Récemment les réseaux sociaux se sont remplis de publications concernant la fusillade survenue à l’école Parkland en Floride. C’est suite à la mort de nombreux jeunes que la question de la réglementation des armes à feux est revenue sur la table et cette fois le monde entier est à l’écoute.
La réglementation prévue par la législation aux États-Unis reste probablement l’une des moins sévères et l’une des plus permissives en termes de possession d’armes à feux. Je ne peux que citer la jeune Emma Gonzalez, présente lors de la fusillade de l’école Parkland, qui exprime sa colère en mentionnant le fait qu’il est plus simple de se procurer une arme à feux en toute légalité que de réussir à obtenir son permis de conduire[1]. C’est d’ailleurs dans ce sentiment de colère profonde que de nombreuses voix se sont élevé pour ce faire entendre. Les mouvements étudiants, demandant un plus grand contrôle des armes à feux, grondent aux États-Unis. Le mouvement « Never again » est celui nommé par les survivants de la tuerie de Parkland, la 18ième de l’année aux États-Unis, qui se répand comme une traînée de poudre. Il est intéressant d’observer l’impact d’un tel mouvement de masse sur la société et notamment la loi.
Le président américain Donald Trump est un fier partisan du droit constitutionnel de porter une arme. Il fût alors surprenant de le voir se sentir touché, même à l’écoute et prêt à agir face à ce problème grandissant dans le pays. Les divers regroupements ont mis une forte pression sur le président ce qui l’a poussé à agir et à se mettre à l’écoute d’une population sous le choc. Suite à des rencontres avec les étudiants et les divers groupes, l’homme se dit prêt à agir face au contrôle des armes. En effet, on compte restreindre la possibilité d’achat des armes en procédant à un contrôle des antécédents, notamment en mettant en place une limitation des armes pour les personnes souffrant de maladies mentales, en changeant l’âge minimum pour acheter certaines armes de 18 à 21 ans [2]. Malgré que ces changements prévus restent minimes pour un pays avec plus de trois millions d’armes en circulations, il s’agit d’un début prometteur à une bonne amélioration de l’accès trop simple aux armes à feux. Un vrai vent de changement ou simplement une façade pour plaire au 2/3 de la population mécontente de la situation? Seulement le futur pourra nous le dire.
Cette pression ne se fait pas seulement au niveau des divers dirigeants des états, mais aussi sur la population et ses entreprises. Les entreprises sont de plus en plus invitées à prendre position face à la situation. Ce fût principalement le cas des méga-centres Walmart et Dick’s sporting goods. Walmart avait déjà interdit la vente de fusils d’assaut semi-automatique depuis 2015 dans tous ses centres américains et vient tout juste de relever l’âge minimal pour acheter une arme ou des munitions de 18 à 21 ans[3]. Dans le cas du géant Dick’s sporting goods il a pris la décision, suite à la tuerie de l’école Parkland, de ne plus vendre de fusil d’assaut semi-automatique, de chargeur à grande capacité et d’interdire la vente au personne de moins de 21 ans dans ses magasins[4]. C’est aussi le cas de nombreuses entreprises qui prennent bon nombres de mesures pour diminuer l’accessibilité de certaines armes dans leurs magasins et qui se disent à l’écoute des cris du cœur de la population attristée par le trop grand nombre de victime en une seule année.
Même les fervents défenseurs du deuxième amendement de la constitution américaine commence à prendre position du côté des personnes qui souhaitent un plus grand contrôle des armes à feu aux États-Unis. C’est le cas d’Amanda Meyer, institutrice dans une école, qui suite à la tuerie de l’école Parkland c’est joint au mouvement Never Again et a mis une vidéo d’elle faisant exploser son arme à feu[5]. De nombreuses personnes se sont joint à elle et ont pris photos et vidéos d’eux en train de jeter leurs armes à feu, de les faire exploser ou de couper le canon de leur fusil. Cette manifestation est la preuve qu’un mouvement est en branle aux États-Unis et que celui-ci n’est pas prêt de s’éteindre de sitôt. Les réseaux sociaux répandent le mouvement et ne laissent plus personne indifférent, l’heure du changement à sonner et tant que ces mouvements se tiendront debout et fort, il y a de bonnes chances de voir un changement d’importance se produire. Il reste toutefois une bonne partie de la population qui n’est pas prête à laisser tomber leur droit concernant les armes à feux.
La NRA, National Rifle Association, n’est bien sûr pas d’accord avec ces nombreux changements en ce moment en branle aux États-Unis. Le président prévient qu’il ne faut pas craindre l’association qui compte plus de 5 millions de membres à son actif. Les nombreuses entreprises et personnalités se dissocient tranquillement de l’association et emboîtent le pas, par exemple en enlevant les privilèges accordés aux membres de la NRA, au risque de perdre des clients. La NRA est mécontente de la situation et décrit le tout comme : « un affichage honteux de la lâcheté civique et politique »[6]. Bien que la NRA possède une influence considérable, elle qui a financer la campagne du président américain en poste, il faut ici voir un essoufflement important d’une association affilié au mouvement pro-arme et, donc, un léger essoufflement de ce même mouvement.
En conclusion, ces nombreuses démonstrations montrent un réel envie de changement qui n’est pour le moment pas prêt de s’essouffler. Les têtes dirigeantes, les entreprises et la population s’y prennent ensemble pour créer un réel changement qui, je l’espère, se produira et permettra d’éviter d’autres tragédies comme les nombreuses vécus cette année. Le débat ne fait que commencer et sera à suivre de près. Est-ce la fin d’une réglementation trop permissive aux État-Unis? À voir.
[1] Emma Gonzalez, Twitter, [en ligne], [https://twitter.com/emma4change] (27 mars 2018)
[2] AFP, « Trump soutient des mesures de contrôle des armes à feu, Walmart en faveur de limitations d'achat », Journal de Montréal, [en ligne], [http://www.journaldemontreal.com/2018/02/28/une-grande-enseigne-americaine-bannit-les-fusils-dassaut-semi-automatiques] (27 mars 2018)
[3] Ibid.
[4] Ibid.
[5] RFI, « Etats-Unis: «Never Again», un mouvement étudiant contre les armes », [en ligne],
[http://www.rfi.fr/ameriques/20180220-etats-unis-never-again-mouvement-etudiant-contre-armes] (27 mars 2018)
[6] AFP, « Trump soutient des mesures de contrôle des armes à feu, Walmart en faveur de limitations d'achat », Journal de Montréal, [en ligne], [http://www.journaldemontreal.com/2018/02/28/une-grande-enseigne-americaine-bannit-les-fusils-dassaut-semi-automatiques] (27 mars 2018)