150 ANS… ET PLUS

Roxane Lefebvre, directrice à l'information

Le Canada célébrera cette année le 150e anniversaire de sa Confédération. La Loi constitutionnelle de 1867, entrée en vigueur le 1er juillet de la même année, prévoyait d’abord l’unification de ce qu’on considérera plus tard comme étant les quatre provinces fondatrices, soit le Québec, l’Ontario, le Nouveau-Brunswick et la Nouvelle-Écosse. Alors que Vancouver amorçait le premier janvier ses festivités sous l’appellation « 150+ », cherchant ainsi à souligner et reconnaître l’importance des cultures et des traditions de ses populations autochtones à l’histoire du pays, certaines premières nations se sont interrogées : Y a-t-il réellement matière à célébration?

UNE RÉCONCILIATION DIFFICILE

La Commission de vérité et réconciliation du Canada, créée pour faire la lumière sur les pensionnats autochtones, a permis une reconnaissance et une meilleure compréhension du véritable génocide culturel perpétré durant des décennies, touchant directement quelques 150 000 enfants canadiens autochtones. Son rapport, publié en juin 2015, conclut d’ailleurs que l’État doit agir en vue de favoriser l’égalité des chances au pays. En date d’aujourd’hui, il est évident qu’un travail important demeure à accomplir.

Selon les données compilées par le ministère de la justice, les canadiens autochtones ont trois fois plus de chances d’être victimes d’un crime violent que les canadiens d’origine non autochtone. Suivant le même ministère, cet écart marqué entre les taux de victimisation « résulte du processus de colonisation qui a fait perdre aux collectivités le contrôle de leurs familles et de leur culture. »

Également, la population autochtone compte encore aujourd’hui un taux de diplômés du niveau secondaire inférieur à la moyenne canadienne, demeure plus défavorisée économiquement et présente un taux de chômage plus de deux fois supérieur à la moyenne de la population non autochtone.

UNE OBLIGATION DE CONSULTER OUBLIÉE

Les droits ancestraux des peuples autochtones sont reconnus et protégés par la Loi constitutionnelle de 1982. Il en découle une obligation fiduciaire du gouvernement canadien et provincial, ainsi qu’un devoir de consulter la première nation concernée avant d’attenter à ces droits. Ce devoir revêt une importance variable et peut même résulter en une véritable obligation d’accommodement. Néanmoins, certains juristes sont d’avis que cette obligation constitutionnelle n’est pas toujours respectée.

Monsieur Jean-Paul Lacasse, professeur à la Faculté de droit de l’Université d’Ottawa, lors du colloque sur le droit des ressources naturelles et de l’énergie tenu à l’Université Laval les 1er et 2 décembre derniers, a exprimé l’avis que les gouvernements canadiens et québécois ne respectent actuellement pas leurs obligations constitutionnelles avant d’accorder des droits miniers sur des territoires faisant l’objet de droits ancestraux.

Ainsi, à l’aube du 150e anniversaire de la Confédération, il est évident que la longue marche vers l’égalité des nations canadiennes est loin d’être achevée. Bien qu’il s’agisse indéniablement d’un point tournant dans l’histoire du pays, il est important de garder à l’esprit que cette même histoire débute véritablement des siècles auparavant et demeure le reflet d’une mosaïque de cultures différentes.

Il est également permis d’espérer que les initiatives récentes des différents gouvernements et ministères, notamment en matière d’enseignement de l’histoire autochtone canadienne, permettront une meilleure compréhension du bagage historique du Canada, et d’amorcer les progrès sociaux qui devraient, en 2017, déjà constituer des acquis.