RÉALITÉ JURIDIQUE AU BRÉSIL

Comité Question de genre

Le comité Question de genre a rencontré une avocate brésilienne afin de discuter de la réalité
juridique des femmes dans son pays. Me
Amanda Neuenfeld Pegoraro est récemment diplômée en droit ; elle poursuit d’ailleurs ses études.

De nombreuses problématiques ont été présentées lors de cette rencontre. En effet, on y apprend que les droits entre les hommes et les femmes sont différents dans le milieu juridique. Pour un même travail, il y a rarement un salaire équitablement défini. L'avocate nous explique que les cabinets brésiliens privés s’inquiètent peu de fournir un traitement impartial à leurs employés selon leur sexe. Ce n’est que dans les multinationales qu’une femme n’a pas à s’inquiéter de la valeur de son salaire. On apprend aussi que les hommes ont un accès beaucoup plus évident au réseautage que les femmes grâce au soccer. En effet, la réalité du pays fait en sorte qu’ils participent plus facilement à ce genre d’activités sociales, leur fournissant ainsi une opportunité de rencontre. De plus, il n’est pas rare qu’une jeune avocate soit moins reconnue dans son travail à cause des idées préconçues circulant dans la société brésilienne que Me Amanda Neuenfeld Pegoraro nous décrit comme une « culture machiste de l’homme guerrier ». Pour un même travail, une avocate ne recevra pas la même crédibilité. Ainsi, pour un homme, trouver un travail dans le domaine juridique, même sans spécialisation, est beaucoup plus évident que pour une femme.

Par rapport à la situation juridique québécoise, on peut y observer de nombreux ponts de comparaison. Les enjeux sont souvent les mêmes pour les jeunes juristes. On pense immédiatement à l’iniquité salariale, mais il y a aussi, par exemple, l’aspect du congé de maternité. Autant au Québec qu’au Brésil, les employeurs rechignent lorsqu’une avocate souhaite prendre congé pour ses enfants, la situation se produit d’ailleurs en amont lorsqu’on hésite à engager une femme, car on croit qu’elle coûtera plus cher qu’un homme pour le cabinet.

Les jeunes femmes nouvellement diplômées dans le domaine juridique ont aussi beaucoup de difficulté à percer. Il faut aussi savoir que, comme au Québec, c’est lors de l’entrée sur le marché du travail que les femmes vivent des difficultés discriminatoires en raison de leur sexe et non pendant leur scolarité. Toutefois, comme nous l’explique Me Amanda Neuenfeld Pegoraro, le Brésil n’a pas développé les mêmes solutions à ces problématiques.

Depuis quelques temps, un regroupement d’avocates détenant plus d’expérience et déjà bien installées dans des bureaux ont lancé un programme de mentorat afin de soutenir les avocates débutant dans le domaine. Il s’agit de Women in Law Mentoring Brazil. Ce ralliement permet notamment l’entraide et le réseautage. Il est possible de demander conseil à une avocate d’expérience sur une situation vécue au travail. Cela aide les jeunes femmes en début de carrière en leur offrant des outils accessibles.

Lors des rencontres de mentorat, on peut exposer aux débutantes les petites actions qu’elles peuvent faire afin de confronter plus facilement la discrimination. La juriste nous donne l’exemple de ne pas montrer son insécurité au travers de sa posture et de comment laisser transparaître nos efforts dans le but de prendre sa place.

« Les mentors tentent de développer l’idée de force et de résilience chez les jeunes juristes. »

Me Amanda Neuenfeld Pegoraro que nous avons rencontrée spécifie d’ailleurs qu’un tel programme de mentorat auprès des jeunes avocates existe aussi au Mexique. Au Québec, nous avons beaucoup d’activités de réseautage et de séances d’information orchestrées par les facultés et de nombreux comités. Toutefois, aucun support ne se poursuit lorsque les jeunes femmes quittent le milieu scolaire pour entrer dans le domaine juridique. Peut-être qu’une combinaison de ces services serait la clef pour un avancement dans les avantages sociaux des jeunes juristes?

 

Élodie Drolet, Élisabeth Maheux, Charlotte Reid, Odélie Beaurivage Godbout et Camille Dupont