J’ai vingt-deux ans et déjà la vie me dépasse
À journée longue, j’ai mon nez dans les ouvrages
Mais j’oublie de lire
La tête dans les nuages
Mais j’oublie de vivre
J’ai parcouru la terre, le ciel et les océans
Semblerait-il que ça ne soit pas suffisant
Car jour après jour, j’oublie
Et lentement, puis soudainement
Je perds mon cœur d’enfant
Autrefois, je regardais le ciel et j’y voyais l’univers
Un tourbillon d’étoiles, entrelacées dans des rayons de mauve et de vert
Je levais la tête et soudain j’étais transportée
Vers un autre monde, une création que, par moi-même, j’avais ficelée
Aujourd’hui, je regarde le ciel
Mais je ne vois rien en particulier
Pissenlit qui, par le vent se laisse emporter
Perd ses pétales, mais sans angoisse, se laisse aller
Jeune bohème qui, dans sa longue robe blanche,
Virevolte dans les prés
Ô comment j’aimerais connaître leur liberté
J’aime mon travail et j’aime travailler
Mais parfois je me demande combien je vais devoir donner
Pour enfin pouvoir pratiquer
Combien de nuits encore, à rester éveillée ?
Combien de stress vais-je avoir à gérer ?
Je ne veux pas me plaindre,
Mais je suis fatiguée
Il faut travailler pour vivre,
Mais par les temps qui passent,
J’ai l’impression de vivre pour travailler
Dis-moi, mon amour, voudrais-tu aller danser ?
De lampadaire à lampadaire, on pourrait s’accrocher
Courir dans les bois et puis chanter à gorge déployée
J’imagine que je n’ai jamais vraiment su
Comment vivre une vie équilibrée
Peut-être faut-il savoir prendre du temps pour soi
Pour avoir une contribution valable à apporter
J’ai voulu combattre les injustices
Faire une différence pour les mal-aimés
Dans les contes, j’étais à la fois la princesse et le chevalier
Mais pour tuer le dragon, il faut bien se faire embaucher
Serpent des mers qui vient me chicoter
À quel point j’aurai à changer ?
Devrais-je briser mes pieds avec des aiguilles
Et enlever le diamant que j’ai dans le nez ?
Suis-je même digne d’être considérée ?
Allez, viens, serpent,
Me donner la pomme
Pour qu’ensuite j’en sois blâmée
J’ai pris le Minotaure par les deux cornes
Et je suis encore sur mes pieds
De l’est à l’ouest
Le soleil vient se coucher
Il fait noir un instant
Puis, à nouveau il se réveille
De l’orange et du jaune, des couleurs qui m’émerveillent
Les yeux grands ouverts, j’inspire et j’expire
Advienne que pourra, je ferai ce qui m’inspire
Au fond, ce que j’ai envie de dire
C’est que la vie n’attend personne
Et que le stress doit partir