Le pire ennemi de la science

Par Guillaume Bédard

Crédit photo : Canva

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OPINION | L’autre jour, j’apprenais que Thomas Mulcair, dans sa grande sagesse d’homme qui fut un jour presque premier ministre et, accessoirement, ancien ministre libéral de l’Environnement, avait décidé de parrainer la Coalition pour l’homéopathie au Québec. 

Je me suis donc posé deux questions : premièrement, «de quoi il se mêle?» et, deuxièmement, «pourquoi est-ce que des gens croient encore à des affaires aussi aberrantes que l’homéopathie?».

Thomas Mulcair, c’est un professeur de droit et un politicien. Je veux bien croire que le droit mène à tout, mais il y a des limites lorsqu’on veut faire de la propagande sur un sujet dans lequel on est loin d’être un expert. En fait, en y pensant bien, ce n’est peut-être pas un hasard : les charlatans homéopathes n’ont tout simplement pas trouvé de spécialiste crédible dans leur domaine qui appuie leurs élucubrations et, en plus, l’ancien chef néo-démocrate a assez de poids médiatique pour que même un journal facultaire de Québec en parle…

L’homéopathie, c’est l’art de diluer une substance jusqu’à ce qu’il n’en reste même plus un atome. Le liquide qu’on obtient alors est censé faire des miracles grâce à quelque chose qui s’appelle la «mémoire de l’eau», soit lorsque l’eau, ayant touché une substance, garde les propriétés de celle-ci. Si ça semble hautement improbable, c’est parce que ce l’est. 

Aucune expérience sérieuse n’a permis de prouver que le taux de réussite était plus élevé que celui d’un placebo ordinaire. 

Cependant, les compagnies d’homéopathie continuent à faire une fortune, même après que la science ait déboulonné tous les mythes, parce que ce qu’ils vendent, ce ne sont pas des médicaments, mais de l’espoir. Lorsqu’on a tout essayé, lorsque tout va mal, qui n’aurait pas envie de croire qu’il y a encore une chance? 

Si la pseudoscience existe, que ce soit sous la forme d’homéopathie, de cristallothérapie ou d’astrologie, c’est parce qu’elle permet aux gens de fuir une réalité qui leur paraît trop cruelle ou qui manque de sens. 

Le pire ennemi de la science, ce n’est pas l’ignorance, parce qu’elle peut être éliminée par l’éducation. Le pire ennemi de la science, c’est l’espoir, parce qu’il mène à de l’aveuglement volontaire.