ME RENÉ VERRET

De la Couronne à la défense, l’humain reste au centre

Par Andréa Lampron, publié le 31 mai 2021.

Crédit photo: Boucher Cabinet d’avocats

Crédit photo: Boucher Cabinet d’avocats

REPORTAGE | Oeuvrant depuis 2019 à la défense en droit criminel, Me René Verret poursuit désormais sa carrière chez Boucher, Cabinet d’avocats, où il continue à faire ce qui le passionne depuis le début, soit venir en aide à autrui. Cependant, ce n’est pas sans avoir laissé sa trace comme procureur de la Couronne durant ses 33 années de pratique. Se bâtissant une réputation et une crédibilité sans faille dans le monde juridique en tant que procureur de la Couronne, Me René Verret a le mérite d’avoir réalisé de nombreux exploits. Non seulement est-il réputé pour avoir obtenu un verdict de culpabilité dans le procès de Guy Turcotte, mais son adresse à plaider et à se préparer comme il se doit lui ont permis d’accumuler un historique sans faute en procès pour meurtre, lesquels se sont tous, sans exception, conclus par un verdict de culpabilité.

« C’est vraiment pour le côté humain de la profession, je n’ai aucun regret. »

Cette possibilité de bâtir des liens avec les clients, de réussir à construire un climat de confiance et de représenter un espoir de justice pour les victimes auront été des facteurs déterminants concernant le domaine de pratique dans lequel il exerce. Ne regrettant nullement sa décision, pour Me Verret, c’est le contact humain qui l’a charmé, le faisant balancer pour le droit criminel, où la connexion avocat-client est primordiale et mise de l’avant. Bien que ces deux dernières années se soient déroulées du côté de la défense, « je me voyais d’abord représenter des victimes plutôt que des accusés », mentionne Me René Verret. Résultat : il a consacré une grande partie de sa carrière, ainsi que de sa vie, à promouvoir la justice et à contribuer à la confiance de la société envers le système judiciaire.

N’ayant cumulé que des réussites lors des procès pour meurtre, il demeure incontournable de déclarer que le procès de Guy Turcotte, l’un des plus médiatisés de la province, réside comme l’une de ses plus grandes fiertés. « Les attentes étaient très élevées, avec les résultats du premier procès qui avaient été très décevants », avance Me René Verret. Ce qui aura permis de redonner espoir et confiance à la société aura été l’excellente maîtrise du dossier. « La préparation, c’est la clé. Un dossier, il faut le maîtriser sur le bout de ses doigts. Il faut que tu te prépares adéquatement », recommande-t-il. Après une année entière à se préparer, à lire et relire les interrogatoires, les contre-interrogatoires de M. Turcotte, les 7000 pages sténographiques du premier procès, à rencontrer divers témoins et experts, c’est avec soulagement qu’il affirme avoir été capable de donner justice à Mme Gaston, mère des deux victimes. C’est d’ailleurs l’une des raisons pour lesquelles, malgré son retrait de la fonction publique, il ne cesse de pratiquer, c’est parce que subsiste la même passion, celle d’aider, de faire une différence. 

Changer de côté ne signifie pas changer de mentalité 

Fidèle à ses valeurs acquises au cours de ses années à la Couronne, Me René Verret continue à les exercer même s’il recherche dorénavant des verdicts d’acquittement et non plus de culpabilité. L’une des valeurs les plus fondamentales qui persiste toujours est celle de l’honnêteté, qui implique d’être authentique et respectueux, non seulement envers ses collègues, mais aussi envers le juge. « Il faut s’efforcer de bien faire au quotidien ce qu’on a à faire. C’est comme ça que le juge va nous respecter parce qu’il va savoir qu’avec nous, c’est toujours bien fait, c’est toujours correct. » La crédibilité, auprès de ses collègues et des juges, mais surtout aux yeux de la société, est un aspect des plus fondamentaux du domaine. Il importe donc d’adopter un comportement allant dans ce sens puisque « bâtir une carrière, ça prend une vie et […] une simple bêtise peut tout détruire », atteste Me René Verret. 

Également, il demeure fidèle à ses valeurs en distinguant les crimes reprochés, déclinant les demandes de défense pour des infractions en lien avec des enfants, car à la Couronne comme à la défense, lorsqu’un enfant est victime d’un crime, quel qu’il soit, cela heurte une corde sensible. « Ça ne m’intéresse pas, ça ne rentre pas dans mes valeurs. Toutes ces années, j’ai accusé des gens de toutes sortes de crimes à l’égard des enfants, alors je ne me vois pas défendre quelqu’un accusé d’avoir commis ce genre de geste. » Ayant passé plus de trois décennies à plaider à l’occasion de divers dossiers dans lesquels son objectif était de rendre justice aux victimes, il va sans dire que ce n’est certainement pas une valeur, surtout lorsque prônée pendant d’aussi longues années, qui se délaisse avec aisance. 

De fait, dans sa position actuelle, il apprécie grandement être en mesure de choisir sa clientèle, laquelle étant, chez Boucher, Cabinet d’avocats, centrée particulièrement sur les policiers, les agents de la paix et les hommes d’affaires, soit des citoyens sans dossier criminel. Il s’assure ainsi que chacun des mandats dont il se charge soit en conformité avec ses convictions.

Toutefois, il comprend et respecte les avocats, autant ceux d’expérience que les nouveaux pratiquants, qui choisissent cette clientèle, chaque citoyen ayant le droit d’être représenté. Me René Verret est conscient qu’il n’est pas toujours préférable, voire possible, de trier les mandats qui se présentent, particulièrement lorsque nous en sommes à nos débuts. « Ce n’est pas tous les jeunes avocats qui peuvent faire ce choix. Quand on est jeune, ce n’est pas toujours facile de refuser des dossiers parce qu’on commence alors on prend souvent tous les dossiers qui nous sont confiés », affirme-t-il. 

D’avocat à enseignant

Le charme du contact humain trouvé durant son parcours au baccalauréat, qui l’a poussé à devenir procureur de la Couronne puis avocat de la défense, l’a conduit de la même manière à garder un lien avec les bancs d’école, puisqu’il enseigne depuis 2002 à l’École du Barreau. « J’aime la formation et le soutien aux gens, transmettre toutes les expériences qu’on acquiert avec le temps ». 

Crédit photo: Kelly Sikkema

Crédit photo: Kelly Sikkema

« L’École du Barreau, c’est comme un procès, il faut être prêt quand on arrive aux cours », explique Me René Verret. En ce sens, la préparation préalable aux cours demeure la clé de la réussite, permettant ainsi de se placer dans une position d’apprentissage et de compréhension. L’un de ses conseils est d’assister à des procès lors de ses moments libres. « Les étudiants ne le font pas assez, […] allez voir ce qui se passe dans les salles d’audience », conseille-t-il, car après tout, rien de mieux que du vrai, du concret. 

Travailler en toute liberté en cabinet

Ayant pris sa retraite à l’école des poursuivants du Directeur des poursuites criminelles et pénales (DPCP), c’est l’attrait de travailler en toute liberté qui l’a persuadé d’accepter l’offre de Me Boucher de se joindre à son cabinet privé. « Désormais, je choisis mes dossiers, je ne suis pas obligé d’être là à 8h30 – 9h, […] j’ai une liberté que j’adore. » Avec une belle équipe de travail, dans une ambiance des plus agréables et une clientèle bien établie, Me René Verret se sent à sa place, l’accueil ayant été des plus chaleureux.

Néanmoins, Me René Verret possède un agenda chargé et à l’occasion, atypique. Entre les rencontres avec ses clients, la préparation de dossiers et les procès, à Québec comme à Montréal, dans son domaine, il arrive que le travail le suive jusqu’à la maison, de soir comme de fin de semaine : «[…] s’il faut le faire, si un client m’appelle le soir, je vais répondre. Les gens m’appellent aussi parfois les fins de semaine ». 

Comme dans de nombreux domaines d’emploi, la pandémie a, de fait, confronté le monde juridique, l’amenant à devoir réviser certaines méthodes de travail. « Le plus bel exemple, c’est de savoir que maintenant on peut, du bureau, faire des présentations dans un dossier et agir dans un dossier sans avoir à tout le temps se déplacer », rapporte Me René Verret. L’année 2020 en aura été une de changements et d’adaptations, et, en l’espèce, pour le mieux. « Maintenant on fait les choses autrement […] Le mois prochain, j’ai une audition à Montréal […] et le juge a accepté que je plaide de mon bureau, à Québec. Comme ça, je sauve beaucoup de temps de déplacement et de frais pour mon client », allègue-t-il.

En plus d’être passionné par sa carrière, Me René Verret compte également parmi ses priorités le fait de préserver une bonne santé et de garder un mode de vie sain. Il est l’exemple même qu’être avocat, c’est à la fois donner du temps à ses clients, mais c’est aussi s’en garder pour soi. « L’important pour moi, c’est d’avoir une vie équilibrée. C’est ça le bonheur, avoir un équilibre dans les différentes facettes de nos vies. » 

Une chose demeure manifeste : la profession d’avocat est exigeante et parfois difficile. Elle demande occasionnellement des sacrifices, mais au final, elle demeure humaine. Existe-t-il un sentiment plus valorisant que de savoir que nous faisons la différence dans la vie d’une personne? Comme le mentionne Me René Verret : « L’important dans la vie, c’est de faire ce qu’on aime alors je continue de faire ce que je fais, parce que j’aime ce que je fais. »