LA DÉMOCRATIE PREND L'AUTOBUS

Jeanne Larose, rédactrice en chef 

Quelque chose m’a frappé quand je suis arrivée à l’Université Laval. Non ce n’est pas un néon du DKN en ruine, non ce n’est pas l’hymne controversée des initiations de droit ; c’est le nombre d’étudiants qui se rendent à l’école en voiture. Il est rare que je croise des collègues à l’arrêt de bus principal de l’université à la fin d’un cours, mais je reste consciente que plusieurs d’entre eux font le trajet à la marche. Je sais que lorsqu’on vit chez ses parents à l’autre bout de la banlieue où il n’y a qu’un bus qui passe aux heures, c’est vraiment plus pratique de prendre la voiture. Il est vrai qu’à Québec, le trafic est relativement tolérable. Cependant, par soucis écologique, je considère qu’on devrait mettre l’accent sur le transport en commun et cesser d’y voir un moyen de déplacement de pauvres.

Je ne vous apprends rien lorsque je vous dis qu’utiliser quotidiennement une voiture, ça laisse toute une empreinte de CO2 sur notre planète. Une multitude de reportages alarmants nous ont déjà fait état de la situation. Les transports collectifs s’avèrent être un précieux remède au problème de la pollution atmosphérique des villes. Cependant, le phénomène de la hiérarchie sociale basée sur le moyen de transport entrave son chemin vers une utilisation plus généralisée. La croyance populaire veut que se déplacer quotidiennement en voiture, c’est avoir de l’argent. C’est gravir un échelon, et à partir de là, il peut sembler étourdissant de retourner à l’arrêt de bus.  Ainsi, une voiture représente un luxe auquel beaucoup d’entre nous aspirent, comme autrefois on rêvait d’un manteau entièrement fait de fourrure. Malgré cette apparence de richesse qu’évoquait ces peaux, un éveil des consciences sur la cruauté envers les animaux a mené le bon goût populaire vers des ornements de matière animale plus petits. Y aurait-il donc de l’espoir pour l’utilisation abusive de l’automobile ? C’est le pari qu’a lancé Enrique Peñalosa, maire de Bogotá nouvellement réélu. Lors de son mandat du début des années 2000, il a déclaré la guerre aux automobiles de la capitale colombienne en développant la qualité des transports collectifs, source de démocratie à ses yeux. Comme il l’a si bien dit dans une conférence en 2013 : « une ville développée n’est pas une ville où même les pauvres roulent en voiture, c’est une ville où même les riches prennent le transport en commun ». À son avis, pour arriver à cet objectif, il faut que les mentalités évoluent, et pour se faire, une ville doit investir dans l’amélioration du service de transport pour qu’il n’en devienne que plus attrayant.

Comment participer ? En choisissant le transport en commun, on contribue à son évolution en lui injectant des moyens et en créant une demande qui pousse la compagnie de transport à offrir un service plus fréquent. Que ce soit par une alternance entre le bus et la voiture, le covoiturage ou le choix d’un logement en fonction du transport en commun des alentours, nous avons tous la possibilité d’améliorer nos habitudes écologiques. Reste juste à savoir : Pouvons-nous se détacher de l’image matérielle que nous souhaitons refléter pour le bien de la collectivité et des générations futures ?