Quand passion et veston font bon ménage

Sophie D'Entremont

Présidente du Club Droit et affaires de l'Université Laval

 

J'aurais voulu être une artiste

Quand j'étais plus jeune, il pourra vous sembler surprenant que je rêvais d'art et de design. Alors que mes camarades se voyaient astronautes ou policiers, moi je voulais vivre de ma créativité. Et pourtant, un intérêt qui semble à première vue, tout à l'opposé, se dessinait tranquillement. En effet, dès mon plus jeune âge, j’aimais observer ces gens qui, mallette à la main et veston ajusté, s’empressait d’un pas décidé de grimper dans un de ces gratte-ciels vertigineux. J’aimais me demander ce qui se tramait derrière ces regards pensifs, nerveux pour certains, et ce qui les attendait au bout de cette marche hâtive, sur les trottoirs du quartier financier. En fait, je me demandais : « Ces gens qui font des affaires, ils font quoi ? » Cette question empreinte de naïveté et d’une simplicité enfantine, dont plusieurs s’empresseraient d’y donner une réponse des plus rudimentaires, pourrait toutefois en surprendre plus d’un de par sa vastitude et sa complexité. C’est notamment au cours de mes trois mandats au sein de l’exécutif du Club Droit et Affaires de l’Université Laval (CDAUL) que j’ai pu en comprendre réellement les rouages, bien que je n’aie pas la prétention d’affirmer que j’en connais toutes les facettes. Tout au contraire, je sais pertinemment qu’il m’en reste énormément à apprendre sur le domaine, probablement plus que je ne saurais l’imaginer.

 

Le CDAUL offre, depuis son commencement en 2011, un contact des plus privilégiés avec le monde des affaires que certains pourront parfois tenir pour acquis au sein de la Faculté de droit. Ces professionnels et entrepreneurs chevronnés accordent pourtant à nos membres une des choses qui leur est si précieuse : du temps. En effet, dans ce quotidien effréné, ils s’arrêtent pour partager de leurs expériences et de leurs connaissances, témoins d’un monde captivant, entraînant.

L’ingéniosité qui émerge du domaine des affaires m’a toujours fascinée. En effet, ce dernier en est un qui développe d’une façon particulière les aptitudes sociales, académiques et artistiques de chacun. En observant ses acteurs, on en vient à assister à un véritable spectacle où les capacités intellectuelles de certains et la créativité des autres s’allient pour former le monde qui nous entoure.

Certes, ce n’est pas tout le monde qui portera le chapeau d’entrepreneur ou de gestionnaire dans sa vie, mais tous et chacun seront confrontés à ce milieu, à plus petite ou à plus grande échelle, pour ou contre son gré. Pour ceux et celles qui développent ce dédain maladif contre cet univers avide d’argent et de pouvoir, je leur répondrai simplement que leur idée préconçue gagnerait à rencontrer ces gens extraordinaires que j’ai mentionnés plus tôt.

Pour ma part, j’y vois plutôt un milieu où chacun est libre de ses idées et où la persévérance et la passion donnent naissance à des projets qui innovent et nous surprennent. Dès lors, il serait injuste de réduire la motivation de tous ces entrepreneurs, gestionnaires et professionnels à l’atteinte d’une aisance financière. L’argent étant, à mon avis, qu’un motif parmi tant d’autre. Or, ne m’y méprenez pas ; je n’exclus pas les motivations purement monétaires en toute naïveté, étant tout à fait consciente de la réalité de la chose. Je ne fais que soulever le point qu’il serait injustifié de vulgariser de la sorte le monde des affaires.

Ainsi, je souhaite que le CDAUL sache, à travers sa programmation, ses partenariats et ses publications dans le journal étudiant Le Verdict, vous faire découvrir ce qui se passe réellement dans les hauteurs de ces tours à bureaux. De mon côté, je tâcherai, de pair avec ma merveilleuse équipe, de voir à l’organisation d’activités qui sauront accroître l’esprit entrepreneurial, le goût du défi et du dépassement de soi, l’initiative ainsi que l’ouverture d’esprit de nos membres. J’ose croire que certains se laisseront charmer et peut-être même se réconcilier avec ce monde qui me passionne et me motive.


ÊTRE AVOCATE ET ENTREPRENEURE, C’EST POSSIBLE !

Marc-André Roy

 

En tant qu'étudiant en droit, fort est à parier que vous avez déjà voulu avoir un impact sur la société. À l'université, plusieurs choix s'offrent à vous. Idéalistes, peut-être avez-vous songé à sauver la planète en faisant du droit de l'environnement ou encore sauver l'humanité en faisant du droit humanitaire ? Chose certaine, on associe très rarement le droit des affaires à un droit à couleur sociale. Pourtant, j'ai eu la chance de rencontrer une avocate passionnée pour qui faire des affaires signifie aussi aider son prochain. Voici le portrait de Me Sylvie Bougie, entrepreneure, avocate et fondatrice de Vigi Services juridiques inc.

Avant d'en arriver là, Me Bougie a multiplié les 5 à 7 et a profité de toutes les chances d'agrandir son réseau, ce qui représente un des plus grands défis quand on se lance en affaires selon elle. 

Me Bougie a fait ses études à l'Université Laval et son stage chez Fasken Martineau pour ensuite travailler dans quelques autres études juridiques où elle a pu parfaire son expérience et prendre en charge ses propres dossiers en droit des affaires. Au cours de cette période, elle sentait que quelque chose manquait à sa pratique, que la routine s'installait trop rapidement et qu'il n'y avait que trop peu de reconnaissance. Alors lorsqu'une cliente, une jeune entreprise en technologie de l'information, lui a offert un poste à l'interne, elle n'a pas hésité à vivre cette nouvelle expérience. En entreprise, elle a pu travailler sur des projets de financement, mais aussi sur d'autres aspects moins juridiques, comme la rédaction du plan d'affaires et de la stratégie marketing. Sans le savoir, elle acquérait peu à peu les compétences qui font d'elle une entrepreneure de talent aujourd'hui. De plus, c'est ce séjour au sein de cette entreprise en démarrage qui l'a vraiment conscientisée à la réalité de ceux qui sont aujourd'hui ses principaux clients. Elle comprend comme peu d'autres avocates ce que peut signifier un investissement de quelques centaines de dollars pour un entrepreneur et elle est en mesure de cerner les enjeux réels auxquels ces mêmes entrepreneurs font face dans leurs négociations contractuelles.

Forte de ce bagage et armée du souci de participer à la réussite des entrepreneurs de Québec, elle se lance à son compte, d'abord comme travailleuse autonome avant de fonder VIGI services juridiques inc. en 2012. Son authenticité et sa transparence se transpose automatiquement à travers son modèle d'affaire. Chez VIGI, 80% des revenus se font à partir de tarifs forfaitaires, ce qui évite aux clients de mauvaises surprises. De l'aveu même de Me Bougie, cela peut augmenter la charge de travail, mais le lien de confiance qui se crée entre elle et le client fait en sorte que le jeu en vaut la chandelle. D'ailleurs, un des aspects qui lui a fait préférer le droit des affaires au litige est notamment la possibilité de bâtir des relations sur le long terme et si on lui demande pourquoi elle a choisi de se spécialiser dans les entreprises en démarrage, elle répondra que c'est parce que c'est le créneau où on se sent le plus utile. Ce n'est pas par hasard si le nom du cabinet fait référence à une vigie, c'est-à-dire un poste de surveillance ; la mission du cabinet étant de veiller sur ses clients.

Il semble indéniable que le dynamisme et l'authenticité que dégage Me Bougie et son équipe commence à porter ses fruits, car plusieurs beaux projets sont dans l'air chez Vigi. Le processus pour ouvrir une place d'affaires en Beauce, terre natale de la fondatrice, est bien amorcé et d'ici 5 ans, on aimerait agrandir l'équipe à environ 5 ou 6 avocats à Québec et 3 avocats en Beauce. Sans compter que Me Bougie entend sortir son premier livre "pratico-pratique" sur le droit des affaires dans les prochains mois. Tout ce succès n'est cependant pas le fruit du hasard. Avant d'en arriver là, Me Bougie a multiplié les 5 à 7 et a profité de toutes les chances d'agrandir son réseau, ce qui représente un des plus grands défis quand on se lance en affaires selon elle. Elle n'a pas non plus négligé l'importance de faire le virage technologique, intégrant de belle façon l'usage des médias sociaux et du marketing de contenu à sa stratégie de croissance. Si tous ces accomplissements peuvent sembler une charge de travail colossale, Me Bougie dit bien réussir à conserver un équilibre. Par exemple, si elle doit assister à un 5 à 7 après sa journée de travail, elle prend tout de même le temps de s'entraîner entre les deux. Pour qu'une entreprise soit en santé, ses dirigeants doivent l'être aussi selon ses dires.

Quant à l'offre de services du cabinet, on passe par toute la gamme du droit des affaires. Les incorporations, les conventions entre actionnaires et les contrats de services sont des demandes qui reviennent souvent de la part des clients, mais on ne s'y limite pas. Le cabinet peut aussi bien rédiger les conditions d'utilisation d'un site Internet que déposer une marque de commerce, puisqu'il fait affaire avec un agent de marque de commerce. Malgré tout l'éventail de services offerts, il reste que l'équipe sait reconnaître ce avec quoi elle est à l'aise ou non et certains mandats très spécialisés, par exemple en droit international, sont référés à l'externe.

En résumé, ma visite au bureau de VIGI a confirmé la première impression que j'avais du cabinet et de l'équipe. J'avais rencontré Me Bougie et sa collègue pour la première fois au printemps passé, dans le cadre d'un événement organisé par Entrepreneuriat Québec qui se      tenait au Roc Gym. La présence d'avocates à cette activité plutôt éclatée m'avait d'abord surpris, mais une simple conversation m'avait permis de découvrir avec plaisir deux personnes sympathiques, originales et innovantes. Aujourd'hui, mon impression est que VIGI incarne le dynamisme de notre temps et une pratique du droit humaine.

Pour terminer, en tant que bon étudiant en droit intéressé par le milieu des affaires, je me devais de soutirer à Me Bougie quelques conseils. Par rapport à la Course aux stages, pour elle, c'est vraiment l'implication étudiante et le fait de faire confiance à sa personnalité qui lui a permis de réussir. Alors qu'elle n'avait pas eu d'offre à sa première tentative en deuxième année, elle a fait un stage à la Cour d'appel en troisième année en plus d'être assistante de recherche pour quelques professeurs, ce qui a permis aux employeurs d'apprécier autres choses que simplement ses notes. En ce qui a trait à la réussite en affaires, elle conseille de savoir s'entourer de personnes ayant des connaissances et des compétences complémentaires, mais surtout d'écouter son for intérieur et son intuition devant la prise de décision