Nous ne nous étions pas donnés de thème précis pour la présente édition, préférant laisser fuser l’imagination de chacun. Or le hasard fait bien les choses et l’inconscient collectif, une fois de plus, nous a bien servi. Les divers articles, de prime abord un peu disparates, sont en fait liés par une ligne directrice ô combien d’actualité : les luttes collectives.
En 2013, trois travailleuses du sexe rassemblent leurs forces et font invalider les dispositions criminalisant certaines activités relatives à la prostitution. Ensemble, elles ébranlent l’ordre établi et, par le fait même, font trembler quelques députés conservateurs. Plus récemment en janvier 2018, six militaires portent un pourvoi en Cour suprême pour rétablir le régime d’indemnisation des vétérans blessés au combat. En partageant le fardeau de ces luttes sur plusieurs épaules, les demandeurs accroissent leur force de frappe. Ensemble, ils militent pour le bien commun.
Au-delà du monde judiciaire, l’indignation collective soulevée par le scandale Cambridge Analytica amènera le président fondateur de Facebook, Mark Zuckerberg, à venir témoigner devant le Congrès pour rendre des comptes quant aux fuites massives de renseignements personnels dont son entreprise est responsable. Par ailleurs, les révélations massives de #moiaussi ont eu les impacts positifs qu’on leur connait et enfin, le mouvement #NeverAgain porté par les survivants de la tuerie de Parkland en Floride est une autre preuve que l’union fait la force. En effet, les impacts de l’événement « March for Our Lives » et des témoignages des survivants commencent déjà à se faire sentir. La population américaine se conscientise quant aux risques du second amendement.
C’est grâce à ces étudiants, atterrés par le décès de leurs camarades, qui se sont rassemblés et qui ont élevé leurs voix que cette prise de conscience s’opère. Ils se sont levés et ont entrainé dans leur sillage des centaines de milliers de personnes qui ont marché pour demander un contrôle plus strict des armes à feu. Plutôt que de sombrer dans l’apitoiement, ces jeunes se sont investis pour améliorer la société. Plutôt que de s’isoler, ils ont uni leur peine pour en faire un bouclier, pour se protéger d’une société qui elle, ne les protège plus.
Or, il n’est pas nécessaire d’attendre une telle tragédie pour se rassembler et travailler à faire un monde meilleur. Nous avons bien souvent tendance à être endormis, obnubilés par la quotidienneté de nos vies. Tapis dans le cynisme, nous nous complaisons dans notre confort relatif et délaissons nos idéaux. Pourtant, en tant qu’étudiants, nous serions bien placés pour être utopistes et, en tant que juristes, nous serions bien outillés pour avoir un impact sur la société.
En ce sens, j’aimerais que l’on s’unisse. J’aimerais voir l’AED prendre position dans les débats sociaux, s’impliquer encore plus au sein de la communauté. J’aimerais nous voir nous engager pour ces brillantes idées qui surgissent parfois des discussions entendues à la Dissidence. J’aimerais sentir cette solidarité et cet engagement envers un idéal commun, quel qu'il soit. Nous avons le pouvoir d'être des vecteurs de changement.