Marcher pour le futur

Par Lisa Say

Des milliers de citoyens ont pris la rue pour réclamer des politiques plus ambitieuses pour l’environnement le 27 septembre dernier, à Québec. Crédit photo : Dominique Gobeil

Des milliers de citoyens ont pris la rue pour réclamer des politiques plus ambitieuses pour l’environnement le 27 septembre dernier, à Québec. Crédit photo : Dominique Gobeil

Chaque génération, sans doute, se croit vouée à refaire le monde. La mienne sait pourtant qu’elle ne le refera pas. Mais sa tâche est peut-être plus grande. Elle consiste à empêcher que le monde ne se défasse.
— ALBERT CAMUS, Discours de réception du Prix Nobel de littérature, Oslo, le 10 décembre 1957

DOSSIER CLIMAT | Le 27 septembre dernier, la planète entière a tremblé devant l'ampleur de la vague des manifestants lors de la marche pour le climat, marche qui d’ailleurs, a été considérée comme la plus importante mobilisation citoyenne pour l’environnement à ce jour ( 1 ). En effet, selon des statistiques transmises par le mouvement Global Earth Strike sur les réseaux sociaux, ce sont plus de 7,6 millions de citoyens de tous âges et de tous horizons, dans 185 pays ( 2 ), qui sont descendus dans les rues afin de revendiquer une loi qui force à réduire les émissions de gaz à effet de serre pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 degré, ainsi qu'une interdiction complète d'exploitation des combustibles fossiles ( 3 ). Au Québec, la plus grande manifestation a eu lieu à Montréal, où 500 000 personnes sont allées marcher ( 4 ). 

Si cette marche a suscité un aussi grand engouement, c'est parce que l'environnement ainsi que les changements climatiques sont devenus une préoccupation grandissante. De plus en plus, nous réalisons combien les écosystèmes sont fragiles. La protection de la biodiversité s'impose comme une nécessité pas seulement pour nous, mais aussi pour la génération de demain, qui aura à subir les contrecoups de notre inaction d’aujourd’hui face au réchauffement climatique, qu’elle soit gouvernementale ou personnelle. Néanmoins, une loi s’inscrit dans le tissu social et a force de coercition. Si les autorités gouvernementales s’engagent à en adopter une, ses effets juridiques quant à sa violation peuvent dissuader la paresse d’agir. Les changements climatiques accentuent aussi les inégalités sociales, puisque l'accès à certaines ressources deviendront dans les prochaines années de plus en plus difficile pour certaines populations à travers le globe. Plus qu’une lutte contre les changements climatiques, c'est aussi une justice climatique qui est revendiquée à travers le mouvement. 

Mais au-delà de la marche, au-delà des slogans revendicateurs, au-delà de la simple bonne volonté, le plus important tient en un mot:  action. La marche n'avait qu'une portée symbolique, elle ne peut incarner les actions concrètes que peuvent poser les citoyens et le gouvernement afin de participer à un développement durable qui serait le moins dommageable possible pour la biodiversité et pour les générations futures.  Si, tel que le dit Albert Camus, notre génération est vouée à empêcher que le monde ne se défasse, il faut réagir. Maintenant. 


( 1 ) Climate crisis : 6 million people join latest wave of global protests, The Guardian, 20 septembre 2019, [https ://www.theguardian.com/environment/2019/sep/21/across-the-globe-millions-join-biggest-cli-mate-protest-ever]

( 2 ) Global Climate Strike : September 2027, [https ://globalclimates-trike.net/]

( 3 ) La Planète s’invite au Parle-ment : Nos revendications,[https ://laplanetesinvite.org]

( 4 ) BAILLARGEON, Stéphane et SHIELDS Alexandre, Marée humaine pour le climat dans les rues deMontréal, Le Devoir, 27 septembre2019, [https ://www.ledevoir.com/societe/environnement/563 610/journee-de-greve-pour-le-climat]