Pendant les vacances d’été, comme à peu près chacun d’entre vous, j’essaie de décrocher. Je tente de lire autre chose que du droit, de laisser de côté ma pile de doctrines et mes articles de loi. Or, malgré cette intention ô combien louable, l’actualité juridique, ma pensée critique, mes convictions et mon gros bon sens, eux, ne prennent pas de vacances ! C’est donc ainsi que je me suis retrouvée par un soir de juin dans l’appartement de mon meilleur ami à tempêter contre un article qui est apparu dans mon feed Facebook. Ce bref moment où je me suis emportée parce qu’on rapportait des faits « tous croches » et qu’on omettait de mentionner des éléments cruciaux à la compréhension des lecteurs m’a toutefois amené à réfléchir. Les médias, selon moi, se doivent de faire attention à leur manière de livrer l’actualité juridique à ceux qui, bien souvent, ne comprennent pas notre droit et en tant que citoyen, il est de notre devoir de s’informer et de s’assurer que ce qu’on lit est véridique.
En effet, après la lecture dudit article, je me suis rendue malgré moi dans la section des commentaires. Résultat ? Une tonne de gens indignés s’horrifiaient de « notre système de justice à deux vitesses » et attaquaient le droit à grands coups de préjugés, et ce, sans comprendre l’essentiel derrière la décision qui avait été rendue par le juge. Seuls quelques courageux osaient se mouiller et répondre à ceux qui ne comprenaient pas que le journaliste avait écrit l’article de manière trompeuse afin de faire réagir les lecteurs.
Le droit est important. Le droit est une science humaine qui touche les gens et, pour reprendre les paroles de nos enseignants, il se retrouve partout. Pourtant, nombreux sont ceux qui ignorent les rouages du système, qui ne comprennent pas son fonctionnement et qui peinent à interpréter les lois. Or, certains médias au fait de cette situation, plutôt que de se donner la mission d’informer correctement la population, usent de sa méconnaissance afin de multiplier les clics et susciter la controverse. De ce fait, ces derniers contribuent à générer une haine envers le système de justice québécois qui n’a pas lieu d’être.
À mon sens, le but premier des médias se doit de demeurer celui d’informer les gens, de leur rapporter adéquatement l’actualité. Ils ne devraient pas servir à maintenir les lecteurs dans l’ignorance et à nourrir leur hargne envers l’État, ses institutions ou encore envers ses dirigeants politiques. C’est pourquoi je souhaite appeler à la vigilance. Il est impératif, surtout à l’ère des « fake news », de lire, de vous informer et surtout, de poser des questions.
Si vous êtes étudiants en droit, faites-en votre mission : tentez de démystifier auprès de vos proches ces articles, qui peuvent à première vue sembler choquants. Expliquez les notions de droit dans des termes plus faciles à comprendre, rajoutez les faits manquants à l’introduction du texte et réajustez le tir. Si vous n’étudiez pas en droit, faites la même chose, mais dans les domaines qui vous tiennent à cœur et que vous connaissez bien. Ce que je tente de vous dire, c’est qu’ensemble, il nous est possible de surmonter la désinformation et de redonner aux médias leur but premier, soit celui de donner le pouls de notre société, de nous raconter l’actualité sans chercher à nous diviser, à nous monter les uns contre les autres et à générer de plus en plus de clics.
Bref, en ce début d’année, je souhaite vous rappeler, que vous soyez ou non étudiant en droit, de faire attention à ce que vous lisez sur les médias sociaux et même sur les sites web de certains périodiques et quotidiens. Renseignez-vous, posez des questions et surtout, évitez à tout prix cette fameuse section des commentaires !