L’implication en ébullition à la Faculté de droit
Par Dominique Gobeil, le 12 avril 2021
ACTUALITÉS | Naissance d’un comité en droit de la santé, émergence de clubs d’intérêt, balbutiements d’un groupe pour les mordus de droit public… Les occasions de s’impliquer et de partager ses passions se multiplient au sein de l’Association des étudiants et étudiantes en droit de l’Université Laval (AED) depuis quelque temps. Le Verdict vous offre son compte-rendu.
À la dernière Assemblée générale annuelle au début du mois d’avril, la création du Comité du droit de la santé de l’Université Laval a été acceptée par la centaine de membres réunis. Un exécutif a été nommé et travaille déjà à des projets. À l’automne, le Comité droit et enjeux des minorités visibles a pu naître officiellement sans opposition, après un un été de travail par le cofondateurs. Durant l’année 2019-2020, le Comité justice et enjeux autochtones a fait son apparition, précédé quelque peu auparavant par le Comité de droit fiscal. Environ à la même période, l’Ensemble vocal est ressuscité sous la forme du Comité d’art et de musique des étudiants en droit (CAMDUL). À l’hiver 2018, la troupe Côté Cour a présenté sa première pièce de théâtre après des années de dormance.
Et ce n’est que du côté des comités officiels, chapeautés par l’AED et ses Règlements généraux. La refonte de ces derniers a permis de mettre en place de façon officielle tout récemment les clubs d’intérêt, comme le club d’échecs ayant vu le jour en 2018, le groupe des jurisportifs créé l’année dernière ou le Cercle des juristes disparus, pour lire et discuter en groupe d’autre chose que la doctrine. Ces clubs peuvent recevoir un certain financement de l’AED, mais n’ont pas une structure aussi rigide que les comités. On peut aussi penser aux organismes reconnus, comme le Bureau d’information juridique ou le Centre de soutien des étudiants en droit, qui ont vu leur rangs grossir avec la venue d’Enjeux du droit. La compétition académique avait été couronnée de succès en janvier 2020. Ces organismes sont régis à l’interne et bénéficient de plus de souplesse auprès de l’AED.
Sa forme officielle n’est pas déterminée, mais les étudiants intéressés par le droit constitutionnel et le droit administratif peuvent rejoindre depuis peu le Groupe de droit public de l’Université Laval sur Facebook. Pour l’instant, le but est de rassembler ces adeptes afin de favoriser les échanges et créer un pont entre les étudiants de premier cycle et un futur centre d’études spécialisé à la Faculté de droit, dont le lancement sera annoncé dans les prochains mois. Le professeur Patrick Taillon se montre intéressé à offrir du soutien aux étudiants qui voudront organiser des activités éventuellement.
Plus d’occasions, mais pas plus de temps
En tout, près d’une trentaine d’entités peuvent donc être associées de près ou de loin à l’AED. Si on calcule une moyenne de cinq postes disponibles au sein de chacun des comités exécutifs, ça fait environ 150 opportunités d’implications. Et c’est sans compter les bénévoles recherchés pour l’organisation d’activités à plus grand déploiement. La mobilisation parmi la communauté étudiante représente donc un enjeu pour conserver une vie facultaire dynamique et saine.
Pourtant, même si les occasions de s’impliquer se multiplient, les étudiants en droit n’ont pas nécessairement plus de temps à y consacrer. C’est pourquoi l’AED reste prudente.
«Tant l’année dernière que cette année, des gens ont manifesté un intérêt pour former des comités. Forcément, on veut encourager les initiatives étudiantes, cela dit, on doit garder en tête qu’il y a déjà beaucoup de comités en place, nuance la vice-présidente aux communications du comité exécutif de l’AED, Eugenie-Laurence Fafard Drareni. Par le fait même, on ne veut pas qu’un trop grand nombre de comités contraigne les droits des comités déjà en place, en termes de budget ou de dates disponibles pour leurs activités par exemple. C’est déjà difficile d’avoir toujours une bonne participation étudiante.»
C’est pourquoi la nouveauté des clubs d’intérêt est bien pratique, poursuit Eugenie-Laurence. «On trouve ça très intéressant. Ce sont des canaux vraiment incroyables pour encourager les initiatives étudiantes sans brimer les comités déjà en place.»
Lorsqu’un nouveau comité est pressenti, plusieurs facteurs sont évalués par le comité exécutif. « Est-ce que le comité offre quelque chose de vraiment différent? Est-ce que le domaine peut être couvert par un comité déjà en place? Va-t-il avoir un engouement de la part des autres étudiants ? La personne amenant la proposition a-t-elle bien détaillé son projet et pensé à des moyens de financement?» sont toutes des questions que se pose l’exécutif, explique la vice-présidente aux communications.
Au gré des saisons
Les comités vont et viennent au sein de l’AED, tout dépendamment des intérêts des personnes étudiant au baccalauréat. Une visite sur la page de l’association dans le registraire des entreprises permet de trouver des traces d’une troupe de danse Objection, d’un comité Adrénaline et d’un groupe Pellicule sans acropole dans les années 2000.
Même Le Verdict qui vous permet de lire ces lignes a déjà porté d’autres noms, comme Le Délateur ou L’Aristide. D’ailleurs, la mission du média étudiant est bien différente de celle de la Revue juridique des étudiants et étudiantes en droit, qui permettait par exemple de publier les meilleures recherches dirigées. Faute de personnes pour porter le flambeau, la revue s’est éteinte, mais qui sait si elle pourra renaître de ses cendres prochainement?
La pandémie est la preuve que les tendances de l’époque ont bien des impacts sur l’implication étudiante. Ainsi, la troupe de théâtre peine maintenant à trouver des membres, alors que les spectacles devant public sont restreints.
Le droit évolue, la santé reste
Tandis que d’autres branches du droit deviennent de plus en plus populaires, on pourrait penser qu’un comité s’intéressant aux sciences et aux technologies, par exemple, pourrait avoir sa place.
C’est ce qui a motivé Ariane Matte à fonder le Comité de droit de la santé. Passionnée par ce domaine, elle regrettait de ne pas avoir de ressources adéquates pour concrétiser ses idées, jusqu’à l’été 2020 où ses cofondateurs se sont joints à elle.
«Quand on rencontrait les cabinets durant notre étape de recherche, on découvrait chaque fois une nouvelle facette du domaine. Ce qui me motive aussi, c’est de transmettre cet intérêt et de faire découvrir ce droit qui n’a pas assez de visibilité auprès des étudiants», exprime Ariane. La présidente du comité souligne «la multitude de perspectives de carrière».
Conférences, résolutions de cas pratiques et rencontres avec les principaux employeurs en droit de la santé (tant du côté des cabinets que de la fonction publique) font partie du cahier d’idées du comité.
«Nous voulons mettre en place des ressources plus pédagogiques, telles qu’un guide de carrières en droit de la santé, ainsi que partager l’actualité et la jurisprudence pertinente au travers de nos pages Facebook et Instagram. Nous envisageons également mettre en place des activités de recherche ou des journées du style dans la peau d’un avocat en droit de la santé, en collaboration avec les employeurs», informe Ariane Matte, qui se réjouit de la réponse positive des étudiants, des cabinets et de la Faculté envers son comité.
Favoriser la collaboration
Une solution pour contrer les effets non voulus de la multiplication des comités serait d’inciter davantage les étudiants à collaborer entre eux. Néanmoins, le comité exécutif de l’AED ne peut pas leur forcer la main, note la vice-présidente aux communications. Ce n’est pas tout le monde qui est prêt à partager la récolte d’une activité de financement ou d’accueillir un nouveau venu dans l’organisation de son activité phare.
«Il y a des traditions très attachées à certains comités et organismes, comme le Casino Pro Bono ou le Bières et saucisses du Festival de droit», illustre Eugenie-Laurence Fafard Dfareni.
La porte-parole de l’AED se montre tout de même ouverte à l’idée de favoriser plus d’échanges entre les présidences des comités. Certains événements l’ont déjà expérimenté avec brio, comme la soirée Accès à la justice organisée en novembre 2019 par Pro Bono, le Bureau d’information juridique et Avocats sans frontières, ou le récent tournoi en ligne Génies en herbe du comité sociopolitique, avec la collaboration du comité Justice et enjeux autochtones.
Peut-être que les contraintes pandémiques stimuleront plus d’innovations et d’entraide!
Le Verdict sera de retour avec une nouvelle édition papier d’ici la fin de la session. Restez à l’affût!