Il n’est de secret pour personne que la société dans laquelle on baigne valorise l’excellence. Vous le savez autant que moi : l’idée même de performance est au cœur de nos mentalités. Elle fait partie prenante de notre quotidien et alors même qu’on essaierait d’y faire abstraction, elle nous rattrape bien souvent malgré notre volonté interne de ne pas se laisser affecter.
Depuis notre entrée à l’école primaire, les résultats sont utilisés pour obtenir le portrait des capacités d’un individu sur divers plans : ses aptitudes de compréhension, de rédaction, de résolution de problèmes, son raisonnement mathématique et j’en passe. Les notes sont dès lors utilisées pour des fins de comparaisons entre les individus. Rapidement, notre cerveau en vient à déduire que les résultats que l’on récolte sont l’illustration pure de notre valeur, de notre potentiel, comme s’ils venaient dessiner les contours de notre intelligence. Le temps passe et jamais cette excellence ne cesse d’être encouragée, priorisée. Comme si elle ne prenait jamais de répit. On entre au secondaire et puis au cégep et c’est la même chanson qui continue à jouer en boucle. La cote R, l’indice de force du groupe, l’écart-type : tout le monde est familier avec ces termes. Nous savons pertinemment l’incidence qu’ils peuvent avoir non seulement sur la trajectoire d’un individu quant à ses perspectives futures d’emploi certes, mais aussi sur les revers que cette course effrénée aux notes peut engendrer au plan psychologique. On envie le succès de notre collègue qui décroche des notes frôlant le 100 %, on voit cette amie à qui tout semble sourire à tous les niveaux, on les regarde, ceux-là et d’autres, en se remettant en question, en doutant de soi et de ses propres capacités. Il ne suffit que d’ouvrir les médias sociaux pour constater que le succès est montré sans détour, chacun voulant exposer ses réussites les plus étincelantes aux yeux des autres, comme si tous cherchaient à atteindre le degré d’approbation sociale véhiculé sans gêne par le biais de la société pour s’assurer d’une valeur suffisante, d’un regard approbateur.
Et puis, lorsque vient l’entrée à l’université, cette pression continue à monter. Les programmes contingentés n’aident en rien à la problématique. Ils l’alimentent, la font grandir. J’ai été témoin de parcours inspirants, de cette amie par exemple qui se bat de toutes ses forces pour ce chiffre muni d’un point-virgule différent qui lui permettrait de rejoindre le programme qu’elle convoite depuis longtemps et de cet ancien collègue de travail qui fait des pieds et des mains pour amasser les notes les plus hautes possible dans son programme dans l’espoir que sa fameuse cote Z augmente suffisamment pour que sa candidature puisse enfin être retenue. Je ne vous apprends rien en vous soulignant le récit de ces trajectoires qui n’ont rien d’unique dans un monde axé sur l’importance accordée au rendement scolaire. Cette soif de réussite, ce désir ardent de performance n’est pas sans répercussions. Les erreurs sont souvent rapidement pointées du doigt, jugées péjorativement, que ce soit par les autres ou par nous-mêmes. Les échecs deviennent dès lors difficiles à accepter et renvoient l’image que l’on tente de fuir : celle de la faiblesse, de l’insuffisance.
En cette période d’entre-deux entre la mi-session déjà derrière nous et la fin de session qui approche à grands pas, je trouvais important de recentrer cette importance accordée aux résultats. L’examen papier que vous avez rempli en donnant exactement le meilleur de vous-même ce jour-là et qui ne vous satisfait pas, voire même qui vous amène à croire que vous n’avez pas ce qu’il faut, n’est pas une issue finale et ne dépeint pas vos capacités en totalité. Tentez de faire abstraction de ces pensées toxiques qui minent votre moral et qui vous tirent vers le bas. Il y aura toujours d’autres occasions de faire différemment. La vie est remplie de réussites, mais aussi d’échecs et c’est en tirant des leçons judicieuses de ces derniers qu’ils nous deviennent dès lors profitables pour l’avenir. Prenez le temps de souligner vos bons coups parce qu’il y en a assurément et de vous féliciter pour cette petite victoire personnelle que vous redoutiez tant initialement et sur laquelle vous avez eu le dessus. Croyez en vos potentialités et en ce à quoi vous aspirez. Soyez réceptifs face aux embûches que vous rencontrez et relevez-vous en vous appuyant sur vos acquis renouvelés. L’avenir est à vos portes et débute avec le désir de voir loin devant vous.