L’alimentation, un choix personnel

Par Andréa Lampron, publié le 20 mai 2021

Crédit photo : Brooke Lark

Crédit photo : Brooke Lark

Reportage | Chaque Nouvel An, on se souhaite du bonheur, de l’amour, une vie prospère et la réalisation de nos divers projets. Dans le but de conserver une bonne santé physique, on se fait la résolution d’intégrer une routine d’entraînement, ou sinon, de la préserver. Toutefois, s’exercer hebdomadairement n’est pas chose suffisante si l’on désire atteindre cet objectif, il importe également d’adopter un certain type d’alimentation. Dans cet ordre d’idées, on entend régulièrement des propos selon lesquels une saine alimentation passe par les produits carnés et leurs bienfaits nutritifs. Pourtant, les modes alimentaires végane, végétalien et végétarien gagnent annuellement en popularité, tant auprès des adolescents que des adultes. De nombreuses idées préconçues et stéréotypées subsistent cependant à l’égard de ces modes d’alimentation. 

Bien que chacun de ces modes alimentaires se distingue des autres et comporte ses propres caractéristiques, les trois possèdent la même base, soit celle de ne consommer aucune viande. La personne végétarienne, bien qu’il existe nombreuses variantes, consommera en règle générale les mêmes produits qu’un carnivore, à l’exception des produits carnés et du poisson. En ce sens, persistent donc dans son alimentation les produits céréaliers, les féculents, les produits laitiers, les œufs ainsi que les fruits et les légumes. En revanche, les végétaliens, tout comme les végétariens, ne mangeront pas de viande ni de poisson, mais proscriront de surcroît les œufs, les produits laitiers, le miel et tout autre sous-produit animal qui pourrait se trouver dans leur alimentation. Malgré le retrait des produits carnés de leurs habitudes alimentaires, les végétaliens y trouvent tout de même diverses alternances. 

Ayant été végétarienne pour une période de deux ans avant de devenir végétalienne à la suite d’une discussion sur le sujet avec un ami, Marie-Ève Montminy, étudiante de première année en droit, répond « […] qu’on ne devient pas végétalien parce qu’on n’aime pas le goût des produits carnés, mais bien parce que nos choix causent de la souffrance animale, en plus de désastres sur l’environnement » lorsqu’on lui demande pourquoi vouloir reproduire la viande, la texture, le goût?

La grande particularité des adhérents au véganisme, c’est-à-dire les véganes, repose dans l’incorporation de leurs limites alimentaires à leur quotidien. En outre, ils excluent toute exploitation animale et refusent de contribuer à toute souffrance animale, qu’elle concerne leur alimentation ou leur vie courante. De ce fait, une personne végane ne se procurera aucune marchandise fabriquée en cuir, que ce soit un manteau, des chaussures, une sacoche ou encore un divan. Pareillement, les produits cosmétiques achetés n’auront pas été testés préalablement sur des animaux et leurs vêtements ne seront pas composés de produits dérivant des animaux. À l’occasion, certains banniront également certaines activités telles que le zoo et le cirque. 

Crédit photo : Stijn te Strake

Crédit photo : Stijn te Strake

Que ce soit pour des raisons religieuses, par souci de l’environnement et des animaux ou tout simplement pour des motifs personnels, contrairement à de nombreuses fausses croyances, intégrer l’un de ces modes alimentaires à son quotidien ne signifie pas devoir se limiter à ingérer du tofu et ne représente pas du tout une punition intentée à soi-même. 

« La raison principale pour laquelle j’ai commencé à être végétarienne est associée à l’environnement, et les conséquences néfastes de l’industrie animalière. […] Le déclic s’est vraiment fait lorsque je me suis rendu compte que l’humain avait le choix ou non de manger de la viande, et qu’il y avait bien plus de conséquences positives à ne plus en manger que l’inverse » mentionne Élodie Lavoie, étudiante en première année en médecine dentaire à l’Université Laval. 

Pour Gabrielle Verret, étudiante en travail social à l’Université du Québec à Rimouski, c’est au travers de manifestations et de documentaires que s’est produit l’élément déclencheur : « J’ai assisté à une manifestation à Montréal qui portait sur le véganisme et qui m’a beaucoup marquée. J’ai aussi visionné quelques documentaires rapportant les conditions de vie des animaux issus de l’industrie de l’élevage, comme Cowspiracy et Dominion. ». 

Crédit Photo : Rob Morton

Crédit Photo : Rob Morton

En ce sens, éliminer complètement de son alimentation la viande comporte des avantages, non seulement au niveau de sa santé, mais également au regard de l’environnement. Tel que l’avance le chercheur d’Oxford Martin Programme on the Future of Food, Marco Springmann, : « […] si le monde adoptait un régime végétarien en 2050, les émissions de gaz à effet de serre seraient réduites d’environ 60% et la mortalité, de 9% par rapport à une situation où les tendances actuelles se poursuivraient […] ». 

Les bienfaits qu’apportent les produits carnés, notamment les protéines, les nutriments et certaines vitamines, se retrouvent également sans compromis dans plusieurs produits alimentaires d’origine végétale. « Je suis végétarien depuis presque 3 ans maintenant […] Dans les protéines végétales, par exemple, on retrouve les haricots, les lentilles, le tofu, le seitan, le tempeh, et j’en passe. Dans le cas du lait, il y a les laits de soya, d’amande, de riz, de cajou, d’avoine, etc., qui offrent bien plus d’options que le simple lait de vache que le grand public est habitué de consommer. De plus, de nombreux produits d’imitation de viande sont en vente en épicerie […] » allègue Marc-Antoine Vibert, étudiant de deuxième année en géographie à l’Université Laval.  

L’ouverture d’esprit et la connaissance d’informations au sujet des choix alimentaires d’autrui représentent des éléments essentiels afin de combattre les tabous et les préjugés. Changer ses habitudes alimentaires le temps d’un repas n’implique pas de cesser sa consommation de tout produit carné par la suite. Dans cette optique, Doriane Clouet, finissante en multisport à l’école secondaire de la Seigneurie énonce que « […] les commentaires négatifs […] viennent de personnes qui ne sont pas informées sur le sujet. Il faut simplement expliquer, ou laisser faire, il ne faut pas mal le prendre! Je pense aussi qu’il faut être conciliant avec les carnivores, il ne faut pas forcer personne au végétarisme, c’est simplement une question de tolérance. » Autrement dit, les points cruciaux sont l’indulgence et la compréhension. En contrepartie de tenter l’expérience d’y goûter, vous pourriez être fort étonné et agréablement surpris de la diversité des options qui s’offrent et des saveurs qui en résultent. 

Par l’intermédiaire de cet article, j’aspire à démanteler ces pensées figées et à sensibiliser davantage la société à ces types d’alimentation, parce qu’après tout, ça reste un choix personnel. C’est d’ailleurs ce qu’affirme Julie Bouchard Doyon, étudiante à l’Université Laval au baccalauréat multidisciplinaire ; « Je suis végane […]. Ce n’est pas seulement au niveau alimentaire, mais c’est un mode de vie. Je ne mange pas de produits venant des animaux, mais je n’en achète pas non plus pour me vêtir. Lorsque j’ai des commentaires négatifs, je le prends souvent un peu mal parce que ça vient toucher une corde très sensible chez moi. […]Quand les personnes prennent le temps de s’attaquer à ma façon de vivre, qui se veut seulement respectueuse envers les animaux, je me sens blessée et rapidement émotive. » 

Témoignages

Pour parvenir à atteindre mon objectif, j’ai posé quelques questions à des étudiants, allant du niveau secondaire à universitaire, dans le but d’illustrer cette réalité encore méconnue. Parmi leurs réponses, j’ai trouvé pertinent de reproduire certains témoignages en entier. 

Crédit PhotpSam Carter

Crédit PhotpSam Carter

Brièvement, je dirais qu’un animal ressent aussi de la douleur au même titre qu’un humain, c’est pourquoi il est important de s’informer par rapport aux conditions de vie des animaux dans les fermes d’élevage et par rapport aux conséquences qu’a la consommation de produits d’origine animale sur leur corps. En effet, les animaux que les gens mangent, peu importe leur provenance, ont pour la plupart vécu dans des conditions terribles, ils ont souffert, ils ont été séparés très tôt de leur mère, ils ont peu d’espace pour bouger, pour se nourrir, etc. Sur le corps, un régime végane a beaucoup d’impacts, comme un regain d’énergie, le fait d’avoir moins de chances d’être atteint d’un cancer, de diabète de type 2 ou d’être obèse. Le régime végétalien a aussi un impact positif sur l’environnement, car l’élevage crée beaucoup de gaz à effet de serre, tout comme il pollue de nombreux cours d’eau. Parfois, il est nécessaire de ne pas juste penser à soi quand l’on fait un choix, car évidemment, manger de la viande peut être bon au goût, mais il y a un animal qui a énormément souffert derrière chaque portion de viande, sans compter les tonnes de CO2 qui ont été produites. Ce que je trouve le plus gratifiant est d’avoir un régime alimentaire et des habitudes de vie qui sont en accord avec mes valeurs et mes principes, que ce soit l’égalité, le respect de tous, l’environnement, etc.

Gabrielle Verret, végane

Si j’avais quelques mots à dire à quelqu’un qui possède très peu ou pas de connaissances sur le sujet, je lui dirais qu’il est facile de varier ses habitudes alimentaires sans toutefois devenir végétarien ou végétalien. Définitivement, si l’on veut réussir à sauver la planète, il faut diminuer notre consommation de viande. Réduire sa consommation de produits d’origine animale est donc bénéfique pour l’environnement, les animaux et la santé. Par exemple, il est facile de remplacer la viande hachée par du « haché végé » dans une recette, ou de remplacer le poulet dans un pâté par du tofu. Avec les assaisonnements, je garantis que le goût sera excellent, oui, oui, même si c’est du tofu! Après tout, même la viande ne goûte rien sans assaisonnement! De plus, on peut aisément remplacer le lait de vache par du lait végétal (soya, amandes, avoine, etc.). Il y a plusieurs variantes délicieuses, notamment du lait végétal au chocolat ou à la vanille. Bref, à peu près tout se remplace par un produit végétal, et ce n’est pas mauvais, contrairement à ce que certains pensent. Les végétariens/liens ne mangent pas seulement du gazon! Plusieurs recettes sont disponibles sur le web ou dans des livres, notamment ceux de La cuisine de Jean-Philippe ou de Végane, mais pas plate!

Crédit photo : Sam Moqadam

Crédit photo : Sam Moqadam

Ce que je trouve le plus gratifiant depuis que j’ai cessé de manger des produits provenant d’animaux, c’est de ne plus avoir un sentiment de culpabilité lorsque je mange. Longtemps, j’ai mangé des produits d’origine animale sans me soucier vraiment de l’endroit d’où ils venaient ni des conséquences de mon acte, soit la souffrance d’un animal. Un animal décédé pour seulement cinq minutes de mon plaisir gustatif, ce n’est tout simplement pas éthique dans ma tête. Certains me diront que la différence est petite venant de moi seule, mais le mouvement végane est en constante augmentation depuis des années, et c’est ainsi qu’on verra une grande différence dans les prochaines années. Par exemple, on voit déjà que depuis le début des années 2000, le nombre de végétariens et végétaliens est passé de 900 000 à près de 3 millions au Canada.

Marie-Ève Montminy, végétalienne

Grâce à Internet, il est possible de trouver des tonnes d’articles sur le véganisme et le végétarisme, en passant des bienfaits de ces modes de vie jusqu’aux trucs afin de faciliter la transition d’un régime carné vers un régime sans viande. Si certains voudraient approfondir davantage leurs connaissances sur le sujet, je recommande le livre Les animaux ne sont pas comestibles de Martin Page, qui m’a beaucoup influencé et qui a confirmé mon choix alors que j’étais encore en période transitoire, ou encore les documentaires Cowspiracy et What the Health, tous deux disponibles sur Netflix. Bien qu’ils ne soient pas totalement objectifs, comme n’importe quel documentaire d’ailleurs, ils mettent en lumière le revers de la médaille de l’industrie agroalimentaire nord-américaine, notamment l’élevage industriel d’animaux.  La terre est indiscutablement la responsabilité de tous et chacun, et j’aime savoir que je fais ma part, aussi infiniment petite soit-elle, afin de réduire mon impact sur l’environnement, pour une cause plus grande que moi. 

Marc-Antoine Vibert, végétarien

Crédit photo : Robert Bye

Crédit photo : Robert Bye


Le véganisme n’est pas une secte, contrairement à certaines croyances! C’est un mouvement, une façon de penser et de vivre, mais en aucun cas ce n’est une obligation. Chacun va à son rythme. Si quelqu’un veut essayer de devenir végétarien ou végane et qu’il n’a pas beaucoup de connaissances au niveau de la nutrition et de la cuisine, je lui conseillerais de consulter un nutritionniste qualifié pour que son alimentation soit équilibrée. Le plus gratifiant pour moi, je crois, c’est de savoir que je ne contribue pas à la souffrance des animaux en général. Souvent, je suis découragée par l’ampleur du « lobbying » et de l’industrie de la viande et des sous-produits animaux. Cependant, lorsque je vois que mon mode de vie a une influence positive dans la vie des gens qui m’entourent et qu’ils apportent des changements à leur façon de voir les choses, je sens que j’accomplis quelque chose de bien.

Julie Bouchard Doyon, végane

Avant de se lancer là-dedans, il faut être sûr de soi et savoir quels suppléments prendre afin de s’assurer d’avoir tous les nutriments essentiels : c’est très important, au risque de subir une carence en fer ou en calcium ou tout simplement de ne pas manger assez. Être végane, ça peut devenir répétitif en ce qui concerne l’alimentation, mais je suis fière de continuer et d’aimer ça! Je pense que c’est ma constance. Pour rien au monde je ne changerais de mode de vie, je le conseillerais à n’importe qui.

Doriane Clouet, végane