ÊTRE AVOCATE ET ENTREPRENEURE, C’EST POSSIBLE !

Marc-André Roy

 

En tant qu'étudiant en droit, fort est à parier que vous avez déjà voulu avoir un impact sur la société. À l'université, plusieurs choix s'offrent à vous. Idéalistes, peut-être avez-vous songé à sauver la planète en faisant du droit de l'environnement ou encore sauver l'humanité en faisant du droit humanitaire ? Chose certaine, on associe très rarement le droit des affaires à un droit à couleur sociale. Pourtant, j'ai eu la chance de rencontrer une avocate passionnée pour qui faire des affaires signifie aussi aider son prochain. Voici le portrait de Me Sylvie Bougie, entrepreneure, avocate et fondatrice de Vigi Services juridiques inc.

Avant d'en arriver là, Me Bougie a multiplié les 5 à 7 et a profité de toutes les chances d'agrandir son réseau, ce qui représente un des plus grands défis quand on se lance en affaires selon elle. 

Me Bougie a fait ses études à l'Université Laval et son stage chez Fasken Martineau pour ensuite travailler dans quelques autres études juridiques où elle a pu parfaire son expérience et prendre en charge ses propres dossiers en droit des affaires. Au cours de cette période, elle sentait que quelque chose manquait à sa pratique, que la routine s'installait trop rapidement et qu'il n'y avait que trop peu de reconnaissance. Alors lorsqu'une cliente, une jeune entreprise en technologie de l'information, lui a offert un poste à l'interne, elle n'a pas hésité à vivre cette nouvelle expérience. En entreprise, elle a pu travailler sur des projets de financement, mais aussi sur d'autres aspects moins juridiques, comme la rédaction du plan d'affaires et de la stratégie marketing. Sans le savoir, elle acquérait peu à peu les compétences qui font d'elle une entrepreneure de talent aujourd'hui. De plus, c'est ce séjour au sein de cette entreprise en démarrage qui l'a vraiment conscientisée à la réalité de ceux qui sont aujourd'hui ses principaux clients. Elle comprend comme peu d'autres avocates ce que peut signifier un investissement de quelques centaines de dollars pour un entrepreneur et elle est en mesure de cerner les enjeux réels auxquels ces mêmes entrepreneurs font face dans leurs négociations contractuelles.

Forte de ce bagage et armée du souci de participer à la réussite des entrepreneurs de Québec, elle se lance à son compte, d'abord comme travailleuse autonome avant de fonder VIGI services juridiques inc. en 2012. Son authenticité et sa transparence se transpose automatiquement à travers son modèle d'affaire. Chez VIGI, 80% des revenus se font à partir de tarifs forfaitaires, ce qui évite aux clients de mauvaises surprises. De l'aveu même de Me Bougie, cela peut augmenter la charge de travail, mais le lien de confiance qui se crée entre elle et le client fait en sorte que le jeu en vaut la chandelle. D'ailleurs, un des aspects qui lui a fait préférer le droit des affaires au litige est notamment la possibilité de bâtir des relations sur le long terme et si on lui demande pourquoi elle a choisi de se spécialiser dans les entreprises en démarrage, elle répondra que c'est parce que c'est le créneau où on se sent le plus utile. Ce n'est pas par hasard si le nom du cabinet fait référence à une vigie, c'est-à-dire un poste de surveillance ; la mission du cabinet étant de veiller sur ses clients.

Il semble indéniable que le dynamisme et l'authenticité que dégage Me Bougie et son équipe commence à porter ses fruits, car plusieurs beaux projets sont dans l'air chez Vigi. Le processus pour ouvrir une place d'affaires en Beauce, terre natale de la fondatrice, est bien amorcé et d'ici 5 ans, on aimerait agrandir l'équipe à environ 5 ou 6 avocats à Québec et 3 avocats en Beauce. Sans compter que Me Bougie entend sortir son premier livre "pratico-pratique" sur le droit des affaires dans les prochains mois. Tout ce succès n'est cependant pas le fruit du hasard. Avant d'en arriver là, Me Bougie a multiplié les 5 à 7 et a profité de toutes les chances d'agrandir son réseau, ce qui représente un des plus grands défis quand on se lance en affaires selon elle. Elle n'a pas non plus négligé l'importance de faire le virage technologique, intégrant de belle façon l'usage des médias sociaux et du marketing de contenu à sa stratégie de croissance. Si tous ces accomplissements peuvent sembler une charge de travail colossale, Me Bougie dit bien réussir à conserver un équilibre. Par exemple, si elle doit assister à un 5 à 7 après sa journée de travail, elle prend tout de même le temps de s'entraîner entre les deux. Pour qu'une entreprise soit en santé, ses dirigeants doivent l'être aussi selon ses dires.

Quant à l'offre de services du cabinet, on passe par toute la gamme du droit des affaires. Les incorporations, les conventions entre actionnaires et les contrats de services sont des demandes qui reviennent souvent de la part des clients, mais on ne s'y limite pas. Le cabinet peut aussi bien rédiger les conditions d'utilisation d'un site Internet que déposer une marque de commerce, puisqu'il fait affaire avec un agent de marque de commerce. Malgré tout l'éventail de services offerts, il reste que l'équipe sait reconnaître ce avec quoi elle est à l'aise ou non et certains mandats très spécialisés, par exemple en droit international, sont référés à l'externe.

En résumé, ma visite au bureau de VIGI a confirmé la première impression que j'avais du cabinet et de l'équipe. J'avais rencontré Me Bougie et sa collègue pour la première fois au printemps passé, dans le cadre d'un événement organisé par Entrepreneuriat Québec qui se      tenait au Roc Gym. La présence d'avocates à cette activité plutôt éclatée m'avait d'abord surpris, mais une simple conversation m'avait permis de découvrir avec plaisir deux personnes sympathiques, originales et innovantes. Aujourd'hui, mon impression est que VIGI incarne le dynamisme de notre temps et une pratique du droit humaine.

Pour terminer, en tant que bon étudiant en droit intéressé par le milieu des affaires, je me devais de soutirer à Me Bougie quelques conseils. Par rapport à la Course aux stages, pour elle, c'est vraiment l'implication étudiante et le fait de faire confiance à sa personnalité qui lui a permis de réussir. Alors qu'elle n'avait pas eu d'offre à sa première tentative en deuxième année, elle a fait un stage à la Cour d'appel en troisième année en plus d'être assistante de recherche pour quelques professeurs, ce qui a permis aux employeurs d'apprécier autres choses que simplement ses notes. En ce qui a trait à la réussite en affaires, elle conseille de savoir s'entourer de personnes ayant des connaissances et des compétences complémentaires, mais surtout d'écouter son for intérieur et son intuition devant la prise de décision