mots à mes maux
Par Eugenie-Laurence Fafard Drareni
des nuits plus blanches que les cubes de sucre que je dissous quotidiennement dans mon café cheap
protagoniste de mes matinées,
je bois le plus médiocre sur le marché,
substance alléchante sous mes yeux
qui creusent leur tombe jusqu’aux plis dans mes joues pâles
en cours, jouir des mots qui se tachent
par les gouttes disparates
de mon café hivernal
mes doigts frêles tournent les pages d’ouvrages qui,
de part toutes les couleurs que j’y ai mises,
deviennent de plus en plus sales
égarée auprès d’adipeux en sueur
et de bouffeurs d’espoirs,
océan fade de gens qui brassent leurs ambitions
à coup de nage papillon jusqu’à la prochaine rive,
je flotte sur le dos en attente de la prochaine vague
sous les néons lumineux des salles de classe,
je m’échappe,
je m’imagine, béate,
mes membres formant une étoile,
gisant à la surface,
amorphe telle une carcasse,
je perçois apathiquement mes camarades
ils quittent la rivière
sautent en banc de poissons dans la bouche du premier ours prometteur :
le marché du travail
travestir des âmes créatrices en de conformes travailleurs
les poutres, les portes, le carrelage des institutions scolaires,
dépossédés,
leur force colossale de véritablement transformer les individus,
anéantie
telle la brise qui transportent les akènes des pissenlits,
l’école s’est réduit à un rôle d’accompagnatrice temporaire
train de marchandises
cesser de fleurir par et pour la connaissance
ne plus s’empiffrer du savoir comme on se gave de friandises
un instant
un instant seulement
stabiliser le sablier
se soumettre sans autre prétention
à la voix craquée de l’instructeur
se régaler d’érudition
s’abandonner aux notions volatiles
quand avons-nous abdiqué l’intérêt pour l’utile ?