À QUI LA FAUTE ?

Au cours des dernières semaines, la culture du viol fut dénoncée plus d’une fois. Cependant, à qui revient la responsabilité de cette fameuse culture du viol ? Présentement, deux positions majoritaires s’affrontent pour tenter d’y répondre. Tout d’abord, la première position attribue une responsabilité considérable à la femme. Dans ses gestes et paroles, celle-ci cherche et perpétue cette culture malsaine. Ensuite, la seconde position attribue à l’homme sa part de responsabilité dans cette histoire. Dans son regard et son attitude à l’égard de la femme, il crée et soutient cet état pervers. Toutefois, à qui revient réellement cette responsabilité ? Il va sans dire que la culture du viol relève en grande partie de la dynamique relationnelle entre l’homme et la femme entretenue en société et le manque d’éducation sexuelle qui l’entoure. Dans ce contexte, il y a quelques solutions sociétaires qui s’offrent à tous et qui peuvent réellement changer les rapports dégradants entourant les relations d’aujourd’hui. 

Premièrement, le projet pilote d’éducation sexuelle proposé par le gouvernement du Québec est un pas dans la bonne direction. Entre autres, ce projet vise à sensibiliser les jeunes sur leur propre corps, à aborder les stéréotypes sexuels et à démystifier les sentiments amoureux1. Néanmoins, des sujets plus délicats devront être discutés dans nos écoles comme la pornographie. Effectivement, ce sont ces éléments qui transforment les visions des hommes et des femmes vis-à-vis la sexualité et il ne faut pas passer outre leurs effets par gêne ou par peur. À qui revient la lourde tâche de faire cette éducation sexuelle ? Chaque personne est un acteur important envers un jeune. Le parent ainsi que le professeur en passant par l’animateur de camp de jour ou la gardienne ont leur rôle à jouer dans cette éducation. Des sexologues de Rimouski dénotent l’importance de connaître son rôle et sa responsabilité en tant qu’intervenant et proposent même une plateforme web offrant des formations pour ces divers acteurs2. 

Deuxièmement, l’éducation sexuelle passe par une revalorisation de la femme en société. Thérèse Hargot, une sexologue française illustre à quel point la féminité d’une femme peut être perçue comme un danger et comment une femme assumant sa féminité peut être considérée comme une « allumeuse »3. Dans ces circonstances, l’éducation sexuelle doit apprendre aux jeunes femmes à aimer leur corps et à avoir confiance en leur féminité. Il s’agit d’une force immense qu’elles détiennent et c’est en en prenant conscience, qu’elles arriveront à se respecter davantage et qu’elles arriveront à bien définir leurs limites. 


Une femme doit être à l’aise de mettre de l’avant sa féminité sans avoir peur d’être perçue comme une aguicheuse et elle y arrivera en prenant confiance en elle.

Troisièmement, l’éducation sexuelle doit mettre en lumière la pression qui incite l’homme à adopter des comportements dégradants à l’égard de la femme. La pression qui touche l’homme est énorme. Par exemple, deux amis dans un bar, lorsque l’un d’eux adopte un comportement violent verbalement envers une femme, dans la plupart des cas, l’autre ami n’osera pas prendre position et protéger la femme. Cette personne aura peur du jugement de son ami ainsi que de ceux des autres membres du bar. L’éducation sexuelle doit dénoncer cette pression considérable et aider les jeunes hommes à accepter leur sensibilité à l’endroit des femmes. Le regard de la société par rapport à la masculinité de l’homme doit être modifié.

En effet, si la pression dont l’homme est victime était révélée au grand jour, il se sentirait déjà plus à l’aise de prendre position et de respecter en toute circonstance la femme.

Finalement, la sexologue canadienne, Francine Duquet, a d’ores et déjà, souligné l’importance d’une constance dans cette éducation plutôt que de simples actes ponctuels. À qui revient donc cette responsabilité d’éduquer la génération future ? La question ne se pose pas, il revient à tous de le faire. À bien y penser, ce sera peut-être votre enfant qui sera un jour victime elle-même, ce sera peut-être la femme de votre vie, votre collègue ou bien une amie, donc tous sont concernés par la situation. 

Élodie Drolet, Élisabeth Maheux, Charlotte Reid, Odélie Beaurivage Godbout et Camille Dupont