Les années 70 ont vu l’émergence d’une nouvelle génération plus ouverte. L’avènement des communes et des clubs échangistes a changé la perception de la population quant à la sexualité. Les couples ouverts et les partenaires multiples devenaient plus courants. Toutefois, le changement arrive rarement seul et sans heurts. Cette décennie a connu l’émergence d’une contrepartie importante et non négligente concurremment à l’avènement de ces changements sociaux : les infections transmises sexuellement (autrefois appelées les maladies vénériennes). C’était la génération sexuellement active.
Le tournant du millénaire a apporté des changements aussi drastiques que les années 70. Ce virage technologique a ouvert la voie à une myriade de possibilités. L’avènement de l’Internet, les maisons connectées, les voitures autonomes et les réseaux sociaux ont façonné la nouvelle génération et la vie en société. La vie « connectée » apporte son lot d’avantages : jamais encore les cultures ne s’étaient mélangées, et ce, depuis la création de voies de commerce méditerranéenne de l’époque romaine mixant les cultures orientales et occidentales. La téléphonie cellulaire et les fameux textos ont ouvert la voie à la communication « at large ».
Le développement du réseau « World Wide Web » a déclenché une avancée technoculturelle sans précédent dans l’Histoire. Les ingénieurs, créateurs et penseurs de tous les pays ont échangé leurs idées et ont fait des avancées technologiques épatantes. La multiplication des sites internet en tous genres a permis également à certaines personnes de connecter avec d’autres ayant les mêmes intérêts, parfois plus nichés. Cela a permis à des personnes provenant d’horizons différents de s’ouvrir sur des cultures et des idées qui ne leur étaient pas accessibles dans leur pays d’origine. La mondialisation est un phénomène encore jeune et il nous reste encore à comprendre les conséquences véritables de cette ouverture.
Le développement de l’internet a également apporté les fameux réseaux sociaux comme Facebook, Twitter, Instagram ou encore les sites de rencontre comme « doyoulookgood.com » ou encore « Tinder ». La nouvelle génération est de plus en plus connectée et des personnes qui ne se seraient probablement jamais rencontrées l’ont fait. De plus, des personnes ayant des intérêts plus recherchés peuvent maintenant échanger plus aisément et plus régulièrement avec la venue de différentes plateformes d’échange.
C’est le 4 février 2004 qu’est créé Facebook. Depuis ses premiers balbutiements jusqu’à aujourd’hui, la plateforme connaît un succès retentissant et une croissance exponentielle du nombre d’abonnés. La plateforme compte aujourd’hui plus de 2,23 milliards d’usagers actifs par mois au deuxième trimestre de 2018 et environ 1,4 milliard chaque jour [1]. Le réseau social s’est transformé depuis sa création en ajoutant constamment du nouveau contenu et des nouvelles façons d’échanger : « Messenger », « Ma Story », etc. Les gens sont de plus en plus rivés sur leurs écrans à modifier leur statut ou encore à vérifier le nouveau contenu de leurs « amis Facebook ». Les plateformes d’échange permettent de plus en plus à une population grandissante d’émettre ses idées sur des sujets en tous genres, mais également de commenter le « statut » des personnes ou encore d’écrire sur leur « mur ». Les gens écrivent dans l’anonymat du web, du moins, ils le pensent.
Déjà en 2009, une cause démontrait que l’utilisation de réseaux sociaux comme Facebook pouvait diminuer, par le fait de la victime elle-même, l’expectative de vie privée en publiant des photos sur son profil [2], et ce, même en modifiant les paramètres de vie privée de la plateforme. Dans une autre affaire plus récente, on peut voir à quel point ce qu’on dit sur un réseau social peut tout de même tomber dans le cadre public [3]. Dans cette dernière affaire de diffamation, l’auteur alléguait avoir envoyé le message à l’origine du litige à une journaliste en particulier alors qu’il l’a envoyé publiquement sur le « mur » de la personne en question, calomniant le demandeur. Le défendeur est a alors été condamné à payer des dommages-intérêts pour une erreur de jugement et de frappe.
L’anonymat des réseaux sociaux apporte également un autre problème : la perte d’inhibition qu’une personne aurait en étant en présence d’une autre personne plutôt que derrière l’anonymat d’un écran. En effet, d’autres causes ont traité de diffamation, de cyberintimidation ou encore d’usage de langage vulgaire en croyant être anonyme. Ces personnes ont tôt fait de comprendre que ces réseaux n’offrent pas la protection voulue contre les éventuelles poursuites et les condamnations qui ont suivi [4]. Dans un autre cas, les réseaux sociaux font office de tribune publique où tous s’attribuent la qualité de juges et de bourreaux [5], apportant parfois son lot de débordements.
Il est important de se poser la question si en 2018, à l’ère des technologies et des changements rapides, l’encadrement de toutes ces nouvelles technologies et de ces nouvelles plateformes d’échanges est adéquat. Est-ce qu’il ne devrait pas y avoir de l’enseignement dans les écoles quant à l’utilisation de ces nouvelles technologies, les responsabilités qu’elles engendrent pour son utilisateur et de surcroît, les conséquences que celles-ci peuvent entrainer suite à une utilisation négligente ?
En terminant, je me permets d’apporter un commentaire. L’avènement des technologies a grandement bonifié plusieurs aspects de nos vies en rapprochant des communautés et en facilitant les échanges d’idées et de biens. Toutefois, en ce début d’année, je vous enjoins à ne pas oublier que les cellulaires et les tablettes ainsi que les ordinateurs portables que nous traînons constamment avec nous ne sont que des machines destinées à nous faciliter la vie. N’oubliez pas qu’elles ne pourront jamais remplacer certaines choses : un « poke » ne devrait pas remplacer une bonne poignée de main, un « post » ne devrait pas remplacer une bonne accolade et un baiser de bonne fête. Finalement, votre humble rédacteur est peut-être naïf ou même « vieux jeu », mais il existe et existera toujours un certain bouton « off » qu’il est bon et même encouragé d’utiliser de temps à autre. Bonne rentrée !!
[1] LA RÉDACTION JDN [en ligne], Nombre d’utilisateurs Facebook dans le monde, JDN Réseau, 2018 [consulté le 12 septembre 2018], https://www.journaldunet.com/ebusiness/le-net/1125265-nombre-d-utilisateurs-de-facebook-dans-le-monde/.
[2] A c. Corporation Sun Media, 2009 QCCQ 3263.
[3] Lapierre c. Sormany, 2012 QCCS 4190.
[4] Lapointe c. Gagnon, 2013 QCCQ 923 ; ArcelorMittal (Exploitation minière Canada S.E.N.C.) et Syndicat des métallos, section locale 5778 (Frédéric Landry), 2014 QCTA 351.
[5] A c. Séminaire des Pères Maristes inc., 2018 QCCS 3866 (bien que cette affaire ne traite que d’une ordonnance de sauvegarde, les faits révèlent que les réseaux sociaux tels Facebook et Twitter ont joué un rôle important dans l’aggravation de la situation en faisait office de tribunal populaire).