J’ai eu la chance d’assister à la conférence de droit du sport de Me Richard W. Pound, à la fin du mois d’octobre. Et quand je dis que j’ai eu la chance de faire cette rencontre, c’est que je me suis déplacée jusqu’à Sherbrooke pour y assister, tout sourire.
Me Richard W. Pound est membre de la Fondation canadienne de fiscalité, de l’Association de planification fiscale et financière et de l’Association du Barreau canadien. Il est membre du Barreau du Québec et du Barreau de l’Ontario et a le titre de comptable professionnel agréé dans les deux provinces. Aujourd’hui, il est avocat au cabinet Stikeman Elliott. Déjà, c’est impressionnant, me direz-vous. Attendez de lire la suite.
Me Richard W. Pound, aussi surnommé Dick Pound, est reconnu mondialement, au niveau du sport international. Time Magazine l’a nommé comme l’une des 100 personnes les plus influentes au monde.
D’abord, il est un ancien nageur olympique des Jeux olympiques de 1960. Il a terminé à la 6e place du 100 mètres nage libre et il a été un membre de l’équipe de relais au 4x100m. En 1962, aux Jeux du Commonwealth, il a récolté quatre médailles. Me Pound a été intronisé au Panthéon des sports canadiens pour sa contribution dans le monde du sport, tant comme athlète qu’à titre d’administrateur. Oui, rapidement après sa carrière sportive, alors qu’il n’a que 26 ans, il devient membre de comité olympique canadien, en étant secrétaire du comité durant 8 ans. « Il faut être au bon endroit, au bon moment », nous dit-il tout bonnement en conférence. Il devient ensuite président de ce même comité, de 1977-1982. On peut donc dire que Me Pound est un membre exécutif du Comité olympique canadien depuis 1968 ! Le Comité olympique canadien, certes, oui, ultra-impressionnant, mais Me Pound impressionne encore plus lorsqu’il nous partage son expérience dans le Comité international olympique. Il y occupe d’ailleurs le poste de vice-président à deux reprises, soit de 1987 à 1991 et de 1996 à 2000.
Il a de plus été président du conseil de coordination du CIO pour les Jeux olympiques de 1996 à Atlanta et il a supervisé, entre autres, toutes les négociations en vue de la diffusion télévisée des Jeux, le marketing et les commandites. Il a été membre du conseil du Comité d’organisation des Jeux olympiques et paralympiques d’hiver de 2010 à Vancouver.
Il a été président fondateur de l’Agence mondiale antidopage (WADA) de 1999 à 2007 et demeure membre de son Conseil de fondation. Il a été président du comité de révision de la régie du Canadian Medical Association Journal (CMAJ).
Depuis 2007, il est membre du Conseil international de l’arbitrage en matière de sport.
Il est également président du conseil d’administration de l’organisation de diffusion Olympic Broadcasting Services.
Bref, si vous n’êtes toujours pas impressionné par le portrait de cet homme, j’ose dire que vous êtes une cause perdue !
Mais, pour ceux qui ont de petites étoiles dans les yeux, qui comme moi ne cessent d’associer le nom de Me Pound avec le mot du dictionnaire « impressionnant », voici quelques secrets de cet homme d’exception, dévoilés ici et là durant la conférence.
1. Apprendre le droit civil ET la common law, c’est la clé.
Parce que deux façons de penser valent mieux qu’une.
2. Il faut s’investir dans notre propre communauté et comprendre son évolution.
Ce n’est que chose faite, qu’il est possible de comprendre le fonctionnement de la communauté internationale, explique-t-il.
3. Il est impossible de s’ennuyer si l’on s’investit dans une multitude de domaines différents
Me Pound fait rire son auditoire : « Si j’avais eu à faire le même travail routinier pendant tout ce temps à Montréal et que je n’avais pas eu mille projets intéressants et diversifiés durant ma carrière… (mime de quelqu’un qui s’arrache les tripes) ». Il nous rappelle qu’aimer son travail est tellement important et qu’il est surtout crucial de toujours se surpasser dans ses accomplissements.
4. Il faut se proposer pour bâtir les brouillons, les idées de départ.
Si tu commences un projet, que l’idée de départ est bonne et que le reste du monde te suit dans cette idée, alors on devra forcément te consulter pour apporter des changements. Créer son propre travail est alors possible, enseigne Me Pound.
5. Pour réussir ses projets, il faut se forcer à construire notre argumentation de façon à ce qu’elle soit compréhensible de tous.
Tant en droit, qu’en politique, il faut savoir résumer de manière concise et simple, avec un vocabulaire juste, sur des plateformes appropriées. Me Pound nous fait rire une fois de plus : « By the way, Tweeting is not writing ». Il nous répète aussi le dicton suivant : « Vous n’avez jamais deux chances de faire une bonne première impression ». Il faut être capable de prendre l’attention tout de suite et ne pas la laisser partir, nous enseigne-t-il.
6. Il ne faut pas avoir peur d’affronter les nouvelles réalités.
Me Pound nous raconte comment cette nouvelle chose, « la télévision » était un risque à l’époque. Le Comité international olympique, comprenait qu’il fallait inévitablement apprendre à gérer ce défi qu’est de négocier et acquérir les droits en télévision pour le sport. Il lui fallait surtout négocier des contrats dont la valeur était plus ou moins connue à l’époque. Il nous raconte que pour les Jeux de Montréal en 1976, au niveau mondial, c’était 35 millions de dollars pour les droits de télévision, dont 25 millions provenaient des États-Unis. Aujourd’hui, Me Pound énonce qu’on parle de plus de 2 billions de dollars pour les Jeux d’été ou d’hiver. Les premières négociations de Me Pound se sont déroulées en 1983 en raison des Jeux de Calgary en 1988. En plus d’établir la valeur des contrats, il raconte le problème auquel il a dû faire face concernant les networks (réseaux comme CBC) et le comité d’organisation. Le comité d’organisation croyait que les droits en télévision étaient les leurs en entièreté. Les négociations ont mené à une solution nouvelle correspondant à cette nouvelle réalité et qu’au final, tout le monde en a bénéficié.
7. Si vous créez un nouvel univers légal tel que l’Agence mondiale antidopage, il faut vous attendre à un exercice complexe et à des divergences d’opinions quant à de nombreuses questions. L’exercice en vaut toutefois le coup.
Les approches et les intérêts des gouvernements sont tous différents. Les athlètes et les fédérations n’évoluent pas tous de la même façon. La réglementation n’est pas la même partout. Mais lorsqu’un système global est en place et qu’il est aimé de la majorité, c’est un pas dans la bonne direction. Il devient alors difficile de faire marche arrière. Ceux qui n’étaient pas nécessairement totalement intéressés envers ce système auront probablement intérêt à s’y greffer plus tard.
Me Pound, merci d’être un modèle pour des étudiants, qui, comme moi, inspire à vivre une carrière en droit du sport. En passant, j’insiste, vous devriez vraiment ajouter le mot IMPRESSIONNANT devant le Me Pound, de sorte que vous seriez présenté ainsi : Impressionnant Me Pound.