Cet article présente une approche pour rédiger une lettre de présentation accompagnant une demande d’emploi. Il s’agit d’une approche assez générale pour pouvoir s’appliquer à n’importe quel type de lettre de présentation, que celle-ci soit envoyée dans le cadre de la course aux stages, d’une candidature spontanée s’adressant à un cabinet juridique autre qu’un grand bureau, ou encore pour obtenir un poste d’auxiliaire juridique auprès de la magistrature. Je dois préciser d’emblée qu’il s’agit de ma stratégie personnelle de rédaction de lettre de présentation, qui n’est pas nécessairement approuvée par mon employeur (Fasken Martineau). Vous êtes donc invité à faire preuve de discernement pour l’adapter à vos besoins.
Ma stratégie de rédaction d’une lettre de présentation est de la structurer en fonction des quatre questions suivantes, adressées chacune à l’employeur potentiel :
· Qui suis-je ?
· Pourquoi moi ?
· Pourquoi vous ?
· Et ensuite ?
Pour répondre à la question « Qui suis-je ? », vous devez expliquer au lecteur qui vous êtes et quel but vous poursuivez en envoyant votre lettre de présentation. Je vous conseille de consacrer une phrase à chacun de ces deux sous-thèmes. La première phrase résume vos principales qualifications en tant que candidat, et est destinée à capter l’attention du lecteur dès les toutes premières lignes de votre lettre. En voici quelques exemples fictifs :
· Étudiant en droit bilingue, j’ai fait un stage d’auxiliaire juridique et l’art oratoire me passionne.
· Étudiant en droit bilingue, j’ai une formation dans le domaine de la finance et une expérience de travail dans l’une des six principales banques du Canada.
· Étudiant en droit bilingue profondément engagé en matière de service public, j’ai notamment travaillé bénévolement dans des cliniques juridiques s’adressant à des groupes défavorisés et pris part à plusieurs initiatives d’accès à la justice.
Vous remarquerez que dans chacun de ces exemples, j’ai mentionné mon bilinguisme. Pour le marché de l’emploi de Montréal, il est primordial de parler couramment l’anglais et le français. Par conséquent, si vous êtes bilingue, vous devez le faire savoir à l’employeur dès votre premier contact avec lui. En plus de vos compétences linguistiques, cette première phrase doit faire état de vos qualifications et du type d’emploi pour lequel vous présentez votre candidature. Faites ressortir les qualités recherchées par les employeurs et qui font de vous une personne unique. Cependant, force est de constater qu’il vous sera impossible de brosser un tableau complet de vos qualifications en une seule phrase. N’essayez donc pas de la surcharger de détails, et choisissez plutôt deux à quatre éléments pouvant être énumérés de façon fluide. Par la suite, dans la section « Pourquoi moi ? », vous aurez le loisir d’approfondir les éléments que vous n’avez pas mentionnés au début de votre lettre.
Dans la deuxième phrase du paragraphe « Qui suis-je », vous devez expliquer exactement ce que vous recherchez. Dans le contexte d’un recrutement structuré comme celui de la course aux stages ou des entrevues sur le campus, tous les candidats recherchent à peu près la même chose. Cependant, si vous présentez votre candidature en dehors de ces processus, il est alors important d’informer les employeurs de vos objectifs. Êtes-vous à la recherche d’un emploi d’été ponctuel ? D’un emploi d’été suivi d’un stage ? D’un travail à temps partiel tout au long de l’année aboutissant à un stage ? Ou seulement d’un stage ? Vous devez exposer clairement vos intentions, ne serait-ce que pour vous assurer de ne pas perdre votre temps en posant votre candidature à un poste que l’employeur ne peut offrir. De fait, même dans le cadre d’un recrutement structuré, il peut être nécessaire de préciser pour quelle année vous souhaitez obtenir un stage. Si la date visée pour le début de votre stage est antérieure ou postérieure à celle de la majorité des autres candidats, indiquez-le dans votre deuxième phrase, encore une fois pour éviter de perdre votre temps en posant votre candidature à un poste que le cabinet sollicité n’offre pas.
Pour répondre à la question « Pourquoi moi ? », vous devez donner à l’employeur les raisons pour lesquelles il devrait vous embaucher. La réponse à cette question, qui est la plus importante des quatre, doit occuper la majeure partie de votre lettre. Selon la nature du poste et vos propres qualifications, votre argumentaire pour répondre à cette question devra en général être scindé en deux ou trois paragraphes organisés autour d’un thème ou de compétences particulières. Par exemple, vous pouvez consacrer un paragraphe à vos succès dans vos études universitaires, un autre à votre expérience de travail ou de bénévolat pertinente, et un troisième à vos qualités personnelles. Ou encore, chaque paragraphe peut décrire une de vos habiletés (recherche juridique, rédaction juridique, prise de parole en public), votre propos étant étayé par des exemples concrets tirés de votre expérience dans divers domaines prouvant que vous possédez cette habileté. La structuration des paragraphes par habileté peut être particulièrement utile si votre curriculum vitæ n’est pas très étoffé, car elle vous permet de réutiliser un élément qui vous a permis d’en acquérir plusieurs.
Au-delà de ces conseils, il est difficile de généraliser quant au contenu de cette section, car celui-ci dépend à la fois du type d’emploi auquel vous postulez et du capital que vous avez accumulé en matière d’expérience et de réalisations. En général, la lettre de présentation vous offre la possibilité de mettre en lumière quelques réalisations clés mentionnées dans votre curriculum vitæ, de les commenter et de les mettre en relation avec les besoins de l’employeur auquel vous vous adressez. À l’intérieur de chaque paragraphe, il est souvent préférable de commencer par les éléments les plus impressionnants ou convaincants, sauf si une autre organisation, par exemple l’ordre chronologique, semble plus appropriée dans les circonstances.
Si la lettre de présentation ne doit pas être une simple mise en prose du contenu de votre curriculum vitæ, vous ne devez cependant pas hésiter à puiser dans les éléments les plus pertinents de ce document pour étayer vos arguments dans votre lettre de présentation. De fait, vous avez besoin de ces éléments, car les exemples concrets et précis sont toujours plus convaincants que les généralités. Dire « J’ai le souci du détail » reste une parole en l’air si vous ne pouvez pas appuyer cette affirmation par un exemple. « Mon travail de rédacteur au journal Le Verdict m’a appris à avoir le souci du détail et, de fait, j’ai eu la responsabilité de réviser le guide stylistique du journal » est non seulement plus crédible, mais aussi plus marquant pour le lecteur. N’importe quel candidat peut affirmer qu’il a le souci du détail, mais un seulement pourra mentionner avoir révisé le guide stylistique du journal Le Verdict. Vous pouvez également reformuler l’information indiquée dans votre curriculum vitæ ; par exemple, si vous avez obtenu une excellente note à un cours dont le contenu est pertinent pour l’emploi auquel vous postulez (droit criminel pour un cabinet juridique spécialisé dans ce domaine), vous pouvez mentionner cette note de façon distincte dans votre lettre de présentation. De même, le fait de commenter dans votre lettre des éléments clés de votre curriculum vitæ peut vous permettre de les mettre en valeur en les contextualisant de manière à les rendre encore plus impressionnants. Par exemple, si vous avez travaillé 35 heures par semaine tout en suivant vos cours de droit, vous devez le mentionner. Le lecteur ajustera mentalement votre moyenne cumulative à la hausse, sachant que si vous avez obtenu une moyenne cumulative de 3,2 tout en travaillant 35 heures par semaine, vous auriez certainement obtenu une note encore meilleure si vous aviez pu vous consacrer uniquement à vos études. Enfin, votre lettre de présentation peut faire ressortir des qualités qui sont implicites dans votre curriculum vitæ ou dans vos relevés de notes. Par exemple, si vous avez suivi une proportion importante de vos cours de droit à Laval dans votre langue seconde et que vous souhaitez utiliser cet élément pour faire valoir votre bilinguisme, vous devez l’indiquer dans votre lettre de présentation, car les recruteurs pourraient ne pas le réaliser par eux-mêmes.
La section « Pourquoi moi ? » est également l’endroit approprié pour évoquer les défis que vous avez relevés, ou pour expliquer les difficultés qui ont eu des répercussions sur vos succès dans vos études. Si une maladie, une urgence familiale ou toute autre perturbation a eu une incidence sur votre moyenne cumulative, vous devez le mentionner, car cela vous permettra d’expliquer pourquoi vos notes ne sont pas représentatives de votre potentiel réel de réussite à l’université. À titre d’exemple, si une situation indépendante de votre contrôle a eu des répercussions sur vos notes au cours d’un semestre en particulier, vous pouvez expliquer la situation et fournir une moyenne cumulative recalculée après soustraction des notes de ce semestre, afin de présenter au lecteur une image plus fidèle de votre réussite dans vos cours [1]. Il est presque toujours préférable d’aborder de telles questions ouvertement, car votre lettre de présentation sera le seul moyen de fournir cette information aux gens qui décideront de vous inviter ou non à une entrevue. Si vous ne les informez pas à ce stade, vous risquez de ne pas avoir d’entrevue, auquel cas les recruteurs ne seront jamais informés de ces circonstances atténuantes.
Enfin, une autre manière de structurer la section « Pourquoi moi ? » est de faire correspondre ses subdivisions avec les thèmes annoncés dans votre section « Qui suis-je ? ». Par exemple, lorsque j’ai posé ma candidature pour faire mon stage à la Cour d’appel de l’Ontario, ma lettre commençait ainsi : [Traduction] « Étudiant en droit à l’Université McGill, bilingue, je possède de l’expérience en tant qu’auxiliaire juridique, d’excellentes aptitudes en matière de recherche et de rédaction en droit et des compétences diversifiées, notamment en calcul statistique avancé. » Chacun de ces thèmes (expérience d’auxiliaire juridique, aptitude à la recherche et à la rédaction en droit et compétences diversifiées) a été par la suite développé dans un paragraphe de la section « Pourquoi moi ? ».