Un saut dans le vide
Par Mini-Maître
TÉMOIGNAGE |
«T’as été acceptée en quoi à l’uni? Wow! Tu dois être contente!»
«Droit, c’est tout un programme! Bravo!»
«C’est donc ben nice! T’as dû travailler fort pour pouvoir te rendre là!»
«Tu vas voir, l’uni, c’est tellement trippant parce que tu étudies dans ce que tu aimes!»
Ce que vous venez de lire est un petit résumé des félicitations que j’ai reçues par mes amis et ma famille quand j’ai su que j’avais été acceptée à la Faculté. Le problème, c’est que je ne savais pas comment répondre et comment je me sentais dans tout ça.
En réalité, j’en étais à la moitié de ma dernière session en Sciences de la nature au cégep. Vous comprendrez qu’une autre question qu’on me posait souvent était : «Mais pourquoi avoir fait sciences nat., si tu savais que tu irais en droit?»
La réponse à toutes ces questions était bien simple : je n’avais aucunement l’intention d’aller en droit. Comme tout(e) bon(ne) cégépien(ne) qui entre dans le programme de Sciences de la nature, je voulais aller en médecine, mais j’ai su dès la première session que ce serait impossible. Par la suite, j’ai passé deux ans à me torturer l’esprit à me trouver un programme universitaire qui me plairait, sans parler du fait que ça me stressait et m’angoissait comme jamais dans ma vie. Moi qui avais toujours cru savoir ce que j’allais faire plus tard, moi qui avais toujours eu un plan, je me retrouvais soudainement devant le plus gros inconnu auquel j’aie jamais fait face…
Puis sont arrivées les portes ouvertes de l’université à l’automne. J’ai fait le tour des programmes et je n’avais toujours aucune idée de ce qui me tentait. J’étais rendue à un point tel, où dès que quelqu’un mentionnait le mot «université», les larmes me montaient aux yeux malgré moi, parce que je me sentais tellement impuissante face à cette situation et à ce vide.
Aux portes ouvertes de l’hiver, c’était mieux : j’avais profité des vacances de Noël pour méditer un peu sur un futur choix de carrière qui pourrait m’intéresser. Je m’étais principalement arrêtée sur le programme de baccalauréat intégré en affaires publiques et relations internationales (BIAPRI). Ce programme offre aussi plusieurs cours de droit au tout début de son cheminement et la dame qui donnait les informations avait mentionné que certains étudiants aimaient tellement les cours de droit qu’ils décidaient de changer de programme! J’en ai donc profité pour aller faire un tour au kiosque de droit et aller à la petite réunion d’information. Je n’étais pas totalement à l’aise, mais le programme avait suscité mon intérêt d’une façon qu’aucun autre n’avait réussi à le faire jusqu’à présent. Résultat : quelques jours plus tard, je faisais ma demande universitaire en droit.
Sur le coup, ça semblait être une bonne idée et le meilleur choix que je pouvais faire à ce moment-là… Mais les questions troublantes sont revenues : et si je n’aimais pas ça finalement? Tout mon entourage trouvait que j’avais de la chance d’avoir été acceptée, et après tout, ce programme a une certaine renommée. Est-ce que je serais prête, après un bout, voire un an, à changer de programme, au risque de décevoir des gens? Est-ce que je serais en mesure de tenir au moins une session dans un programme qui ne me tentait peut-être pas vraiment au en fin de compte? Parce qu’après deux ans dans un programme que j’ai détesté, il était hors de question que je refasse la même erreur, surtout pas pour un BAC cette fois! Et qu’est-ce que j’y connaissais en droit de toute façon? Les séries policières ou du genre de Suits, ça ne m’avait jamais intéressée… En plus, tout ce qui se trouvait à l’extérieur du cercle scientifique — le seul que j’avais connu ces deux dernières années — était un mystère et une source de stress pour moi; je n’étais même pas certaine d’être en mesure de prendre de bonnes notes de cours! Et qu’en était-il des gens? Des étudiants qui se prennent pour d’autres (en «complet-cravate» en permanence sûrement), pas du tout mon genre de personnes! Mais la pire des questions restait certainement : de toute façon, je changerais pour quoi?
L’été est passé (bien trop vite à mon goût) et les cours ont commencés. Au début, je ne savais pas si j’aimais ou pas le programme : je n’avais pas de difficulté, mais j’étais tout de même loin d’être passionnée! Après quelques semaines, j’ai choisi de m’impliquer un peu dans la vie facultaire en assistant à diverses conférences et j’ai commencé à rencontrer des gens. Quelle ne fut pas ma surprise en me rendant compte que ces personnes me ressemblaient beaucoup plus que je ne l’avais cru au départ! Ensuite, j’ai voulu participer à certains projets, je suis allée dans les partys organisés par l’Association et lentement (mais sûrement!), j’ai fini par me rendre compte que je me sentais beaucoup plus à ma place dans ce programme que jamais auparavant dans tout mon cursus scolaire.
Si vous avez toujours su que vous vouliez aller en droit à l’université, ce texte ne s’adresse pas à vous et peut-être ne comprenez-vous pas son intérêt. Je l’ai plutôt écrit pour les gens qui, comme moi au tout début, ne savent pas trop dans quelle aventure ils se sont embarqués, s’ils ont fait le bon choix, etc. Lorsque j’étais à votre place, j’aurais aimé savoir que je n’étais pas seule et que des gens comprenaient le stress que je vivais.
Ce que je retiens de tout ça, c’est qu’on ne sait pas quand on commence que l’université, c’est un monde à part : des gens de tous les âges, tous les milieux, au même endroit. Il ne faut pas hésiter à aller vers les autres puisqu’on peut être vraiment surpris des belles rencontres qui nous attendent; ça veut dire de s’impliquer ou du moins, participer aux activités et soirées organisées par tous les comités et l’Association étudiante de la Faculté (sur lesquels vous en connaissez plus grâce à ce numéro spécial!). L’université n’est pas juste la dernière étape avant la vie d’adulte, mais vraiment une expérience à côté de laquelle on ne doit pas passer. Il se peut qu’au final, le droit ne soit pas le programme qui vous convienne, mais justement, il ne faut pas hésiter à changer pour arriver à trouver notre place. Il faut essayer des choses et se donner une chance d’aimer ça!
Sur ce, bienvenue à la Faculté, bonne rentrée et au plaisir de faire votre connaissance!