Mens sana in corpore sano

Par Laurie Beaulieu

La débauche est un cadeau merveilleusement sain pour te féliciter des deux dernières semaines d’examens. Crédit photo : Canva

La débauche est un cadeau merveilleusement sain pour te féliciter des deux dernières semaines d’examens. Crédit photo : Canva

CHRONIQUE D’HUMEUR | Mens sana in corpore sano ne constitue pas un concept juridique que Julie Desrosiers expliquera pédagogiquement l’étymologie latine au onzième cours de la session. Mens sana in corpore sano, c’est-à-dire «un esprit sain dans un corps sain», est un vieil adage dont l’application a contrario règne dans notre belle faculté. Son expression la plus fidèle: le party de fin de session.

Il s’agit de l’occasion parfaite pour remercier ton corps en manque de sommeil à grandes gorgées de déshydratation liquide. La débauche est un cadeau merveilleusement sain pour te féliciter des deux dernières semaines d’examens. Work hard, party hard. Il faut bien une récompense à la hauteur des efforts fournis.

Un esprit assoiffé dans un corps exténué

Tous et toutes sont bien excité.e.s à l’idée de se péter la face sans que de longues pages format légal y aient contribué. Une coutume bien établie à la faculté de droit; mieux vaut s’enfarger sur le plancher du bar que dans ses réponses d’examen.

Tu tentes de rattraper l’échec cuisant de ton examen final en droit des biens en démontrant ta compréhension des démembrements innommés. Le peu de concentration qu’il te reste est consacré à la recherche du meilleur ratio du pourcentage d’alcool d’un drink versus son prix. De grands calculs mathématiques qui te permettront de laisser l’usus de ton inhibition à Molson et l’abusus de ton discernement à une partie de Flip the cup. Évidemment, tu conserves précieusement le fructus de ta consommation excessive.

Aucun esprit de satiété dans un corps déséquilibré

Tu finis ton verre à la même vitesse que tu as répondu à la dernière question de ton examen. Sauf que le «il vous reste deux minutes» lancé par le surveillant légèrement blasé se transforme en «chug, chug, chug» de tes potes à la Dissidence. Le gain de 0,02 mg d’alcool dans ton sang est désormais aussi primordial que le 0,33 de plus sur ta cote Z.

Quel soulagement de finalement échanger les rencontres du deuxième étage du pavillon Bonenfant pour la banquette de l’Ozone. Tu te permets allègrement de prendre une pause de la jurisprudence pour faire valoir ton droit inhérent à t’engourdir sans précédent. Les quelques souvenirs d’un dance floor rempli de tes humains préférés te sont gracieusement offerts par ta story Snapchat. Merci à ton téléphone de t’annoncer quelle belle soirée tu as passée.

Un esprit évaporé dans un corps saturé

L’authenticité et la profondeur des discussions de fin de soirée te sont volées par trois, quatre Jäger bombs. Les conversations futiles de coupons de vestiaire et de portefeuilles perdus te permettent de montrer ô combien sont utiles les études supérieures.

Chaque gorgée augmente ton incapacité à saisir la portée du moment présent. Le temps te glisse entre les mains aussi rapidement que tu enfiles ta Twisted tea. À quelques minutes d’être déclaré inapte et d’obtenir un conseil de tutelle composé de bouncers, tu régurgites la fierté d’avoir passé au travers des finaux. Toutes mes félicitations! Vomir, c’est repartir.

Un esprit déprimé dans un corps magané

L’euphorie de ta victoire au Beer pong s’estompe au même moment où tu réalises que tes dettes envers ton organisme sont astronomiques. Tes passifs dépasseront bientôt tes actifs et ton foie, ton plus grand créancier, te réclame son dû. Par chance, il te reste ton trophée; les effets dépresseurs de l’alcool. Chaque jeudi soir de démesure te rapproche de l’insolvabilité. Il faudrait peut-être envisager à s’équilibrer.

Tu remets en question l’aliénation de ton hygiène de vie au profit des bars de la Grande Allée, mais tu continues de penser que les festivités ont besoin de shooters pour s’enjoliver.

Comme si excès rimait avec plaisir.