ENTREVUE AVEC ME MAUD RIVARD ET ME VINCENT GIRARD

Jeanne Larose, rédactrice en chef

L’entreprise est un concept qui va de pair avec le monde juridique. De leur création à leur vente en passant par les poursuites civiles et pénales et le droit du travail, le bureau Stein Monast est entièrement dédié aux entreprises de sa clientèle de longue date. J’ai eu l’occasion de rencontrer deux avocats du cabinet, Me Maud Rivard et Me Vincent Girard, qui nous exposent leur réalité. Incursion dans l’univers d’un bureau où règne l’entraide et le dur labeur.

Quel type de candidat apprécierait travailler chez Stein Monast ?

Me Girard : Ce serait le candidat qui souhaite relever de grands défis professionnels. Bien que nous soyons un cabinet régional, c’est-à-dire que nous n’avons pas d’autres bureaux à travers le Canada, nous avons une clientèle réputée et respectée qui nous apporte des importants défis, il faut donc un candidat prêt à se retrousser les manches, autant pour les avocats séniors que pour nos clients, et à être stimulé intellectuellement tous les jours.

Me Rivard : Le candidat doit également se considérer comme un entrepreneur qui, dès ses premières années de pratique, aspire à devenir un associé, axant ses actions dans ce but. Ça prend la bosse des affaires, sans toutefois nécessiter une formation particulière dans le domaine. Il doit également apprécier le travail d’équipe, car nous avons souvent à se regrouper pour travailler, autant en litige qu’en droit des affaires. La personne trop individualiste ne serait pas à sa place chez nous.

Me Girard : On veut que l’individu souhaite devenir associé, car nous prenons soin de bien le former, en dédiant le temps nécessaire pour qu’il atteigne nos critères professionnels.

Me Girard : Cette multidisciplinarité est une des forces de notre cabinet, car nous pouvons bien servir le client. Nous avons plusieurs secteurs spécialisés dans des domaines précis. Nous sommes donc en mesure de répondre rapidement aux questions de nos clients, du début de l’entreprise jusqu’à sa fin en passant par le droit pénal et le litige. Nous faisons appel à tous les secteurs du cabinet pour bien répondre au client.


Le cabinet comprend des avocats, mais aussi des notaires. Dans quelles circonstances vous référez-vous davantage à l’un ou à l’autre ?

Me Girard : Nous nous référons principalement aux notaires dans les transactions qui ont un aspect immobilier et dans les financements. Je me spécialise dans la fusion et l’acquisition d’entreprises, ce qui comporte souvent un volet immobilier. Un domaine très intéressant de leur pratique est la planification successorale, qui comprend les fiducies et les testaments. Ces planifications surviennent surtout dans le cas d’une réorganisation corporative. Le propriétaire d’une entreprise en profite, lors d’une transaction ou une réorganisation, pour réorganiser en même temps les aspects fiscaux de sa vie personnelle, généralement par une fiducie familiale ou une modification à son testament. Nous avons la chance d’avoir des notaires dotés de la fibre entrepreneuriale qui participent au développement du cabinet et qui nous aident dans ce type de dossier.

Me Rivard : En ce qui a trait au litige, nous avons la chance de représenter le Fonds d’Assurance Responsabilité Professionnelle de la Chambre des Notaires du Québec. Nous représentons donc certains notaires qui font l’objet de poursuites pour responsabilité professionnelle. La pratique d’un avocat est bien différente de celle d’un notaire, et nos notaires peuvent donc nous donner un son de cloche de la réalité de cette profession, ce qui nous permet de mieux évaluer les reproches adressés aux notaires que nous représentons. La possibilité de se référer à des notaires au sein du cabinet est définitivement un atout dans la réalisation de ce travail. Aussi, certains de mes collègues œuvrent en litige immobilier et peuvent se référer aux notaires sur certains aspects pointus de ce domaine du droit.

Me Rivard, vous représentez vos clients devant les instances judiciaires et vous passez par le processus de règlement des différends. Avez-vous constaté une amélioration des règlements hors-cour depuis l’entrée en vigueur du nouveau code de procédure civile en janvier 2016 ?

Les CRA ont été instaurées en 2003, alors que j’ai débuté la pratique en 2004. C’était tout nouveau au début de ma carrière. Je représente surtout des assureurs, et ce type de clientèle tend à évaluer quels sont les risques s’ils vont en procès et combien cela va coûter, faisant de cette procédure un choix économique. Il a toujours fait partie de l’esprit de ma clientèle de se prêter à l’exercice des CRA. De nos jours, il est très rare que nous plaidons des dossiers à la cour, parce qu’un règlement survient avant, que ce soit par CRA ou par des échanges d’offres et de contre-offres. Le nouveau code de procédure n’a donc pas tant changé la donne en ce qui concerne notre clientèle, plus particulièrement les assureurs. La différence se situe surtout à la Cour Supérieure à Québec, où les juges procèdent à des séances de conciliation hâtive dans certains dossiers comme les disputes de voisinage et les dossiers de vices cachés. Cependant, il arrive que la cause ne soit pas assez mûre pour arriver à une conclusion en CRA. Elle peut aussi échouer si les parties s’entêtent et en font une question de principe. Nous gardons toujours à l’esprit l’intérêt économique de nos clients pour entretenir de bonnes relations d’affaires. Je n’ai donc pas vu réellement de changement puisque cette philosophie était déjà appliquée par mes clients en droit des assurances.

Comment se déroule une journée au tribunal ? Comment décririez-vous l’ambiance ?

Nous allons en Cour pour plusieurs choses : que ce soit pour une requête, une CRA ou un procès au fond. Lors des représentations devant la Cour, il faut respecter un décorum. Lorsqu’on fait une requête préliminaire, nous ne sommes pas vêtus de toge, mais le respect mutuel entre les procureurs et envers le juge est primordial, notamment en se levant à son entrée et pour prendre la parole. Les greffiers et audienciers s’assurent de maintenir le décorum. Discuter et prendre un café n’est pas permis, nous n’assistons pas à un spectacle. Cette bienséance est imposée autant aux avocats qu’à l’assistance. Il est important d’avoir un cadre sérieux pour débattre les positions de nos clients. Afin de bien les représenter, les avocats sont tenus d’être bien préparés, que ce soit devant la cour ou au sein d’une CRA. Il faut être prêt à répondre aux questions du tribunal. Bien qu’il faille maintenir un décorum, il n’est pas interdit de s’amuser en plaidant. Nous avons tous notre propre personnalité lors des plaidoiries, il faut cependant éviter les grands éclats sous peine de se faire ramener à l’ordre par le juge qui trouvera ce comportement agaçant. Pour bien convaincre un juge, la meilleure façon est de préparer minutieusement son dossier. En ce qui a trait à la conclusion qu’il en tirera, si elle est en faveur de notre client nous nous réjouissons pour lui, et le cas contraire, il faut s’en remettre au fait que c’est la justice, tout en restant confiant que nous avons bien plaidé notre dossier. Le plus souvent, il y a une très bonne relation entre les avocats du palais de justice, ce qui est bénéfique pour les clients. Si nous n’étions pas capables de parler au téléphone et que nous ne faisions que communiquer par procédure, la facture du client serait élevée. La bonne entente entre les avocats permet aussi d’avoir un plus long délai si le besoin se fait sentir, sans qu’il soit toujours nécessaire de s’adresser au tribunal.


Me Girard, quant à vous, vous pratiquez principalement le droit corporatif, quel aspect de votre profession aimez-vous le plus et pourquoi ?

Contrairement au contexte du litige civil, lorsque les clients m’appellent, ils ont souvent un nouveau projet et désirent mes conseils. Il y a un aspect positif à leur dossier, ils veulent soit créer une nouvelle entreprise, s’associer à des partenaires, acheter une entreprise, protéger de la propriété intellectuelle ou vendre leur
entreprise. Quand un client me contacte pour démarrer une entreprise, il veut mon opinion sur son projet pour qu’ensuite je monte sa structure, souvent avec la collaboration de nos fiscalistes. Voir les entreprises de nos clients grandir, c’est très stimulant. Quand nous travaillons depuis quelques années sur le dossier d’une compagnie, nous prenons à cœur les intérêts des actionnaires et nous avons tendance à parler davantage au « nous » qu’au « vous ». Nous embarquons dans le succès de nos clients et nous osons croire que notre aide y a contribué.

Chez Stein Monast, travaillez-vous plus souvent seul ou en équipe sur les dossiers ?

Me Rivard : En ce qui a trait aux litiges, tout dépend de l’ampleur des dossiers. Les plus volumineux et complexes nécessitent un travail d’équipe, souvent composée d’un avocat sénior et d’un avocat plus jeune. Cela permet un meilleur prix pour le client, puisque certains dossiers peuvent durer plusieurs années. Les tâches sont réparties en fonction des aptitudes de chacun. Chez Stein Monast, nous travaillons souvent en équipe étant donné que nous sommes impliqués dans ce type de dossiers. Nous avons des réunions de secteur durant lesquelles nous discutons d’approches à l’égard de certains sujets et types de dossier pour assurer une cohérence dans l’application des principes de droit et la gestion des dossiers. Un travail d’équipe peut aussi survenir avec des avocats d’autres cabinets lorsque nos clients ont des intérêts communs dans un litige. De plus, les techniciennes juridiques nous donnent un coup de main très apprécié en organisant nos dossiers. Certains d’entre eux comportent des caisses et des caisses de documents ! Elles analysent alors la documentation et répartissent ce qui est pertinent de ce qui ne l’est pas. Elles font aussi certaines recherches, parfois avec les stagiaires en droit.

Me Girard : Un même dossier corporatif a souvent plusieurs besoins. Je vais faire son incorporation oui, mais le client aura besoin de financement, ce qui est la spécialité d’un autre collègue. Il en va de même pour le point de vue du fiscaliste et de l’avocat en protection de la propriété intellectuelle. Une équipe se forme pour travailler sur le dossier. De plus, nous impliquons le plus possible les avocats plus jeunes dans les dossiers afin d’aider à leur apprentissage. Nous ne le complétons jamais seul par la force des choses. Cela permet d’offrir un service complet aux entreprises.


Me Rivard : Cette façon de travailler est la parfaite occasion de former la relève. J’ai été la junior d’uneavocate et au début, je faisais le travail de soutien alors que maintenant, c’est moi qui délègue des tâches. Cela facilite l’apprentissage des plus jeunes, tout en les présentant à notre clientèle. Nous souhaitons cettepassation de clientèle, qui assure le succès d’un cabinet.

Quelles recommandations feriez-vous à un étudiant qui passe en entrevue à votre cabinet ?

Me Girard : Je dirais de demeurer calme, posé et authentique. Nous voulons connaître réellement la personne, nous ne voulons pas qu’elle soit toute autre que celle qui viendrait ultimement faire son stage. Nous cherchons des personnes motivées qui s’expriment clairement et qui savent répondre à nos questions.

Me Rivard : Notre cabinet a sa couleur, et nous avons des valeurs et une vision des choses qui se ressemble. Tous les associés et les avocats ont quelque chose en commun : nous suivons le même objectif en ayant la même philosophie dans notre pratique. L’étudiant a sa propre couleur et il doit la respecter en trouvant le stage qui lui ressemble. L’authenticité est donc la clé.

Me Girard : Nous passons tellement d’heures ensemble à travailler au bureau qu’il faut trouver des gens qui sauront bien s’intégrer à cette équipe de travail. Être authentique est le meilleur moyen de constater si le profil de l’étudiant est compatible avec notre mentalité à titre de cabinet.