La métaphore du Cheval de Troie
Par Paul-David Chouinard
OPINION | On me dira que les réseaux sociaux sont propices à la désinformation. J’en conviens. On me dira également que j’aurais dû être en train d’étudier mon examen du lendemain à la place de regarder mon fil d’actualité Facebook. J’en conviens également.
Pourtant, j’étais loin de me douter que l’image que j’allais voir un mardi soir allait m’inspirer pour écrire un article dans Le Verdict.
Une image des plus banales. Une image que tout le monde a déjà vue circuler sur les réseaux sociaux : celle du Cheval de Troie. Les esprits les plus comiques s’amusent à la modifier à leur guise pour faire passer un message de manière humoristique. Vous allez me dire non ironiquement : «Félicitations, tu viens de définir ce qu’est un mème». Quelle est la pertinence pour un journal étudiant? J’y viens.
L’image en question avait été modifiée par un étudiant pour illustrer un concept de droit. Je ne me rappelle pas du mème en détail, mais je me souviens avoir bien ri en le voyant.
Le rire a rapidement cédé le pas à la réflexion. Soudainement, le fameux Cheval de Troie prenait un tout autre sens. Il faisait naître en moi une conception du droit qui m’était jusqu’alors étrangère.
Je ne compte plus le nombre de fois où un proche ou un membre de mon entourage a émis une critique sur le monde juridique.
Le droit est souvent vu comme un château fort, un bâtiment bien gardé et dont l’accès est restreint au grand public. Chaque pierre qui forme le château est méticuleusement choisie. Elle est le fruit d’un long consensus entre les membres de l’ordre, qui en sont les protecteurs.
L’humour, quant à lui, est perçu comme un domaine en pleine évolution. Il s’adapte au gré des mœurs et est souvent le reflet de la société moderne.
Le Cheval de Troie, solution subtile et ingénieuse, permet d’accéder au château fort sans en défaire les fondations et en ne perturbant pas l’équilibre en place.
L’humour, la créativité, l’imagination constituent une porte d’accès inestimable au château fort que constitue le milieu juridique. Ils contribuent sans aucun doute à une meilleure perception du système de justice par la population.
Un mème en rapport avec le droit, un exemple loufoque donné par un professeur, une touche humoristique donnée à une conférence, tous ces exemples en apparence anodins marquent l’esprit et changent notre vision du droit.
Peut-être ai-je déformé la finalité de l’histoire du Cheval de Troie. Mais n’est-ce pas justement l’un des buts de l’humour : caricaturer une situation, faire ressortir certains aspects de la société, susciter des réactions?
Concilier humour et droit peut parfois être difficile. On ne demande pas au juge de devenir humoriste à temps partiel. Cependant, j’ai la conviction profonde que le rire est un outil essentiel pour favoriser un contact plus humain entre les juristes et la population.