DÉCORUM

Marie-Philipe Lévesque

La semaine dernière, j’ai assisté à « la soirée des affiches » du Département de chimie de l’Université Laval. Je suis sortie de la Faculté de droit. J’ai vu autre chose. J’ai eu un choc. 

La soirée des affiches est une soirée qui prend la forme d’un petit colloque où plusieurs projets étudiants sont présentés. Il y a quelques événements de ce genre chaque année. On y retrouve des kiosques où la présentation de résultats de recherche est faite. Des étudiants de baccalauréat, de maîtrise et de doctorat y exposent. Lors de ces événements, des professeurs, des chercheurs et des professionnels de l’industrie sont présents pour entendre les présentations, puis pour les évaluer. Il s’agit également d’une soirée de reconnaissance puisque des prix y sont remis.

Cet événement, étant l’un des plus importants de l’année pour les gens de ce département, demeurait pourtant ouvert à tous. Mon amie, étudiante en chimie cosméceutique, m’y a invitée afin que je puisse assister à la présentation finale de ses projets estivaux. Familles et amis étaient les bienvenus; ils se mélangeaient aux professionnels ainsi qu’aux évaluateurs facilement. J’ai eu cette opportunité de voir ce qui peut se dérouler près de nous, ailleurs sur le campus.

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J’ai eu un choc. Un choc positif, mais certes un choc. Bien que la comparaison soit trop forte, je fais un rapprochement avec un choc culturel. La culture de la Faculté de droit affronte celle du Département de chimie. J’ai été surprise de voir à quel point cet événement aussi notable se déroulait dans une ambiance tant décontractée. De voir que les gens extérieurs à ce domaine, comme moi, étaient accueillis sans problème fut réellement rassurant.

Cette petite aventure vécue de l’autre côté du Grand axe, dans le monde des scientifiques, m’a fait ouvrir les yeux. Nous accordons tellement d’importance au décorum! Nous, étudiants en droit, professeurs de la Faculté, notaires et avocats venant de cabinets, professionnels œuvrant de près ou de loin dans le monde juridique, accordons tellement d’importance aux règles de bienséance qui sont d’usage dans notre société. Nous sommes soucieux de garder notre rang ou encore de bien paraître. Plusieurs auront la crainte d’être vus comme des personnes non professionnelles.

Évidemment, je sais très bien que ce n’est pas tous les juristes qui sont à cheval sur les convenances et je ne dis pas non plus qu’il faut totalement laisser tomber la bienséance. Cependant, je crois que nous pourrions prendre exemple sur l’événement dont je viens de vous parler. La soirée était officielle, des personnes importantes et très qualifiées étaient présentes, les discussions étaient sérieuses.

Nous pouvons faire la même chose. Nous pouvons rendre nos soirées mondaines davantage décontractées tout en ayant de riches conversations juridiques. À mon avis, il serait également très enrichissant, pour notre société, d’inviter nos proches à se joindre à nous pour certains événements. Cela permettrait de clarifier la conception de la justice et de la rendre plus compréhensible aux yeux de tous. Pensons-y, nous avons tous les mêmes droits. Enfin, la tour d’ivoire dans laquelle nous sommes pourrait tomber.