En ce mois de mars, il pleut, il neige ou il verglace. On dirait que la météo ne sait plus où elle en est… un peu comme moi finalement. Je viens tout juste de m’inscrire à l’École du Barreau. Mon désir de devenir avocate est une certitude, mais j’ignore totalement vers quel(s) domaine(s) je vais orienter ma pratique future et c’est la faute aux enseignants de la faculté de droit de l’Université Laval!
Je m’étais inscrite à la faculté avec l’intention d’exercer éventuellement en droit du travail et ce domaine m’intéresse toujours grâce à Mme Cloutier. Par contre, j’ai également envie de responsabilité civile, de droit de la famille, de litiges successoraux, de droit de la construction, de droit des assurances et peut-être même de droit des affaires, mais je refuse à me l’avouer pour l’instant. Par leur dévouement et leur passion pour le droit, les professeurs de la faculté ont causé une confusion dans ma tête. J’aspirais à une trajectoire rectiligne. D’ailleurs, je voulais voir mes cours en droit des obligations comme un passage obligé et non comme une possibilité à envisager. M. Gardner et M. Levesque, j’espère que vous culpabilisez. Vous savez pourtant que j’ai lutté autant que possible pour ne pas apprécier vos cours. Le résultat? J’ai ajouté 4 cours supplémentaires en droit des obligations à mon cheminement. Toutefois, une part de responsabilité revient également à Mme Hudon. Je m’étais inscrite à son cours en droit des assurances uniquement parce que c’était elle qui l’enseignait et que c’était un cours « recommandé ». Il s’agissait d’un autre cours que je ne voulais pas aimer; quelques mois plus tard, j’ai choisi de suivre son séminaire sur le droit des assurances de personnes. Si on s’éloigne du droit des obligations pour revenir aux trois premiers livres du Code civil du Québec, on découvre une enseignante passionnée et compétente du nom de Mme Morin qui n’enseigne pas seulement des notions juridiques mais plutôt nous rappelle également qu’au-delà du droit, il y a des gens. Finalement, il était si improbable que je me découvre un intérêt pour le droit des affaires que j’avais décidé de reporter mes cours obligatoires dans ce domaine jusqu’à la fin de mon parcours académique. À la suite de nombreuses discussions, Mme Duclos et M. Tchotourian ont réussi à faire abaisser mes barrières envers ce domaine qui ne m’inspirait initialement que du dégoût (mille excuses!).
À ma première session, Mme Arbour avait demandé à ses étudiants ce que le droit représentait pour nous individuellement. Dans l’esprit très cartésien qu’était le mien, je me souviens que cela ne représentait que des normes juridiques nous permettant de résoudre des conflits. Ma vision a évolué. Désormais, pour moi, cela représente le partage et la tradition. Notre partageons et léguons au suivant notre passion commune qu’est le droit. C’est ce que je vais retenir le plus de mon passage au pavillon Charles-De Koninck : Tous ces enseignants dévoués à leur domaine mais surtout à leurs étudiants. À la faculté, j’ai appris beaucoup plus que des notions juridiques. J’ai appris sur moi-même et les juristes qui m’ont formée ont veillé à ce que je développe ma réflexion critique. Je vous en suis extrêmement reconnaissante. Je me souviens de mon enseignant en droits et libertés, M. Dowd, qui n’avait aucunement la même opinion que moi sur les chartes. Au lieu d’essayer de me faire changer de camp, il a nourri ma réflexion sur ma position pour me permettre d’aller plus loin même si elle était contraire à la sienne. Je me souviens également de toutes ces fois où ces enseignants m’ont demandé de prendre position ou même de critiquer le droit. Me questionner sur ce que, fondamentalement, Josée Therrien, juriste en devenir, en pense. Cela a souvent engendré des débats qui m’ont permis de voir les faiblesses de mes positions même si elles en ont toutes et de découvrir que j’avais la conviction de les défendre malgré tout. Cela met en lumière le véritable rôle d’un professeur universitaire. Ce n’est pas seulement de nous enseigner des concepts mais également de susciter une réflexion et une curiosité intellectuelle qui sont les nôtres. Un professeur ne sert pas à asservir ses étudiants. Il est là pour alimenter la discussion qui devient de plus en plus riche au fil des sessions. À notre faculté, aucun enseignant ne m’a jamais demandé de me taire. C’est bien le contraire. Alors, collègues étudiants, ne vous gênez pas pour prendre la parole. Votre voix est la vôtre et vous avez le droit qu’elle résonne et qu’elle se fasse entendre.
Outre la gratitude que je désire témoigner à mes enseignants, ce texte a également pour objectif de vous dire que vous avez le droit d’être perdu. Gardez votre esprit ouvert et soyez curieux, car cela ne pourra que vous servir. Il est également normal que votre réflexion sur le droit évolue et je vous le souhaite. On ne peut pas sortir totalement indemne d’un baccalauréat en droit. Vos idées préconçues risquent de vous abandonner durant votre parcours et c’est une bonne chose.
Tel que précédemment mentionné, je me suis inscrite à l’École du Barreau. Même si j’ignore totalement vers quel(s) domaine(s) je vais orienter ma pratique future, je suis passionnée par le droit plus que jamais et c’est grâce aux enseignants de la faculté de droit de l’Université Laval!