre Bissonnette pour ses crimes odieux. Il ne reste qu’à espérer que la raison humaine prévaudra et que la condamnation sera porteuse d’espoir, et ce, pour le bien de la justice.

Quoi qu’il en soit, la justice continuera son chemin en 2019 et l’évolution du droit se fera indubitablement au gré de l’évolution de notre société ainsi qu’à son image. C’est là la beauté de notre domaine, c’est là toute sa richesse.

[1] Voltaire, Zadig ou la Destinée (1747)

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January 25, 2019 /Le Verdict
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January 25, 2019 by Le Verdict

Depuis d’innombrables années au Québec, des groupes tels que le Mouvement Retrouvailles ne cessent de lutter pour revendiquer leur droit à l’identité. C’est que dans les années 1950 et 1960 particulièrement, l’on accordait des promesses aux parents naturels de conserver le secret absolu concernant leur identité. La rupture du lien de filiation définitive s’accompagnait ainsi du secret absolu. Ce principe de la confidentialité découle initialement d’une coutume voulant protéger les parents du stigmate social associé aux enfants nés hors du mariage ou des enfants dits « illégitimes ». Ce dernier fut, par la suite, légiféré dans la Loi de l’adoption, L.Q. 1969, c. 64. Nonobstant, l’adoption du projet de loi 113, le 16 juin 2017, est venue bouleverser la stabilité entre les adoptés et les parents biologiques. Cette modification à diverses lois concernant l’adoption et la communication de renseignements ne serait-elle pas trop hâtive, négligeant ainsi la confidentialité promise depuis des décennies ?

L’entrée en vigueur, le 16 juin 2018, de la Loi 113 à savoir la Loi modifiant le Code civil et d’autres dispositions législatives en matière d’adoption et de communication de renseignements autorise désormais que l’identité des parents d’origine puisse être dévoilée aux personnes adoptées dans la province.

De cette façon, les personnes adoptées pour qui les parents biologiques sont décédés depuis au moins une année détiennent le droit d’obtenir « ses noms et prénoms d’origine, ceux de ses parents d’origine et les renseignements lui permettant de prendre contact avec ces derniers » [1]. Néanmoins, le dévoilement de l’identité des parents toujours en vie ne pourra qu’être loisible à compter de juin 2019. Les parents biologiques bénéficient dès lors d’un délai de grâce de dix-huit mois pour l’enregistrement d’un veto de divulgation ou de contact interdisant le dévoilement de leurs renseignements confidentiels. Toutefois, n’omettons pas qu’en dépit de l’inscription d’un refus, le nom des parents biologiques sera divulgué à l’enfant adopté qui en fait la demande postérieurement au décès du parent. L’on peut s’assouvir sur le fait qu’il sera permis d’imposer le veto après juin 2019 dans les cas où aucune demande de divulgation d’identité n’ait été demandée par l’adopté. L’évolution des mentalités au Québec a certes permis la reconnaissance de droits aux individus, mais néanmoins, cette revendication par les adoptés semble subsidiairement occasionner une atteinte aux droits des parents naturels.

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Bien que récente, cette loi suscitera indéniablement de vives réactions chez les parents d’origine ayant demandé l’anonymat lors de la naissance de leur enfant. Au regard de la justice, ne devrions-nous pas non moins préserver les droits des parents biologiques ? Cela n’a-t-il pas pour effet de violer leur droit à la vie privée ? Ces parents semblent être mis de côté en raison du fait que la loi accorde automatiquement un veto de divulgation à l’enfant adopté, mais non pas réciproquement pour le parent d’origine. Ce dernier se voit dans l’obligation d’effectuer des démarches afin que protection lui soit accordée. Le législateur se doit de sauvegarder les droits de toutes les parties lorsqu’il entreprend des réformes du droit. Qu’adviendra-t-il des parents qui n’auront nullement été mis au fait des effets de cette modification à la loi ? Les promesses jadis offertes ne sont plus que poussières à présent que la confidentialité est aussi facilement brisée.

Nul besoin d’évoquer que les mères d’origine peuvent avoir vécu des situations éprouvantes les menant involontairement au choix de placer leur enfant en adoption. Il semble logique et équitable de s’attendre corollairement à ce que le législateur fasse preuve d’une analyse soignée lors d’une modification d’une loi aussi importante que celle-ci en droit de la famille. Toute loi se doit de comporter une atteinte minimale aux droits protégés et d’envisager les effets possibles de la loi sur les familles.

[1] Article 583 C.c.Q.

January 25, 2019 /Le Verdict
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January 25, 2019 by Le Verdict

Canada, ô le Canada ! J’ai envie que mon pays soit parfait, que tout soit parfait. J’ai envie de voir toutes les belles valeurs canadiennes être appliquées et respectées. Mon cher premier ministre, ton père avait de grands projets en allant en politique. Il avait envie, entre autres, de réformer le Canada de plusieurs façons, par exemple en protégeant le bilinguisme avec la Charte canadienne des droits et libertés. Comme nous le savons tous trop bien, l’histoire nous montre qu’il y a eu plusieurs tensions entre francophones et anglophones. Je suis convaincu que ton père a fait un pas de l’avant avec la Charte pour réduire les tensions qu’il y a entre ces deux groupes, mais aujourd’hui j’ai mal à mon Bas-Canada. Je viens de voir que le gouvernement de l’Ontario annule son projet d’université francophone dans la province et son commissariat aux services français. Est-ce que c’est ça, le Canada, en 2018 ?

Je vais t’avouer quelque chose, il fut un temps où je n’aimais pas le Canada. Je lisais l’histoire du Québec et je voyais tous les coups de salauds que nous avons essuyés dans ce pays. Je souhaitais juste une chose : être indépendant de ce pays qui nous a si malmenés. Cependant, ce sont les yeux rivés vers l’avenir que je change d’idée, et que je suis prêt à pardonner le passé du Canada au nom d’un avenir plus radieux. En effet, à une époque où les tensions montent à la même vitesse que les murs se construisent, il faut savoir bâtir des ponts entre les nations pour préserver notre liberté.

C’est pour ça que je suis si fier de parler anglais quand je vais dans d’autres provinces. Je m’intéresse à la culture au sein de mon pays, afin de respecter les différences et de les embrasser. Après tout, travailler pour le bilinguisme, c’est aussi vivre avec autrui en acceptant une personne telle qu’elle est fondamentalement. Si ce n’est pas du respect, je me demande ce que c’est. Selon moi, très peu de sentiments valent celui de se sentir respecté : se sentir respectable. Si le bilinguisme canadien pouvait protéger ce sentiment, tous se sentiraient assurément chez eux et fiers d’être Canadiens.

Malgré toute ma motivation de promouvoir le bilinguisme, je dois t’avouer que je suis quelques fois déçu du Canada. Parfois, il m’arrive même de mettre mon fédéralisme en doute. L’évènement qui me pousse à écrire cela aujourd’hui est le geste de Ford. Annuler le projet d’université francophone et le commissariat des services en français. Ensuite, je me rappelle que l’actuel premier ministre du Nouveau-Brunswick (la seule province bilingue au Canada) n’est même pas capable de parler français. Je tourne ensuite mon regard sur le gouvernement fédéral et je constate que nos ministres ne sont pas tous bilingues. Je pourrais continuer d’ajouter des exemples de manquements au bilinguisme pendant longtemps. Je pourrais sans doute aussi sortir des manquements de la part du Québec envers les anglophones. Chacune de ces situations fait mal à l’unité du pays. Ces pointes envers notre culture réveillent la douleur des longs couteaux et rappellent ces cicatrices qui ont plus été oubliées que soignées. Je perds ensuite ma motivation de véhiculer le bilinguisme et j’ai juste l’impression que le français est de trop dans ce pays trop bien pour nous. On le sait Justin. Nous, les Canadiens, nous nous excusons tout le temps. J’espère quand même que tu ne vas pas avoir à t’excuser deux fois de parler français.

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Bref, malgré les efforts que le Canada a faits par le passé pour encourager et pour protéger le bilinguisme, il me semble évident que la situation actuelle n’est pas concluante. Force est d’admettre qu’il reste donc beaucoup de chemin à parcourir avant que tous se sentent rassemblés et représentés par le Canada. Est-ce que cela en vaut la peine ? Est-ce que le projet canadien de bilinguisme est toujours possible ? Allons-nous finir par pouvoir nous sentir tous unis et bien représentés par ce qu’inspire être Canadien ? Aujourd’hui, je ne sais pas. Une chose est sûre, nous ne sommes pas la belle nation postnationale que tu veux. Du moins, nous ne le sommes pas encore.

Mon optimisme va désormais prendre la plume de ce texte pour essayer de voir dans cette situation le défi d’un pays et non la fatalité de la majorité. D’autant plus que le premier ministre Ford est revenu partiellement sur sa décision et a pris des mesures favorables aux francophones en Ontario : des gestes que je salue, mais qui demeurent insuffisants. Pour relever le défi, il va falloir du changement. Ce changement commence par toi, cher lecteur, qui a pris la peine de me lire jusqu’ici. Un proverbe dit : « Si chacun balayait devant sa porte, comme la ville serait propre. » C’est comme ça qu’il faut entendre le défi du bilinguisme. Il ne faut pas tomber dans la trappe du découragement et du cynique, mais plutôt surprendre les gens par notre enthousiasme, notre ouverture d’esprit et notre respect. Après tout, la richesse du Canada repose en grande partie sur sa diversité que permet le bilinguisme, un peu comme un buffet qui est davantage intéressant quand on y retrouve des plats différents.

January 25, 2019 /Le Verdict
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January 24, 2019 by Le Verdict

C’était le 30 novembre dernier. Une table ronde, en prévision de la COP24 sur le climat, se tient au deuxième étage du Pavillon Charles-De-Koninck. Il s’agit d’une initiative répétée de l’institut Hydro-Québec en environnement, développement et société qui accueille, cette fois, Mme Catherine Potvin, professeure en biologie à l’Université McGill, le professeur Krolik, spécialiste de la Faculté en matière de droit des ressources naturelles et de l’énergie ainsi que M. Géraud de Lassus Saint-Geniès, chargé de cours à la Faculté, mais aussi chercheur postdoctoral à la Faculté de droit de l’Université McGill, qui doit quitter, sous peu pour prendre part à la COP24 elle-même, en Pologne. Une heure trente de présentation d’informations que nous souhaitons entendre, mais à contrecœur. J’en ressors, plus bouleversé que jamais. L’image d’une professeure engagée, mais tout de même visiblement terrifiée par ses propres constats trotte dans ma tête et une phrase l’accompagne et résonne encore chaque jour depuis lors : Les arbres meurent debout.

En effet, c’est au cours d’un voyage récent en Allemagne que la biologiste a pris connaissance de ce phénomène inquiétant. Mes connaissances scientifiques en la matière étant assez limitées, j’en comprends que c’est le signe annonciateur de l’enclenchement d’un point de non-retour. Son message est clair : lorsque ce point sera atteint, la nature sera à jamais tournée contre nous.

Le moment est ponctué de malaises. En ce sens, je me sens impuissant à cerner les détails de ces phénomènes. Du point de vue des sciences naturelles, ma vision souffre d’une presbytie titanesque. Il ne faut que l’intervention des deux autres panélistes pour me faire comprendre finalement que la technologie, notamment en matière de transition énergétique, est aujourd’hui une chose acquise. La lutte est désormais sociale. La société doit mettre la machine en marche, les peuples, autochtones y compris, doivent se concerter et s’élever, une vision commune doit émerger et des mesures contraignantes doivent être appliquées. L’offre dans les choix de consommation doit être forcée à changer.

Pour ainsi dire, les sciences naturelles et techniques ont fait un incroyable travail. Des instruments et des données d’une grande précision ont été mis à la disposition de l’humanité. Or, plus que jamais, ces spécialistes me confirment que les sciences sociales doivent joindre le combat.

En y repensant depuis des semaines, j’en comprends que la clé est dans la multidisciplinarité. La question a été traitée de maintes façons et le constat du plus grand défi de notre histoire n’est plus contestable. Or, on parle désormais d’un défi social ainsi que de transition juste et ces termes font clairement échos dans une réalité comme la nôtre. Le mot juste réfère sans contredit au concept qu’est la justice. Ce sentiment, cette envie de justice, n’est-ce pas exactement ce qui a mené la plupart d’entre nous à fréquenter cette Faculté qui nous permet chaque jour d’en apprendre un peu plus sur les rouages du système et les moyens d’y faire émerger cet idéal d’un monde juste auquel nous aspirons tous ? La transition nécessaire pour lutter contre les changements climatiques s’inscrit désormais dans cette perspective.

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Au Québec, nous en avons fait de grandes choses. Parmi les auteurs de ces grandes choses, plusieurs ont d’ailleurs œuvré entre les murs de notre Université et de notre Faculté. N’ayons aucun complexe si ce n’est que de ne pas être assez engagé dans cette lutte. Ne sous-estimons pas la contribution que nous pourrions y apporter. D’ailleurs, personne ne le devrait. Or, dans notre position, j’en appelle à ce que nous prenions un engagement envers nous-mêmes. Chaque étudiant actuel, où qu’il soit, peu importe les intérêts qui le portent, des HEC à l’UQAC, en passant par l’Université Laval et toutes les autres, devrait s’engager, peut-être non pas à précisément œuvrer dans ce domaine, mais du moins à ne jamais bâtir une carrière allant à contre-courant de la transition qui s’impose désormais. La professeure Potvin regrettait que les scientifiques aient autrefois adopté un ton trop alarmiste et pas assez axé vers les solutions. Toutefois, ce fut répété souvent, mais il faut le comprendre : rien d’autre n’en vaudra plus la peine si la menace des changements climatiques n’est pas amoindrie. Carburons un peu moins au pétrole et un peu plus aux défis.

Ton verre à café jetable n’est certes pas beau à voir, mais notre optique doit maintenant être plus large encore que la notion des petits gestes et du simple recyclage. D’ailleurs, nous le savons. Le récent référendum universitaire sur le transport collectif est un exemple criant. Il fut tout de même la cible de très nombreuses critiques. La voiture individuelle, émettrice de CO2, appartient au passé. Surtout dans des villes où il est très bien possible de faire sans. Saluons les marches, les pactes et les pétitions. Marchons, signons, agissons, sonnons-en des alarmes et faisons pression sans jamais arrêter. Nous ne pouvons plus critiquer l’activisme.

Je repense à ces arbres qui n’ont plus même l’énergie de tomber avant de mourir d’eux-mêmes et à cet espoir qui lui, semble s’effondrer toujours un peu plus. Je pense qu’il faut s’accrocher à cette idée que le génie humain comportait assez de failles pour faire pencher la tour de Pise, mais qu’elle n’est tout de même jamais tombée. C’est parce que nous sommes capables de réparer et qu’à l’heure actuelle, alors qu’il est minuit moins une, chrétiens, sikhs ou rien de tout ça, il faut plutôt se concentrer sur des passages qui parlent d’un peuple debout que d’un peuple à genoux, car c’est la seule façon que nous aurons d’encore nous épanouir. N’oublions pas que le droit aura un rôle fondamental à jouer. Si nos ancêtres ont codifié la protection des droits humains et changé de perception sur des questions aussi flagrantes que l’esclavage, nous pouvons innover aussi de bien des façons. La partisanerie politique possède une force de frappe certaine. Toutefois, elle vient et repart. La primauté du droit, elle, reste bien ancrée. Elle est à jamais, dans nos sociétés, par les interprétations et les valeurs qu’elle porte à travers ses acteurs, un bouclier aux abus. Elle est un bouclier aux abus de pouvoir, aux abus envers la personne humaine, mais aussi, je l’espère, aux abus portés à l’endroit de cette planète. Idéologique peut-être ? Ce sera à nous d’en décider.

Ainsi, aurions-nous, en terminant, une promesse à nous faire ? Aurions-nous un engagement à l’effort de guerre à nous signifier à nous-mêmes ? Lorsque les arbres en sont à mourir debout, le signal m’apparaît clair. La réponse semble s’imposer à nous plus que jamais.

January 24, 2019 /Le Verdict

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