UN STAGE AUTREMENT
Marie-Philipe Lévesque
En ce mois de la carrière, je vous offre un aperçu de ma propre situation quelque peu différente de ce qu’on observe fréquemment. En faisant mon chemin, j’ai obtenu mon stage autrement. Ce texte a donc pour but de présenter une autre voie qui s’offre à celles et ceux qui veulent devenir avocats.
Comme le rappellent souvent nos chers professeurs, le droit mène à tout. Pourtant, plusieurs imaginent que l’aboutissement de ces années d’études est une grande carrière d’avocat en droit des affaires. Cependant, le pourcentage de juristes affichant un tel profil est faible. Certains diplômés du baccalauréat en droit se dirigent vers la maîtrise en droit notarial, d’autres vont en gestion, en criminologie, en affaires, en politique, etc. Ainsi, il est vrai qu’un « LL.B. » ouvre plusieurs portes.
LE CABINET
Pour ma part, j’irai bel et bien à l’École du Barreau pour devenir avocate et je ferai mon fameux stage, mais pas à un endroit faisant partie de l’entente pour la « Course aux stages ». Comme je l’ai énoncé dans certains textes antérieurs du Verdict, il faut se poser des questions, chercher nos véritables valeurs et découvrir le type de carrière que l’on souhaite avoir. Alors, pour ma part, je me dirige vers la pratique du droit criminel et pénal en région, dans un petit cabinet privé.
En quittant ma région natale pour déménager à Québec et en commençant le baccalauréat en droit, je n’avais pas dans l’idée de revenir sur la Côte-Nord pour pratiquer. Je me suis toujours dit que je devrais aller là où je trouverais un stage ou un emploi, ce que je conseille à tous de faire d’ailleurs. En effet, il ne faut pas avoir peur de bouger puisqu’il y a un peu plus d’emplois disponibles, pour les avocats, en région que dans les grands centres.
Pour trouver un emploi dans le cabinet dont je vous parle, j’ai commencé dès la première année du baccalauréat à faire des recherches, de ma propre initiative. En appelant les différents cabinets de la région, je me suis présentée, puis j’ai indiqué que je recherchais un emploi dans le domaine juridique pour l’été. Plusieurs m’ont donné une réponse négative, mais deux cabinets ont demandé que je leur envoie mon curriculum vitae et l’un d’eux m’a engagée. C’est ainsi qu’après mes deux premières sessions d’université, j’ai pu travailler à temps partiel dans le domaine.
En travaillant bien et en démontrant mes capacités, j’ai pu travailler un deuxième été à temps plein durant quatre mois. Après une conversation avec les avocats qui m’emploient, j’ai eu la confirmation que je trouverai ma place dans ce cabinet pour un troisième été et pour le stage du Barreau, sans compter qu’il y a de bonnes probabilités que j’y trouve ma place aussi pour y pratiquer comme avocate. Ceci constitue un exemple des autres méthodes existantes permettant de trouver notre stage du Barreau.
LE DOMAINE
Pour ce qui est du domaine de droit dans lequel je vais pratiquer, il n’est pas unique. En effet, depuis le début de mon parcours, j’ai une préférence pour le droit criminel, bien que j’aie développé des intérêts pour d’autres branches en traversant les cours du cursus scolaire. Ceci peut être considéré comme un atout pour le cabinet dans lequel je serai.
En fait, il faut savoir que dans les bureaux de taille petite ou moyenne, il est rare qu’un avocat soit spécialiste d’un domaine bien précis pour la simple raison que le volume de dossier du type donné ne suffirait pas à remplir son emploi du temps. Ainsi, dans ce genre de pratique, il faut être prêt à toucher à toute sorte de dossiers, bien que l’on puisse se permettre d’avoir certaines préférences.
LA PRATIQUE
Pour celles et ceux étant impatients de prendre la gestion d’un dossier en main, les cabinets à dimensions humaines sont là pour vous! Les responsabilités arrivent vite et la débrouillardise est de mise. À titre de précision, pour décrire la pratique, je m’inspire des emplois d’été que j’ai eu ainsi que de l’expérience d’une avocate du bureau qui a eu un parcours similaire au mien.
Bien entendu, comme tous les étudiants et les stagiaires, les premiers temps se font devant l’ordinateur et dans la bibliothèque à faire des recherches juridiques. Cependant, j’aurais tendance à dire que plus petit est l’endroit, plus rapidement les tâches intéressantes et les responsabilités s’ajoutent. La rédaction de procédures judiciaires, l’élaboration de plans d’argumentation détaillés, la recherche de solution sortant de l’ordinaire en sont des exemples. La créativité et l’autonomie sont alors des forces appréciables.
L’une des choses que j’apprécie le plus dans ce genre de pratique est le fait de travailler sur un dossier de A à Z, ou, du moins pour un étudiant, sur plusieurs parties du dossier. Par exemple, on m’a donné un dossier X pour lequel je devais faire une recherche juridique. Une fois complétée, je devais rédiger le plan d’argumentation et trouver toutes réponses aux questions persistantes. Pour ce faire, lorsqu’une communication avec le client s’imposait, je la faisais moi-même par téléphone, par courriel ou encore par lettre. L’entrevue avec le client était aussi possible.
Pour ce qui est des présences au palais de justice, elles ont commencé, à titre d’observation, dès le premier été. Parfois, c’est l’occasion de voir le procès d’un dossier sur lequel on a travaillé. Au moment du stage officiel de l’École du Barreau du Québec, la tâche de faire l’appel du rôle peut être nôtre dès la première semaine. Ensuite viennent les interrogatoires et les représentations plus importantes.
LE CHOIX
En somme, mon choix de pratique est celui-ci, un choix en phase avec ma personnalité et mes valeurs. Rien n’empêche que ma pratique évolue au cours de ma carrière. Et votre choix, quel sera-t-il ? Oserez-vous chercher un stage hors des sentiers battus ? Après tout, l’important est d’avoir un travail dans lequel vous êtes bien, stimulant et passionnant à vos yeux !