Entre la finalisation de mes annexes en droit de la famille et la poursuite de mes lectures de la Collection de droit, je me permets de vous partager mon expérience à l’École du Barreau. Je vais être honnête, le présent texte n’a pas pour vocation de vous donner le secret pour obtenir la première place sur le tableau d’honneur de l’école. Il s’agit plutôt de vous raconter l’expérience d’une étudiante à l’école ; mon expérience.
À l’image de mes traditionnelles « ChroniChatStory » sur les réseaux sociaux, je vais reproduire le même concept dans cet article. Pour ceux qui ne connaissent pas le concept, sachez que j’élabore sur mon parcours en droit avec transparence, humour et une bonne dose d’autodérision.
L’École du Barreau en quelques mots : stimulant, exigeant, plaisir, apprentissage +++, stress ++, dépassement, routine et amitiés. Bref, pour moi, c’est beaucoup de choses à un tel point que je ne sais pas trop quoi répondre lorsque quelqu’un me demande si j’aime ça. Dans l’ensemble, j’ai beaucoup plus de positif à en dire que de négatif. J’adore le côté plus axé sur la pratique que je trouvais qu’il manquait parfois au baccalauréat. Le défi intellectuel est impressionnant. En revanche, la charge de travail qui l’accompagne l’est tout autant ! Pour essayer d’être cohérente, je vous ai dressé une petite liste des côtés positifs et des côtés négatifs.
Les +
Comme précédemment mentionné, l’apprentissage est vraiment axé sur la pratique. Il n’y a pas de questions socio/politico/philosophiques du droit. Si vous avez eu le privilège d’avoir soit Me Isabelle Hudon ou Me Jean Fortier lors de votre passage à la faculté, sachez que l’enseignement à l’école ressemble beaucoup à leur style. (Je les aime d’amour !)
Nous progressons très rapidement. L’important, c’est de se lancer et d’essayer. Je me souviens de la première demande introductive d’instance que nous devions rédiger. J’étais figée. Je ne savais pas du tout quoi faire. Syndrome de la page blanche mélangé avec anxiété, stress et terreur. Bref, un beau cocktail ! Je me souviens que je me suis levée, je suis sortie de la classe et je suis allée marcher quelques minutes. Après quelques bonnes respirations où j’ai renvoyé de l’oxygène à mon cerveau, je me suis calmée, je suis retournée dans la classe et j’ai rédigé ma première demande introductive d’instance. Je l’ai gardée. Elle est loin d’être parfaite, mais je suis assez satisfaite du résultat. Je crois qu’elle a une valeur sentimentale à mes yeux.
Les professeurs sont parfaits ! Je blague un peu, mais ils sont vraiment stimulants, passionnants et dévoués envers leurs étudiants. À titre d’exemple, je viens de terminer le volet « Droit de la famille ». À la fin du dernier cours, j’avais des questions comme quelques-uns de mes collègues. Bien que les cours finissent à 17 h, Me Stéphane Lavoie est resté pour répondre à chacune de nos questions, et ce, jusqu’à 17 h 45 ! Je suis certaine qu’il avait bien d’autres choses à faire en ce jeudi soir que de m’expliquer pour la quatrième fois un concept que je ne maîtrisais toujours pas, mais il me l’a réexpliqué avec le sourire parce qu’il a à cœur le succès de ses étudiants. Après la quatrième fois, j’ai finalement compris (il était temps…) et il était vraiment content pour moi. Bien qu’il soit exceptionnel, je vous assure que l’école regorge de professeurs exceptionnels qui nous poussent à nous dépasser. Je ne pourrai jamais assez les remercier pour le dévouement et la patience dont ils font preuve pour former mes collègues et moi-même.
Mon expérience ne serait pas aussi agréable sans mes précieux 2PM. Je m’explique. À l’école, nous sommes séparés en groupe d’une vingtaine d’étudiants. Ce sont nos compagnons d’armes pendant 4 mois, à la hauteur de 5 jours par semaine et de 4 heures par jour. Ma plus grande crainte avant de débuter la formation professionnelle était d’être dans une classe avec une ambiance horrible. Je ne vais pas vous mentir, c’est le cas pour certains groupes où je me demande s’ils ne vont pas finir par se battre. C’est ici que je vais vous donner le premier conseil du présent article : Faites preuve de respect et de courtoisie envers vos collègues. Cela peut sembler aberrant comme conseil, mais il n’est pas toujours facile à appliquer. Les classes sont exiguës. Lorsque nous n’aimons pas un autre étudiant au baccalauréat, c’est facile de s’asseoir ailleurs dans un amphithéâtre. Ce n’est pas le cas ici. J’adore mon groupe. Je le vois que tout le monde fait des efforts pour qu’un climat agréable règne dans notre classe. Chacun prend un peu sur soi et fait preuve de respect envers les autres. Il y a des journées où nous sommes plus fatigués et irritables. À l’école, des petits irritants comme une personne qui parle durant le cours, qui mange ou qui pose peut-être un peu trop de questions, ça existe. Toutefois, nous prenons sur nous et faisons preuve de respect envers nos collègues. Je suis heureuse qu’il en soit ainsi dans ma classe.
De plus, mon groupe est vraiment particulier ! À chaque semaine, nous apportons de la nourriture pour l’ensemble de notre groupe (incluant le prof du moment). Bref, nos pauses ressemblent à des orgies de nourriture : chips, biscuits, beignes, muffins, gâteau d’anniversaire et légumes. Je tiens à préciser que la journée légumes était pour se déculpabiliser avant de retourner dans la déchéance. À la fin de la session, nous risquons tous d’avoir un début de diabète et/ou de cholestérol. Nous apportons tellement souvent de la nourriture que, pour la dernière journée en compagnie de Me Lavoie, il nous avait dit que c’était à son tour de contribuer. Résultat : il a apporté deux douzaines de beignes ainsi qu’une douzaine de muffins. C’est gênant de vous avouer que nous avons tout mangé.
Il faut également savoir qu’à l’école, nous avons tous notre nom imprimé sur un carton placé devant nous. Dans un élan un peu niaiseux, je suis allée acheter des autocollants de chats, chiens, animaux exotiques, dinosaures et autres que nous avons tous apposés sur nos cartons. C’est un peu stupide, mais nous nous trouvons bien drôles et je dois vous avouer que je trouve hilarant de voir les enseignants ne pas trop saisir ce qui se passe. Après quelques jours avec nous, ils finissent tous par repartir avec l’autocollant de leur choix. Notre prochaine grande idée est d’organiser un échange de cadeaux sans aucune raison valable.
Toutes ces petites choses peuvent paraître très anodines. Toutefois, je peux vous assurer que ça aide grandement au climat qui règne dans notre classe où chacun sent qu’il y est le bienvenu. Je suis heureuse d’aller à mes cours parce que je le sais que je vais pouvoir être avec mes 2PM et qu’il n’y a aucun malaise lorsque l’un de nous ne connaît pas la réponse. Cela crée d’ailleurs un fort sentiment d’entraide et cela devrait être ainsi dans chaque groupe. La formation professionnelle est vraiment difficile et exigeante. Si vous pouvez compter sur l’aide de vos collègues, vous partez assurément avec une longueur d’avance. Dans notre groupe, nous avons des « spécialistes » (MANQUEMENT PROFESSIONNEL !!! –15 points à l’examen) notamment en droit des affaires, en droit fiscal et en droit des obligations (ça, c’est moi, voir que j’essaye de me rattraper pour le précédent commentaire en droit de la famille). Je sais pertinemment que la personne que j’ai aidée en droit des obligations risque de m’aider en droit pénal. Au lieu de travailler individuellement à réussir nos examens, nous travaillons collectivement pour que nous puissions tous réussir.
J’ai également une petite pensée pour les deux personnes ô combien sympathiques qui travaillent au secrétariat. Elles sont formidables, toujours souriantes et elles trouvent des solutions à tous nos problèmes administratifs. Ce sont des perles.
Les –
La routine ! C’est ce que je trouve le plus souffrant et je ne suis pas la seule. L’une de mes amies dans ma classe m’a fait remarquer que c’est un peu comme revivre sans cesse la même journée. À tous les jours, nous devons préparer des annexes et faire de la correction d’annexes, et ce, pendant 4 mois. C’est difficile à expliquer à quel point c’est annihilant. Nous en perdons même la notion du temps. Ce n’est pas un phénomène isolé. Nous finissons par ne plus savoir quel jour de la semaine nous sommes.
Le fait de réaliser que, même si je fais tout ce que je peux, cela ne sera peut-être pas suffisant. Je ne suis pas pessimiste, mais tout le monde travaille très fort et, malheureusement, les taux d’échec demeurent assez élevés.
Ce n’est pas vraiment un point négatif, mais la charge de travail est énorme. Certes, il y a certaines personnes pour qui ce n’est pas le cas, mais, en regardant autour de moi, je peux vous assurer qu’il ne s’agit pas de la majorité. Ces personnes sont plutôt des exceptions.
Conseils en vrac
Apprenez à gérer votre stress. La formation professionnelle, c’est vraiment un « mind game » et il y a des personnes qui perdent un peu contact avec la réalité et deviennent vraiment méchantes. La matière n’est pas plus difficile qu’au baccalauréat. Il n’y a aucune raison de faire une contre-performance.
Pendant la formation, vous allez devoir assister à des conférences thématiques. Ne paniquez pas avec votre choix de conférences, vous allez même pouvoir le modifier lors de la première semaine de cours. Mes coups de cœur sont les suivants : Les attentes des juges face aux plaideurs, Plaider avec succès devant la Cour d’appel, Témoin et témoin expert et Juribistro : UNIK-CAIJ.
Les fameux « Cours pro-Barreau » : Honnêtement, je pense que je n’en ai fait aucun ou presque. Est-ce que je le regrette ? Ça dépend des jours ! N’ayant pas fait Sûretés réelles et publicité des droits ainsi que Droit patrimonial de la famille, je peux vous assurer que les deux dernières semaines furent chargées pour moi. Toutefois, même si je pouvais retourner dans le passé pour changer mon cheminement, je ne le ferais pas. J’ai adoré les cours que j’ai suivis au baccalauréat. C’était important pour moi de faire un stage à la magistrature, de suivre des séminaires et de faire le Tribunal-école. Je ne serais pas aussi passionnée par le droit si j’avais suivi le parcours classique du parfait étudiant se dirigeant vers l’École du Barreau. Lors de ma première session en droit, l’un de mes enseignants m’avait conseillé de choisir uniquement les cours qui m’intéressaient. C’est l’un des rares conseils que j’ai suivis. Je me permets donc de vous le suggérer également.
La Collection de droit : Personnellement, je la lis, mais je fais partie de la minorité. Sans grand sondage étoffé, je dirais qu’un étudiant sur trois ou quatre la lit. C’est personnel à chacun. J’essaye d’en lire une cinquantaine de pages par jour. À ce rythme-là, je vais réussir à la lire intégralement d’ici la fin de la session.
Bref, la formation professionnelle est exigeante, mais elle n’a pas à être souffrante pour autant. La majorité du temps, j’ai beaucoup de plaisir même si je dois travailler excessivement fort. Je ne vois pas la formation où le seul objectif est d’obtenir une moyenne finale de 60 %. Je la vois beaucoup plus comme la dernière occasion de solidifier mes connaissances en droit avant de débuter ma carrière.
ChroniChat !