L’avenir de l’hydrogène dans nos voitures

Par Patrick Baghdisar

Crédit photo : Toyota

Crédit photo : Toyota

CHRONIQUE AUTOMOBILE | Peu importe que vous soyez pour les voitures électriques ou non. On ne peut tout simplement pas nier le fait qu’objectivement parlant, elles sont de meilleures voitures. En plus du fait que la batterie ne peut pas être rechargée instantanément et qu’en hiver elles perdent leur charge, tous les autres aspects de cette technologie la rendent meilleure que son ancien et désuet frère pétrolier. Cependant, la vraie question demeure : comment les voitures électriques seront-elles alimentées à l’avenir?

Cette année, au Salon de l’auto de Montréal, j’ai eu l’occasion de discuter avec des représentants de Toyota qui m’ont dit que le gouvernement du Québec est censé acheter 50 véhicules à pile à hydrogène - vous avez bien lu, une cinquantaine de voitures, quel nombre incroyable. Ces 50 voitures à hydrogène seront les premières du genre au Canada, mais ce n’est pas le cas partout dans le monde. Au Québec, Toyota Motor Corp. et Honda Motor Co. of Canada Ltd. ont annoncé plus tôt cette année un partenariat pour la construction de la station-service de Montréal. Dans certains pays d’Europe, d’Asie et de nos voisins du Sud, cette technologie semble être beaucoup plus présente et les stations-service semblent être plus présentes. En Grande-Bretagne, on trouve huit stations selon James May, l’ancien animateur de Top Gear. 

Différences

Maintenant vous pouvez me demander quelle est la différence et quels sont les avantages de chaque façon d’alimenter ces moteurs électriques?

Le plus grand avantage d’un véhicule à pile à combustible est peut-être qu’il ne produit pas d’émissions de carbone lorsqu’il est utilisé - juste de l’eau propre. Il combine l’hydrogène et l’oxygène de l’atmosphère dans sa pile à combustible pour créer de l’électricité par une réaction électrochimique. Parce que l’oxygène est aspiré à travers un filtre à air haute performance qui élimine même les microparticules, la voiture nettoie l’air qui l’entoure pendant qu’elle roule. 

Cependant, l’hydrogène le moins cher est généralement extrait de l’eau et il a besoin de vapeur à haute température et pour ce faire, c’est souvent chauffé par la combustion de combustibles fossiles. Il peut également être créé par des unités d’électrolyse autonomes qui n’ont presque aucun impact sur l’environnement, mais à ce stade de développement, les coûts de la construction et de l’installation sont élevés et pas assez rentables.

D’un autre côté, la voiture électrique alimentée par batteries ne nécessite que de l’électricité. Alors qu’au Québec, c’est peut-être la solution la plus écologique, ce n’est peut-être pas le cas partout dans le monde. Ce ne sont pas toutes les villes ou tous les pays qui ont le luxe d’avoir de l’électricité produite par des barrages hydroélectriques, et ainsi doivent se tourner vers la combustion de combustibles fossiles afin de produire de l’électricité. Bien que les voitures fonctionnant à l’hydrogène nécessitent moins de temps pour faire le plein (presque comme une voiture à essence ordinaire), elle est accompagnée d’un certain nombre de défis. 

Des défis importants

Le défi le plus grand semble être les infrastructures pour transporter l’électricité. L’hydrogène doit être mis sous pression dans un liquide ou il s’évaporera naturellement avec le temps. Le moyen conventionnel par camion ne suffira pas pour transporter de l’hydrogène. Le fait qu’il doive également être transporté sous pression peut être encore plus dangereux si le camion qui le transporte est impliqué dans un accident ou s’il se trouve perforé, car l’hydrogène produit des mélanges explosifs avec l’air et l’oxygène.

À quoi tout cela nous mène-t-il? Selon Kim Sae-hoon, vice-président de la division des piles à combustible de Hyundai, «la mauvaise qualité de l’air de la plupart des villes asiatiques signifie qu’elles accorderont probablement plus d’importance que le Canada à la construction de leurs infrastructures de ravitaillement en hydrogène», ajoutant qu’en Allemagne, le coût pour fournir 400 stations-service à hydrogène est environ le même que pour construire 50 kilomètres d’autoroute (1).

SOURCE

( 1 ) Richardson, Mark. «Hydrogen-powered cars are the future. But are we ready?» The Gobe and Mail, https ://www.theglobeandmail.com/drive/technology/article-hydrogen-powered-cars-are-the-future-but-are-we-ready/