Pour beaucoup, la session qui s’amorce sonnera le glas des études universitaires. Mortiers, course aux stages, toge, dans l’ordre ou dans le désordre, qu’importe, la valse à la diplomation qui approche nous rappelle l’imminence du début de la vie véritable. La « vraie vie » comme beaucoup aiment l’appeler, celle où les termes hypothèques, contrats et famille ont des significations beaucoup plus profondes que de simples titres de cours. Une nouvelle vie dont la clef réside bien souvent dans la carrière que l’on choisit.
En l’occurrence, pour beaucoup d’entre nous, ce choix sera celui d’être avocat.
Or, nulle part ailleurs au monde n’embrasse-t-on la carrière d’avocats aussi rapidement. En effet, plusieurs étudiants, ayant suivi un parcours relativement rectiligne, seront assermentés avant même d’avoir soufflé leur 23e bougie. J’en suis, ou du moins j’y réfléchis, et j’en suis sidérée.
Taxez-moi d'utopisme tant que vous voulez, mais pour moi, la carrière revêt une importance cruciale dans nos vies. Elle constitue bien plus qu’un simple gagne-pain. Il s’agit d’une passion à laquelle on se dévoue, d’une grille d’analyse particulière pour percevoir la vie, d’une sphère sociale à laquelle on appartient…
La carrière d’avocat, au surplus, vient avec une lourde responsabilité sociale. Celle de maintenir, à tout le moins, un semblant de justice dans nos sociétés. Pour y arriver, il faut un certain nombre de connaissances livresques, certes, mais aussi une bonne dose de logique et de rigueur intellectuelle. Sur ce plan, le baccalauréat réussit fort bien à nous former.
Cependant, faire régner la justice nécessite également un schème de valeur murement réfléchi, un important bagage de connaissances générales ainsi qu’une pensée critique et créative bien développée. À cet égard, la formation juridique québécoise présente de formidables lacunes pour les étudiants qui n’ont pas d’autres scolarités. 99 crédits cumulés avec empressement en trois ans permettent difficilement d’acquérir ces qualités qui distinguent les juristes d’excellence.
Le droit sera amené à changer dramatiquement au cours des prochaines années. Afin de bien exploiter ces transformations à venir, il faudra se garder de former des juristes automates.
À mon sens, la mère de toutes ses transformations devrait porter sur la formation académique des juristes. À ce compte, le stage obligatoire que doivent faire les Français à l’extérieur des cabinets d’avocats ou le baccalauréat préalable qui doit être réalisé dans le reste du Canada pourraient constituer des inspirations intéressantes.
Or, je m’égare, moi qui voulais traiter de carrière, j’en reviens encore au milieu académique; il faudra peut-être y voir un signe. Toujours est-il que mes collègues ont fait un excellent travail pour aborder de front les enjeux concernant le monde professionnel. Ainsi, entre ces pages, vous trouverez des réflexions sur les aspects sociaux qui touchent le marché du travail dans sa globalité, puis divers autres textes traitant des tares et atouts des différents choix de carrière qui s’offrent à nous.
Bonne lecture !